Citation
CONFIDENTIEL DÉFENSE
Déclassifié par décision
du ministre de la Défense Le 10 mai 1994
N° 909560 du 09 OCT 2015
FICHE PARTICULIERE
RWANDA
RESPONSABILITES DE L'ATTENTAT
Alors que la Belgique a exprimé son intention de saisir officiellement
l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACT) pour tenter de déterminer les
conditions de l'attentat du 6 avril 1994, trois thèses s'affrontent.
1- Selon les rebelles tutsi du Front Patriotique Rwandais (FPR), l'avion présidentiel a été
abattu par la fraction la plus radicale du gouvernement rwandais. L'attentat aurait notamment été
préparé par le ministre de la Défense, M Augustin Bizimana, qui, au dernier moment, a trouvé une
excuse pour ne pas monter dans l'avion se rendant à Dar-es-Salam (Tanzanie) (1). Selon le FPR,
les Hutu les plus radicaux voyaient avec de moins en moins de sympathie le président
Habyarimana, s'estimant trahis par sa décision d'appliquer les accords d'Arusha (Tanzanie) et de
composer avec le FPR. Cette version serait accréditée par le fait que l'avion présidentiel a été
touché en approche finale, alors qu'il survolait précisément, à basse altitude, une garnison des
forces gouvernementales rwandaises. Les rebelles ajoutent enfin qu'à l'annonce de la nouvelle, plus
de 90% de ceux qui ont été tués par la GP et les Forces Armées Rwandaises (FAR), étaient des
Tutsi, ce qui ne serait jamais arrivé s'ils avaient préparé eux-mêmes 1‘attentat et pris la précaution élémentaire de prévenir la communauté tutsi.
2 - La deuxième hypothèse serait que le FPR a, seul, préparé l'attentat. On peut
néanmoins s'interroger sur les avantages politiques d'une telle fuite en avant, la nature des accords
d'Arusha avantageant nettement le FPR.
3 - Il faut enfin mentionner - le Service n'y accordant aucune crédibilité - la thèse qui
n'engage que le gouvernement intérimaire rwandais, selon laquelle l'avion a été la cible de
l'armée belge, ceci afin de favoriser le Front Patriotique Rwandais (FPR). Les trois soldats belges
tués par la Garde Présidentielle (GP), alors qu'i1s venaient de récupérer la boîte noire de l'appareil sur les lieux de l'accident, ont été clairement désignés comme les auteurs de l'attentat par les autorités gouvernementales rwandaises. Ces mêmes autorités ajoutent que les trois soldats belges cherchaient à effacer les preuves de leur intervention.
(1) M. Bizimana a beaucoup insisté auprès du président Habyarimana pour se rendre à Yaoundé,
où se tenait un sommet régionaf;s AGE STRICTEMENT NATIONAL
| CONFIDENTIEL DÉFENSE |