Date
Tuesday April 12, 1994
Titre
Rebels advance as Kigali slaughter goes on
Traduction
Les troupes rebelles étaient sur le point de prendre Kigali, la capitale rwandaise, la nuit dernière, mais une victoire rebelle ne mettra probablement pas fin à la tuerie.
Il n'y a pas eu de diminution des actes de violence dans la ville hier. Des soldats rwandais ont tué à la baïonnette deux patients à l'hôpital central de Kigali lundi au milieu des mourants. L'attaque s'est déroulée sous les yeux du personnel hospitalier et des personnes en attente de soins. À l'arrière de l'enceinte de l'hôpital, une quarantaine de corps étaient entassés, pourrissant sous la bruine. Une jeune femme nue sur le dessus du tas couvert de mouches, les membres raides. La plupart des morts étaient des hommes, mais il y avait aussi plusieurs enfants, des garçons et des filles blessés au couteau.
De retour à l'aéroport dans un convoi d'évacués belges, nous avons été témoins d'une scène d'un type qui est devenu horriblement normal. Les parachutistes français ont arrêté le convoi pour attendre que des gangs portant des couteaux de cuisine, des machettes, des marteaux et des gourdins finissent de tuer un certain nombre d'adultes sur la route. Nous avons attendu peut-être dix minutes,
Lors de notre départ de l'aéroport une heure plus tôt, nous avions vu les cadavres ensanglantés de deux personnes - un homme et une femme - la femme aux jambes coupées, une mutilation observée dans les massacres il y a des années et parfois décrite comme une forme de contestation des Hutu à l'égard de la 'tribu' tutsi réputée plus grande. A notre retour, quatre autres femmes avaient été massacrées juste devant notre convoi au même endroit à l'extérieur d'une case en terre. Quatre hommes avaient également été tués à coups de machette et leurs corps gisaient dans des fossés herbeux au bord de la route.
L'événement produisit en moi un mélange de nausées et de larmes. Apparemment impassibles, les parachutistes français avec qui je voyageais ont monté le volume de la musique disco sur le lecteur cassette de leur voiture. Les assaillants bordaient la route, acclamant les troupes françaises et chahutant les belges.
Nick Hughes, caméraman britannique pour World Television News, a filmé une scène similaire depuis l'école française. A un demi-mille de là, des hommes battaient des femmes à mort. "Ils ont amené des femmes, des femmes âgées ou d'âge moyen, hors des maisons et dans la rue et les ont fait asseoir sur un tas de corps, des blessés et des mourants », a-t-il dit. « Pendant environ 20 minutes, les femmes ont supplié pour leur vie un groupe d'hommes qui montaient et descendaient la rue en bavardant. Ils ont frappé à mort à coups de bâton une femme puis l'autre. C'était la chose la plus horrible que j'ai jamais vue ».
Des soldats de l'armée rwandaise sont passés devant l'école dans des camions en semblant avoir l'intention de préparer une fosse commune avec l'aide d'une pelleteuse. Les rebelles du Front patriotique rwandais, qui appartiennent principalement à la 'tribu' minoritaire tutsi, ont affirmé que la résistance des forces gouvernementales s'effondrait. Les rebelles considèrent comme leur principal ennemi, la garde présidentielle forte de 2.000 hommes, à qui ils reprochent la plupart des tueries à Kigali depuis la mort du président Habyarimana - un Hutu - dans un accident d'avion mercredi dernier.
Hier, deux officiers européens servant avec les Nations Unies ont déclaré que 89 Tutsis qui cherchaient refuge dans une église près de l'enceinte de l'ONU ont été tués jeudi par des civils hutus amenés à l'église par des soldats du gouvernement. Ils sont morts en présence des officiers de l'ONU.
D'autres institutions religieuses, considérées pendant des décennies comme un refuge pour les Tutsis éduqués, sont devenues la cible des membres de la garde présidentielle, des militaires et des jeunes Hutu. Une religieuse espagnole, sœur Mary Helene Adot, a déclaré à un journaliste belge que 17 personnes, qu'elle a décrites comme majoritairement tutsi et dont huit religieuses, avaient été tuées dans leur enceinte au cœur de la capitale par la garde présidentielle. Les tueries se déroulent au hasard, sous le nez des troupes onusiennes, françaises et belges, à portée des caméras de télévision, et à quelques mètres des expatriés évacués. Bien qu'il soit impossible pour les étrangers d'identifier qui assassine qui, la plupart des meurtres ne sont probablement pas aléatoires mais perpétrés selon des critères ethniques et politiques. Les victimes sont probablement des Tutsi ainsi que des Hutu, qui ont commis l'erreur désormais fatale de soutenir ouvertement les partis d'opposition. Les rebelles sont probablement conscients du fait qu'un cessez-le-feu de 48 heures peut aider à l'évacuation des étrangers. Mais il est possible qu'en freinant l'avancée des rebelles, la tuerie se soit prolongée.
Le chef militaire rebelle, Paul Kagame. a annoncé que deux bataillons avancent pour renforcer un bataillon de 600 hommes dans la ville. Cependant, pendant la majeure partie de la journée, le cessez-le-feu semblait hors de propos. Des coups de feu ont pu être entendus, apparemment des troupes gouvernementales vers les positions rebelles.
Citation
THE TIMES (LONDON) - 12 April 1994 CNR 095 P6/6
FROM CATHERINE BOND
IN KICALI
REBEL troops were on the verge of taking Kigali, the Rwandan capital, last night but a rebel victory is unlikely to bring an end to the killing.
There was no sleekening in the acts of brutality in the city yersterday. Rwandan soldiers bayoneted to death two patients at Kigalis central hospital on Monday amid the dying. The attack took place in full view af hospital staff and people waiting for treatment. At the back of the hospital compound about 40 bodies were piled high, rotting in the drizzle. A young naked woman on the top of the fly-covered pile, her limbs stiff. Most of the dead were men but there were also several children — boys and girls with knife wounds.
Returning to the airport in a convoy of Belgian evacuees, we witnessed a scene of a type that has hecome horrifyingly normal. French paratroopers halted the convoy to wait for gangs carrying kitchen knies, machetes, hammers and clubs to finish killing a number of adults on the road ahead. We waited for perhaps ten minutes,
On our departure from the airport an hour earlier, we had seen the bleeding corpses of two people — a man and a woman — the woman with her legs cut off, a mutilation witnessed in massacres years ago and sometimes described as a Hutu form of contempt for the taller Tutsi tribe. On our retun, four more women had been butchered just ahesd of our convoy in the same place outside a mud hut. Four men had also been killed with machettes and their bodies were liying in grassy ditches by the road.
The event produced in me a mixture of nausea and tears. Seemingly unmoved, the French Paratroopers I was travelling with turned up the volume of disco musique on their car cassette. The attackers lined the road, cheering the French troops ans heckling the Belgians.
Nick Hughes, a British cameraman for World Television News, filmed a similar scene from the French school. Half a mile away, men were beating women to death. "They brought women, old or middle-age women, out of the houses and on to the street and made them sit in a pile of bodies, wounded and dying people", he said. "For about 20 minutes, the women pleaded for their lives with a group of men who walked up and down the street chatting. They clubbed one woman to death then the other. Il was the most horrific thing I have ever seen.
Soldiers of the Rwandan army passed the school in lorries looking as if they were heading to prepare à mass grave with the help of a road digger. Rebels of he Rwandan Patriotic Front, who are mainly from the minority Tutsi tribe, claimed that resistance from government forces was crumbling. The rebels regard as their main enemy, the 2.000-strong presidential guard, which they blame for most of the killing in Kigali since the death of President Habyarimana - Hutus - in a plane crash last Wednesday.
Yesterday two European officers serving with the United Nations said 89 Tutsis who sought sanctuary in à church near the UN compound were killed on Thursday by Hutu civillans brought to the church by government soldiers. They died in the presence of the UN officers.
Other religious institutions, for decades considered a refuge for educated Tutsis, have become a target for members of the presidential guard, soldiers and Hutu youths. A Spanish nun, Sister Mary Helene Adot, told a Belgian reporter that 17 people, whom she described as mostly Tutsi and including eight nuns, had been killed in their compound in the heart of the capital by the presidential guard. The killings take place casually, under the noses of UN, French and Belgian troops, within the range of television cameras, and just yards from expatriates being evacuated. Although it is impossible for outsiders to identify who is murdering who, most of the killing is probably not random but carried out along ethnic and political lines. The victims are likely to be Tutsi as well Hutu, who made the now fatal mistake of openly supporting opposition parties. The rebels are probably mindful of the fact that à 48-hour ceasefire may help the evacuation of foreigners. But it is possible that by stalling à rebel advance, the killing has been prolonged.
The military rebel leader, Paul Kagame. has announced that two battalions are advancing to reinforce a 600-strong battalion in the city. However, for most of the day the ceasefire seemed irrelevant. Gunfire could be heard, apparently by government troops at rebel positions.
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