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Le général canadien Roméo Dallaire témoigne depuis hier dans le procès dit «des militaires», l'un des trois plus importants dont le Tribunal international pour le Rwanda (TPIR) ait été saisi depuis sa création en novembre 1994. Quatre officiers rwandais, dont le colonel Bagosora qui a de fait exercé le pouvoir après l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, sont poursuivis pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
Larmes
C'est la seconde fois que l'ancien commandant de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar) est appelé à la barre à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, où siègent les magistrats chargés de juger les acteurs et complices du génocide de 1994. Il y a six ans, cité par la défense de l'ex-maire de Taba, Jean-Paul Akayesu, le général à la retraite, pleurait en évoquant l'impuissance de la Minuar à arrêter ou à freiner les massacres des Tutsis et des Hutus modérés et accusait la France, les Etats-Unis et la Belgique d'avoir fait peu de cas du sang rwandais.
Hier, le général Dallaire a chargé le colonel Bagosora, largement évoqué dans son livre J'ai serré la main du diable et considéré par le parquet comme le cerveau du génocide. «A aucun autre moment je n'ai vu quelqu'un d'autre que Bagosora aux commandes. C'était irréel. Ils [ses collaborateurs et lui] mettaient en oeuvre un plan dont nous avions entendu parler par de nombreux canaux», a-t-il expliqué. L'officier rwandais aurait menacé de le tuer à plusieurs reprises.
Première ministre
Le colonel Bagosora, selon Dallaire, se serait également opposé à ce que la Première ministre, Agathe Uwilingiyimana, prenne les affaires du pays en main après la mort du Président. Le 7 avril, aux premières heures des massacres, elle était assassinée par des soldats de l'armée régulière rwandaise. Comme les dix Casques bleus belges qui assuraient son escorte.
(avec AFP, Reuters, agence Hirondelle)