Fiche du document numéro 35641

Num
35641
Date
Mercredi 29 juin 1994
Amj
Taille
4190544
Titre
Fiche n° 18915/N - Rwanda. Éléments d'information sur le réseau zéro
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Cote
18915/N ; DGSE 4 BIS (391-390)
Source
Fonds d'archives
Type
Note
Langue
FR
Citation
Le 29 juin 1994
N°18915/N

Rwanda

éléments d'information sur le réseau zéro

Constitué de radicaux hutu, originaires du nord, civils et militaires,
proches de la famille présidentielle et opposés à toute évolution démocratique
au Rwanda le "réseau Zéro" (1) pourrait avoir joué un rôle majeur dans la
détérioration du climat politique qui a retardé l'application des accords
d'Arusha et précédé l'attentat du 6 avril 1994.

Les opérations généralement menées par le réseau "Zéro" et ses
“escadrons de la mort" ont visé à déstabiliser les principaux partis
d'opposition, à provoquer des désordres, voire même des affrontements
sanglants, dans le but principal de saboter le processus de démocratisation et
l'application des accords d'Arusha.

Outre la perturbation organisée de nombreux meetings politiques de
l'opposition, le réseau "zéro" est fortement suspecté d'avoir encouragé, à
plusieurs reprises, le développement des haines interethniques, dans le seul
but de suspendre toute évolution politique, susceptible de retirer une partie
du pouvoir des mains des Hutu du nord. Ainsi, la Fédération Internationale des
Droits de l'Homme (FIDH) n'a pas hésité à dénoncer, dans un rapport du mois de
février 1993, l'implication directe de l'entourage du chef de l'Etat dans les
massacres du mois de janvier 1993, à l'est du pays. Ces massacres, perpétrés
par les milices armées hutu du Mouvement Républicain National pour la
Démocratie (MRND) et de la Coalition pour la Défense de la République (CDR),
avec la complicité de certaines autorités locales, ont eu une grande part dans
la reprise des combats par le Front Patriotique Rwandais (FPR), au mois de
février 1993.

Selon divers témoignages recoupés, la liste ‘(non exhaustive) de ses
membres, arrêtée au début de l'année 1993, serait la suivante :

- M. Joseph Nzirorera, ancien ministre, ancien député de Ruhengeri ;

- M. Protée Zigiranyirazo, alias monsieur "Z", ancien préfet de Ruhengeri,
beau-frère du président. Expulsé du Canada, au mois de mars 1993, après avoir
proféré des menaces de mort à l'encontre d'expatriés tutsi, M. Zigiranyirazo a
également été mis en cause par le quotidien "la libre Belgique" pour avoir été
l'instigateur d'un réseau de contrebande de gorilles. À ce titre, M. Nick
Gordon, journaliste britannique, auteur de l'ouvrage "meurtres dans la brume",
n'avait pas hésité à soutenir et à démontrer que monsieur "Z" était à
l'origine du meurtre mystérieux de Diane Fossey, reporter de la fondation
National Geographic Society, dans les volcans du nord-ouest ;

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(1) Le réseau "Zéro" est également connu sous l'appellation de "premier
cercle" ou Akazu", ce qui signifie littéralement "petite maison" en
kinyarwanda.
2

- M. Séraphin Rwabukumba, directeur de la société, "la Centrale",
beau-frère du président ;
- colonel Laurent Serubuga, ancien chef d'état-major adjoint des forces
gouvernementales ;
- Colonel Elie Sagatwa chef de l'état-major particulier du président

CONFIDENTIEL DÉFENSE

ne : beau-frère du président, décédé le 6 avril 1994, lors de
l'accident du Falcon présidentiel :

- Mme Chantal Rushingabigwi ;

- M. Alphonse Ntirivamunda, directeur des Ponts et Chaus8é85 ;

- Capitaine Pascal Simbikangwa, fonctionnaire de la Présidence, beau-frère
du colonel Sagatwa, suspecté d'avoir torturé de nombreuses personnes

- Colonel Bagosora, directeur de cabinet au ministère de la Défense ;

- M. Boniface Rucagu, député de Ruhengeri ;

- Major Léonard Nkundiye, commandant de la Garde Présidentielle ;

- Colonel Anatole Nsengiyumva, chef des Renseignements ‘militaires.

Commentaire :

Les personnes concernées par ces accusations ont toujours nié toute
implication personnelle et dénoncé jusqu'à l'existence même des "escadrons de
la mort" qui opèrent dans la clandestinité. Toutefois, un fort faisceau de
présomptions et de faits troublants permet d'accorder un certain crédit à ces
accusations. Le rapport de la FIDH, du mois de février 1993, sur les
violations des droits de l'homme au Rwanda, donne un poids particulier à ces
affirmations : "ce que la Commission retient toutefois comme important, c'est
le rôle, quant à lui incontestable, que les plus hautes autorités de l'Etat
jouent dans l'incitation à la haine et à la violence, et le rôle que cette
incitation a, par la force de la suggestion et la certitude de l'impunité, sur
les échelons intermédiaires de la hiérarchie administrative et militaire,
jusqu'à la population elle même".

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