Citation
Le 18 Juillet 1994
N°19048/N
FICHE particuliere
RWANDA
EXIGENCES DU FPR AU SUJET DES RESPONSABLES DES MASSACRES
Parmi les conditions préalables à l'entrée en vigueur du cessez le feu
définies par le Front Patriotique Rwandais (FPR), l'arrestation de membres du
gouvernement ayant participé aux massacres, fait figure de priorité.
Le "réseau Zéro", constitué de radicaux hutu originaires du nord,
opposés à toute évolution démocratique au Rwanda, serait particulièrement visé
par cette disposition.
Par diverses opérations, "les Escadrons de la Mort" ont cherché à
retarder l'application des Accords d'Arusha, signés le 4 août 1993.
Le"réseau zéro" se serait constitué en 1991, lors d'une réunion à
laquelle participaient des officiers et les membres du directoire du Mouvement
Républicain National pour la Démocratie (MRND). Invités à se prononcer sur les
conséquences de la démocratisation, les participants auraient conclu que si le
président Habyarimana acceptait le partage du pouvoir, celui-ci reviendrait
aux hutu du Sud. La possibilité d'un coup d'Etat visant à renverser
M. Habyarimana, pour lui substituer un autre officier originaire de Gisenyi,
aurait alors été évoquée.
Une liste recensant les noms des principaux commanditaires des
massacres est actuellement en circulation. Elle aurait été élaborée,
essentiellement, sur les indications de M. Alphonse Nkubito, ancien procureur
de Kigali. Pour avoir renseigné la Fédération Internationale des Droits de
l'Homme (FIDH), il avait été désigné parmi les principaux ennemis du régime de
M. Habyarimana.
Plusieurs officiers figurant sur cette liste, bénéficieraient de la
protection de Mme Agathe Habyarimana et de son frère, Protée Zigiranyirazo,
alias "monsieur Z". Ce groupe, surnommé les “colonels de Madame" (1) est
parfois désigné comme le principal commanditaire de l'attentat ayant coûté la
vie au président Habyarimana, le 6 avril 1994.
Cette opération aurait été préméditée de longue date par les
extrémistes hutu. L'assassinat de ministres de l'opposition modérée et de
Tutsi, moins d'une demi heure après l'explosion du Falcon présidentiel,
confirmerait le haut degré de préparation de cette opération.
L'assassinat, en 1991, du colonel Mayuya (2) communément présenté
comme le dauphin de l'ex-président- lui serait également imputé. Mme
Habyarimana détestait cet officier favorable à la démocratisation.
(1) Il s'agit des colonels Bagosora, Serubuga, Nkundiye et Anatole
Nsengiyumva. |
(2) Ancien commandant du camp du Kanombe.
