Fiche du document numéro 5612

Num
5612
Date
Vendredi 2 avril 2004
Amj
Fichier
Taille
105201
Pages
7
Urlorg
Titre
Témoignage de Murengezi Wilberforce, fils du pasteur Kajuga
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Source
Fonds d'archives
Type
Témoignage
Langue
FR
Citation
Murengezi Wilberforce: Mon nom est Murengezi Wilberforce. J’ai 58 ans.

Steven: pourrais-tu me dire combien vous étiez dans votre famille avant le génocide ?

Murengezi Wilberforce: Moi, ma femme, ainsi que mes cinq enfants.

Steven: Et combien sont restés après le génocide ?

Murengezi Wilberforce: Trois d’entre nous sont restés après le génocide : mon fils John Murengezi et Céline Uwineza, la cadette.

Steven: Pourrais-tu me parler brièvement de ta femme? Quel genre de personne était-elle ?

Murengezi Wilberforce: J’ai rencontré ma femme il y a longtemps de cela, quand nous étions encore au secondaire. Nous étions fiancés pendant quatre ans après l’école secondaire, nous nous sommes mariés en 1971. Ce n’était pas une fille que j’ai juste rencontrée et que j’ai épousée mais nous étions ensemble longtemps avant le mariage. Même nos parents se connaissaient car ils étaient tous les deux pasteurs au sein de l’Eglise Episcopale au Rwanda. Nous avons passés 33 ans ensemble…pardon, ce n’est pas vrai, nous avons vécu ensemble jusqu’en 1994… nous avons donc été mariés pendant 23 ans. Durant ces 23 ans, nous avons eu deux fils et trois filles.

Steven: Parle-moi de ton deuxième enfant.

Murengezi Wilberforce: Mon deuxième fils s’appelait Jean-Claude. C’était un garçon grand de taille. Il était de nature calme. Il aimait beaucoup écouter les informations ce qui me faisait penser qu’il deviendrait journaliste ou politicien. Je ne dirais pas grand chose de lui parce qu’il ne parlait pas beaucoup, il aimait juste écouter les autres. Je ne crois pas pouvoir dire plus à son sujet…Juste avant que je parte, je lui ai dit de prendre la voiture et aider sa mère à faire ses courses…avant de partir, je l’ai appelé, la dernière chose que je lui ai dite est : « Conduis doucement, fais attention sur la route. » C’est tout ce que je puis dire

Steven: Parle-moi de ton troisième enfant.

Murengezi Wilberforce: C’était une fille appelée Claudette. Elle faisait également sa dernière année au Lycée. Elle était très frêle mais très intelligente à l’école. Je trouvais qu’à l’avenir, comme tout parent, je voulais le meilleur pour elle et comme elle était forte en sciences, je pensais toujours qu’elle pourrait devenir docteur en médecine.

Steven: Et ton quatrième enfant?

Murengezi Wilberforce: Mon quatrième enfant s’appelait Ingabire Francine. Vous l’avez sur vos photos. Elle aimait beaucoup sa grande-sœur Claudette, et elle aimait la natation. Elle venait toujours causer avec nous après le travail, elle nous demandait de quoi nous avions besoin, les enfants n’ont pas souvent ce caractère ! Elle nous proposait un soda, de l’eau ou du thé. C’était une enfant qui s’occupait beaucoup de ses parents. Peut-être même plus que ses frères et sœurs.

Steven: Quel souvenir particulier as-tu d’elle ?

Murengezi Wilberforce: C’est difficile de dire ce qu’on se souvient des membres de sa famille, il y a tant de souvenirs. C’est toute une vie. Pouvoir élever ses enfants, les voir grandir sans manquer de rien, puis un jour tout disparaît, l’accepter n’est pas une chose facile ! Ça demande une certaine force pour reconnaître et admettre ce qui est arrivé. C’était très difficile d’y croire, la mort est une chose normale mais…quand votre famille entière disparaît tout d’un coup, c’est très difficile de comprendre. Des fois on se demande comment Dieu peut permettre que de telles choses arrivent mais... Il a probablement ses propres plans que nous ne pouvons pas comprendre en tant que simples mortels. Je me rappelle comment au matin de mon départ, j’avais l’impression que je n’allais probablement pas revenir de mon voyage c’est comme si c’est moi qui allais mourir... j’ai donc laissé une note à ma femme lui disant où j’avais caché l’argent.

Steven: Est-ce que tu crois toujours en Dieu après tout ce qui est arrivé ?

Murengezi Wilberforce: Oui je crois toujours en Dieu et je continue à le servir jusqu’à présent, je ne suis pas Pasteur comme mon père mais je fais ce que je peux. J’aime chanter et je dirige la chorale des enfants. Je le fais parce que je crois que Dieu m’a laissé pour une mission que je dois accomplir dans cette vie.

Steven: Peux-tu me dire comment ta femme et tes enfants ont été tués ?

Murengezi Wilberforce: Je n’étais pas présent ce temps là, comme je vous l’ai dit mais… ma fille Céline, Céline, qui a survécu m’a parlé de certaines choses, en plus il y a des voisins qui sont parvenus à se cacher et à fuir, ils m’ont également raconté ce qui s’est passé ! Nous vivions à Kicukiro…le premier jour, ils sont venus demander à ma famille : « Qui est Murengezi ? » Celui qui a répondu leur a dit que je n’étais pas là. Ils ont tiré sur ma femme au pied puis lui ont dit : « Arrange-toi pour le trouver quand nous allons revenir. » Mais ils ne sont pas revenus. Jusqu’au… Le 8 avril, ils sont allés se cacher dans un couvent de sœurs catholiques dans le voisinage. Le 10 avril, ils sont revenus et ont demandé à tout le monde de descendre pour que leurs cartes d’identité soient vérifiées. Ils les ont emmenés puis les ont mis à une barrière derrière une maison. Ensuite, ils triaient un par un là où se trouvait une fosse. Certains étaient tués par balle, d’autres à coups de marteaux, et d’autres encore étaient découpés en morceaux. A vrai dire, quelqu’un m’a dit que ma femme, puisqu’elle boitait, a été la dernière personne à être tuée, elle a été abattue par balle à côté de cette fosse puis ils les ont entassés dedans. Cette fosse, on l’a rétablie. A peu près cent personnes dans notre voisinage ont été tuées et nous les avons enterrés dans une fosse commune que nous avons construite. Il n’y avait pas que ma femme et mes enfants chez moi, il y avait des gens qui travaillaient pour nous…il y avait une dame, une amie à nous qui avait travaillé pour nous par le passé mais pour qui nous avions trouvé un emploi ailleurs….quand ils [les Interahamwe] ont vérifié sa carte d’identité et vu qu’elle était Hutu, ils lui ont dit : « Va-t-en ! On ne recherche pas des gens comme toi. » Elle était entrain d’aider ma femme puisque cette dernière était blessée puis elle a dit : « Je ne quitterai pas ses côtés, si vous voulez la tuer, il va falloir me tuer avec elle également. » Elle a refusé de partir, ils l’ont tuée…juste à côté de ma femme. Claude, puisqu’il était grand de taille, d’après ce que m’a dit sa sœur, a été frappé d’un coup de houe [une petite houe] à la tête, il s’est directement écroulé puis ils l’ont traîné pour aller le jeter dans la fosse. D’habitude, après avoir fendu la tête d’une personne à coup de houe, ils l’achevaient d’un coup de feu pour qu’il cesse de crier.

Murengezi Wilberforce: Quelques uns des survivants m’ont parlé d’un militaire dont je ne connais pas le nom, qui est venu et qui leur a dit de s’assurer qu’ils ne fassent pas trop de bruits. “Faites-le aussi vite que possible; après les avoir frappés à coup de gourdin, tirez sur eux d’une balle pour en finir. On ne veut voir aucun cadavre sur la route, les satellites suivent nos mouvements. » C’est mon voisin qui me l’a dit. Il est parvenu à se cacher mais sa femme a été tuée. A vrai dire, je n’ai rien vu de tout ça mais ma fille Uwineza Céline m’en a parlé. Je ne sais pas si c’est Dieu qui a envoyé quelqu’un mais un militaire est venu leur dire : « Les enfants, remontez au couvent ! » Autre chose est que sa mère lui avait dit : « Prend ces clés et donne-les à ton père quand tu le vois. » Mais elle ne me les a jamais données puisqu’en courant…en plus cette voiture, ils ne l’ont pas…

Steven: Qu’est-ce qui est arrivé à Francine?

Murengezi Wilberforce: A Francine? Je ne sais rien à propos de ce qui lui est arrivé. Sa petite sœur ne parle pas beaucoup, elle a assisté à beaucoup de choses mais elle dit peu. Elle m’a juste dit que Francine a été découpée à la machette. Je n’aime pas lui poser beaucoup de questions parce que quand j’aborde la conversation, je trouve qu’elle n’aime pas en parler. Elle est toujours calme. Parfois quand je lui pose des questions, elle répond mais elle n’arrive pas à suivre une longue conversation sur ce sujet.

Steven: Le fait d’être un parent qui a perdu sa femme et ses enfants dans une telle situation a t-il un sens pour toi?

Murengezi Wilberforce: Au début, on a l’impression que c’est un cauchemar mais au fur et à mesure que le temps passe, on réalise que c’est vraiment arrivé car on ne les revoit plus. Quelques fois, je ne sais pas s’il arrive aux autres de voir la même chose que moi, mais je parle à l’un d’eux. La nuit, il m’arrive d’avoir une discussion avec l’un eux ! C’est un grand problème parce que cela ne s’efface jamais de la mémoire. Moi, j’ai eu la chance de me remarier et d’avoir deux autres enfants, ils sont encore petits. Mais cela ne quitte jamais tes pensées, tu t’en souviens toujours surtout dans des moments pareils ; dans ta nature, il y a une certaine force qui diminue…tu ne vis plus de la même façon qu’avant parce que la famille que tu avais avant, ta famille avec laquelle tu as passé 25 ans, je ne parlerais pas de ma femme parce que nous nous connaissions depuis l’école secondaire, tu vois c’est des souvenirs d’enfance qui reviennent. Des souvenirs des sentiments qui ont grandi progressivement jusqu’à une union, jusqu’à avoir des enfants…puis ils disparaissent tous ! A la fin tu…il arrive même qu’on se demande pourquoi on est resté en vie !

Murengezi Wilberforce: Mais après, Dieu te vient en aide et te donne une autre épouse avec qui partager ta vie. Cela aide à l’éducation des enfants parce que vous savez les hommes seuls avec les enfants ce n’est toujours pas facile. Mais quand on a la chance d’avoir une bonne épouse, elle t’aide à les éduquer. Aujourd’hui John Murengezi, mon fils aîné, est marié, Céline est étudiante à l’université mais ils n’étaient que des petits enfants. En plus mettre au monde deux autres beaux enfants et avoir une autre épouse est une chose dont je remercie Dieu.

Steven: Peux-tu pardonner à ceux qui ont fait ces choses ?

Murengezi Wilberforce: C’est une question très difficile parce que pour pardonner, il faut d’abord savoir à qui tu as affaire parce que tu ne peux pas le faire si personne ne vient te demander pardon ou lorsque tu ne sais même pas qui tu vas pardonner et dire au moins : « Celui là était devenu fou, je laisse tomber ! » Le mot pardon est un mot difficile, mais si quelqu’un venait à moi en disant : « je t’ai offensé, j’ai tué ta femme, j’ai tué tes enfants », je lui pardonnerais parce que si je le tue, je serais un criminel aussi. Je lui pardonnerais mais la question est : qui pardonner ? Qui est-ce ? Tous les Hutu n’ont pas tué, tu ne peux donc pas dire que tu pardonnes tous les Hutu. Tu dois savoir qui l’a fait et pouvoir dire que telle ou telle personne a fait ceci mais je lui pardonne. En plus en tant que chrétien, il est dit ‘pardonnez à ceux qui vous ont offensé’ mais il faut savoir qui tu dois pardonner. Si cette personne venait me demander pardon, je lui pardonnerais sans problème mais la question reste de savoir qui est-ce? Je pense que c’est quelque chose qui nous manque ici au Rwanda. Que quelqu’un t’approche et dise : « Je t’ai heurté, j’ai tué tes proches, je suis venu te demander pardon. » Si c’était le cas, les gens seraient prêt à pardonner mais quand les gens nient leurs actes...on se demande si les gens se sont suicidés ou s’ils sont morts sans cause. Mes voisins, je vais vous donner l’exemple d’un voisin qui s’appelle Simbizi. Il n’y avait qu’une maison entre la sienne et la mienne, nous avions été voisins pendant longtemps mais quand on l’a emmené une fois lui demander : « Connais-tu ce monsieur ? » Il a répondu : « Je ne le connais pas. » Des situations pareilles, les gens vont jusqu’à nier en connaître d’autres…quelqu’un avec qui nous avons tant partagé, nos enfants partageaient le repas, un type comme ça dire qu’il ne me connaît pas c’est…. Ça montre à quel point le pardon sera difficile aussi longtemps que les Rwandais ne diront pas la vérité sur ce qu’ils ont fait. En principe, ce serait l’idéal.

Steven: Est-ce que la Justice est possible ou alors tu trouves que c’est une chose impossible? Penses-tu que justice a été faite pour les crimes commis envers tes enfants?

Murengezi Wilberforce: Jusqu’à présent, non! Justice n’a pas été faite jusqu’à présent. Pas encore à mon avis et je crois que même les autres ressentent la même chose. Quelle justice peut être faite à quelqu’un qui a gommé ta famille, tes enfants ? Laquelle est-ce? Détenir quelqu’un en prison pour cinq, six ou dix ans puis le libérer, qu’est-ce que ça veut dire ? Quel est ce genre de punition est-ce? Justice sera faite selon les lois en vigueur, mais nombreux [parmi les génocidaires] ne seront jamais connus et c’est là le grand problème, car aujourd’hui nombreux sont ceux qui habitent des endroits différents de là où ils ont commis leurs crimes. Maintenant ils vivent là où les gens ne les connaissent pas. Ou alors ils sont connus mais personne n’ose les dénoncer de peur qu’ils ne se vengent par après. C’est un très grand problème ici au Rwanda ! C’est très difficile à moins qu’ils ne présentent des excuses, confessent et reconnaissent leurs crimes.

Steven: Qu’as-tu ressenti lorsqu’à ton retour ta famille avait été tuée?

Murengezi Wilberforce: J’ai souffert d'une maladie bizarre que je n’avais jamais connue auparavant.. Je me grattais incessamment sur tout le corps. Je suis allé me faire soigner mais je n’ai reçu aucun médicament. J’ai consulté un psychologue qui m’a dit : « Quand tu ressens l’envie de pleurer, n’hésite pas à pleurer. Mets-toi à l’écart et pleure autant que tu peux ! » J’étais tout seul à Nairobi au Kenya. Le jour je me promenais, allais voir des réfugiés, je passais mon temps à discuter avec eux. Mais la nuit, tous les souvenirs me revenaient à l’esprit, j’avais l’impression de me perdre, je ne savais plus où j’étais. A part ma famille proche, j’ai perdu beaucoup d’autres membres de la famille. Mon grand-frère qui était aussi mon voisin, sa femme, mon père et quelques enfants qui vivaient avec eux, vous savez comment est la famille africaine…ils ont également été tués. Il y a aussi mon beau-frère, sa femme et leurs six enfants qui sont morts…John était le seul que je savais encore en vie parce qu’il étudiait à l’étranger, on se parlait souvent au téléphone. Je pensais même que Céline était morte.

Murengezi Wilberforce: J’avais l’impression que je n’avais plus personne, ni de mon côté, ni de celui de ma femme. Nous avons été chanceux d’apprendre plus tard que deux des membres de notre famille qui s’étaient réfugiés à l’Hôtel des Mille Collines avaient survécu. Deux des sœurs de ma femme ont également survécu. Donc après la guerre, apprendre que certaines personnes étaient encore en vie était vraiment encourageant et nous a motivés à vouloir continuer à vivre et à donner le mieux de nous-mêmes. Surtout parce que quelqu’un devait prendre soin des enfants qui avaient survécu pour qu’ils puissent étudier et puisse parvenir à quelque chose.

Steven: Comment aimerais-tu que l’on se souvienne d’eux?

Murengezi Wilberforce: Surtout le jour de commémoration, le 7 avril est un jour où l’on se souvient encore plus. On se souvient constamment d’eux certes mais, ce jour-là constitue une occasion pour tous les Rwandais de se souvenir des leurs et de chercher ensemble le moyen de faire en sorte que ce qui est arrivé, le Génocide, ne se répète plus jamais au Rwanda. Que ça ne se reproduise en aucun cas car c’est vraiment terrible! J’aime aussi regarder leurs photos. Ma sœur qui vivait à Kinshasa [en RDC] avait beaucoup de leurs photos, c’est elle qui m’a donné même les photos que je vous ai montrées puisque la maison et tout ce qui se trouvait dedans avaient brûlés. Souvent, je passe mon temps à regarder leurs photos en me demandant comment mes enfants seraient aujourd’hui, comment leur mère serait… C’est des choses dont je me souviens constamment. Personne ne peut t’empêcher de penser aux êtres chers que tu as perdus, des gens qui ont fait partie de ta vie. Il y a des gens qui veulent que nous arrêtions d’en parler ou de nous souvenir mais nous ne pouvons pas les oublier ! Nous nous souviendrons toujours d’eux et nous devons même le dire à nos enfants pour qu’ils soient prudents. Peut-être que notre plus grande erreur est que nous n’avons jamais vraiment cru que cela pouvait arriver mais maintenant que nous sommes conscients que les gens peuvent forger des idéologies pour en décimer d’autres…C’est quelque chose contre quoi nous devons lutter dans notre façon de penser et ceci peut être fait à travers l’éducation, en luttant contre cela de toute notre force.

Steven: Que doit faire le Rwanda pour éviter que la même chose ne se reproduise dans le futur ?

Murengezi Wilberforce: C’est exactement de cela que je parlais tout à l’heure. Premièrement, il faut éduquer les gens, leur montrer le mal qu’il y a dans le crime parce que faire le mal a toujours des mauvaises conséquences sur n’importe qui. Je suis convaincu que même ceux qui l’ont fait ont également souffert en fuyant leurs maisons, parcourant des kilomètres et des kilomètres en laissant leurs familles à la maison, en mourrant de faim ou de maladies... je me dis que cela ne serait jamais arriver s’ils n’avaient pas fait ce qu’ils avaient fait. Pour que le Rwanda évite de retomber dans le même piège, la première chose à faire est d’éduquer les gens. Je suis content du travail qu’accomplit Gouvernement actuel, du fait d’emmener les gens dans des camps de solidarité en vue de leur apprendre que les conséquences n’épargnent personne. L’éducation est très importante et je me dis que ça prendra le temps que ça prendra ; la division a été enseignée depuis 1959…ça a pris trente ans et chaque génération avait été instruite à ce propos. Je ne sais pas alors si ça prendra le même laps de temps pour apprendre aux générations suivantes que le Hutu ne doit pas haïr le Tutsi et vice-versa, ça prendra longtemps mais il est important de savoir que ça a pris plusieurs années pour que le Rwanda en arrive au Génocide. C’est quelque chose qu’on nous enseignait à l’école. J’étais autrefois enseignant et c’est quelque chose qui faisait partie du programme scolaire. Et je devais le dire même si je n’étais pas d’accord avec. Je suis vraiment convaincu que si l’enseignement est bien fait, le résultat sera très bon dans les générations à venir. Même les gens s’en souviennent toujours mais nous saurons au moins qu’il s’agissait d’une mauvaise politique et d’un mauvais programme d’enseignement. Ça finira avec le temps mais c’est toujours difficile pour les gens de ma génération d’oublier, ils acceptent mais l’être humain garde toujours des traces.

Murengezi Wilberforce: Mais je suis convaincu que la jeunesse d’aujourd’hui reçoit un bon programme éducationnel. Tout ceci a été dû à une mauvaise éducation, c’est donc à elle et elle seule de mettre fin à cette situation.

Steven: En fin de compte, comment perçois-tu l’avenir du pays ? Qui est Wilberforce aujourd’hui ? As-tu l’espoir d’un lendemain meilleur ou…

Murengezi Wilberforce: Je crois vous avoir dit que je suis serviteur de Dieu avant. Je crois que les choses iront bien. Je crois en un avenir meilleur pour notre pays mais pour qu’il soit bon, il faudra que nous travaillons pour ça ! Nous ne parviendrons jamais à cela si nous ne travaillons pas. Ce n’est pas seulement la responsabilité de Murengezi ou la responsabilité du Gouvernement, tous les Rwandais doivent comprendre que si nous voulons bâtir un avenir meilleur et éviter ce que nous avons traversé dans le passé, nous devrons travailler pour ça ! Ça ne va pas tomber du ciel ! C’est tout ce que je puis dire.
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024