Fiche du document numéro 946

Num
946
Date
Dimanche Février 1998
Amj
Auteur
Taille
2593632
Titre
Mitterrand et la sortie de la guerre froide [Extrait : « Intervention du général Quesnot »]
Sous titre
Interception d'une communication téléphonique pour le FPR
Page
288-291
Source
PUF
Type
Livre (extrait)
Langue
FR
Citation
Extraits du livre :
François Mitterrand et la sortie de la guerre froide
Samy Cohen
Presses universitaires de France
1998

p 289-290
p 289
Général Quesnot - Je suis d'accord avec l'ambassadeur Chenu sur la
pertinence et la respectabilité des formes de démocratie spécifiques à
l'Afrique. L'appel à la démocra-
p 290
-tie n'était pas tel qu'il nous fallait y subvenir et transposer notre
système. M. Bayart met en cause le rôle de l'état-major particulier et
de l'un de mes collaborateurs, le général Huchon. Celui-ci n'est pas
responsable puisque les collaborateurs ne signent jamais rien, c'est
le chef d'état-major particulier qui signe les notes au Président. Sur
le Rwanda, j'ai entendu dire que les militaires français intervenus de
1990 à 1994 procédèrent à des contrôles d'identité. Je le récuse. Il y
a eu une aide française à un gouvernement légal, celui du président
Habyarimana : formation et conseil de l'armée régulière. Les
directives du président Mitterrand étaient claires. Les forces
françaises, pas plus que d'autres, n'avaient à intervenir dans les
querelles internes des gouvernements. Dans le cas d'accords de défense
et de coopération, comme avec le Rwanda depuis 1975, nous pouvions
apporter une aide à un gouvernement légal. Or, tous nos renseignements
prouvaient que l'agression de 1990 était une attaque extérieure depuis
l'Ouganda, sous le commandement du chef actuel du Rwanda, le colonel
Kagamé, l'un des 26 premiers compagnons de Museveni et ancien chef du
renseignement du gouvernement ougandais. A ce titre, il avait été
repéré par la CIA et avait effectué un stage de formation aux
Etats-Unis. Le Président m'a plusieurs fois envoyé en mission
personnelle auprès du président Habyarimana pour faire pression en
faveur du multipartisme et de l'intégration des minorités.
L'implication diplomatique française, de même que celle de la
diplomatie parallèle, fut très importante. Notre aide était
conditionnée. D'autre part, personne n'a la preuve que l'avion du
président Habyarimana ait été abattu par le noyau dur de son entourage
qui s'opposait au plan d'Arusha, mais on peut se demander à qui
profite le crime. Nous avions intercepté une communication
téléphonique qui partait d'Arusha annonçant le décollage du Président.
Ce coup de téléphone n'est pas arrivé à la Présidence mais au
bataillon de Kagamé mis en place près de l'aéroport pour protéger les
minorités tutsi, en application des Accords d'Arusha. Dans cet avion,
il y avait non seulement Habyarimana mais aussi le Président du
Burundi. Deux présidents hutu (ethnie majoritaire au Rwanda et au
Burundi) ont disparu dans cet attentat providentiel.

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