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La commission des droits de l'homme de l'ONU a décidé hier
soir de nommer un rapporteur spécial pour enquêter sur les massacres
au Rwanda qu'elle a qualifié d'actes de génocides et dont elle a exigé
l'arrêt immédiat. La charge, confiée à un juriste ivoirien de 45 ans,
René Degni Segui, a été créée pour un an par une résolution adoptée
par consensus à l'issue d'une réunion extraordinaire de deux jours
demandée par le Canada.
Doyen de la faculté de droit d'Abidjan,
président de la Ligue ivoirienne des droits de l'homme, M. Degni Ségui
a accepté de se rendre immédiatement sur place avec des assistants. Il
enquêtera sur les causes et les responsabilités des récentes atrocités
et fera dans les quatre semaines ses recommandations pour arrêter les
violations et exactions et empêcher qu'elles se reproduisent,
indiquait-on hier à Genève.
Le rapporteur devra aussi recueillir et
transmettre au Secrétaire général de l'ONU les informations sur des
actes qui peuvent constituer des violations du droit humanitaire et
des crimes contre l'humanité, y compris des actes de génocide au
Rwanda. Il appartiendra ensuite aux tribunaux rwandais de prononcer
des condamnations de criminels.
Quant à la décision de créer un
Tribunal international spécial, comme pour l'ex-Yougoslavie, elle
appartient au Conseil de sécurité de l'ONU. Le Haut Commissaire aux
droits de l'homme, José Ayala Lasso, a toutefois reconnu que l'ONU n'a
pas la certitude que le rapporteur sera autorisé par toutes les
parties à enquêter sur les actes de génocides commis au Rwanda. M.
Ayala a cependant indiqué que le gouvernement du Rwanda et le Front
patriotique rwandais lui avaient récemment demandé que l'ONU enquête
et punisse les coupables. Selon lui, la commission des droits de
l'homme a envoyé un message clair et fort aux auteurs des massacres,
ainsi qu'un message de solidarité au peuple rwandais.
De son côté, le
secrétaire général de la Commission internationale de juristes (CIJ),
Adama Dieng (Sénégal), a indiqué que les Hutus extrémistes qui ont
conduit le pays à la catastrophe, avaient eu jusqu'ici un sentiment
d'impunité et s'étaient sentis en sécurité parce que bénéficiant du
concours d'une ou deux vieilles démocraties européennes qui leur ont
fourni des armes meurtrières. (AFP.)