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Après la terre brûlée, le génocide, un espoir est-il possible? Si oui, quel est-il? Fondé sur un oubli humainement inacceptable, ou assumant son histoire afin que celle-ci ne puisse se répéter?
« Plus jamais », lit-on sur le monument de Drancy, commémorant la déportation des juifs durant l'ère pétainiste. Impossible de ne pas avoir une telle association d'idées devant le livre, « Rwanda, le jour d'après », diffusé sous la cosignature de Maria Malagardis (journaliste) et de Pierre-Laurent Sanner (photographe) à l'initiative de Médecins du monde (1).
Un double récit - littéraire et photographique - qui présente le tableau d'un pays oscillant entre la spirale de mort déclenchée par l'ex-dictature de Kigali et la possible renaissance amorcée par sa déroute de juillet 1994... « Quand toute la famille a disparu, quand tes amis sont morts et ta maison a été détruite, c'est comme si tu étais mort toi-même », témoigne le jeune Silas.
Douleur et goût de vivre tissent une étoffe mystérieuse. Citons simplement le dernier paragraphe de ce livre: « Chaque dimanche, on enterre (les cadavres découverts dans les fosses communes - NDLR). Mais le samedi on se marie. A tour de bras (...) Mariages et enterrements pour chaque fin de semaine. Comme une transition entre deux époques, entre le souvenir de la tragédie et l'espoir d'une vie nouvelle. »
(1) « Rwanda, le jour d'après ». Editions Somogy, 20, avenue Rapp, 75007 Paris. Prix: 140 francs.
Jean Chatain.