Fiche du document numéro 905

Num
905
Date
Lundi 7 avril 2003
Amj
Taille
814140
Titre
Lettre au juge Coumans concernant l'assassinat de sa sœur Régine Uwamariya
Nom cité
Cote
Case No: ICTR-98-41-T Exhibit No: DB200 C Date admitted: 24-10-2005 Tendered by: Defence Name of
Source
Type
Langue
FR
Citation
ColonelBAC~SORATh6oneste
UNDF-ICTR
P.O.Box 6016Arusha,Tanzania

MonsieurJean COUMANS
Juged’instruction
Palais
de Justice-Annexe
RuedesQuatre
Bras
1000Bruxelles

Arusha,
le 7 Avril
2001

Zr-ï’¢~ g-..~.1
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CASE NO ..............................

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DATEADMITTED
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I~AMF.,
OF.,,~,,,~--,,...............

Concerne UWAMARIYARégine c/x

o6

RéférenceLettrede Me GillesVANDERBECK
du22Janvier
200l.

Monsieur
le Juged’instruction,
J’ail’honneur
de vousécrire
en qualité
de fièreainéde la défunte
UWAMARIYA
Régine
pour
vouslivrer
mesinformations
quipourraient
interesser
cedossier
quirisque
d’être
trèscomplexe
eu égardauxpertinentes
questions
queMe Gilles
VANDERBECK
poseparsa lettre
rappelée
enréférence.
Rienqu’en
lisant
cette
lettre,
onnepeutplusmettre
enavant
l’hypothèse
d’une
mortaccidentelle
danslecasdemasoeur
Régine.
Ilestplutôt
question
aujourd’hui
d’identifier
sesassassins
et lesmobiles
deleurcrime
pourquechâtiment
s’ensuive.
Parle présent
témoignage,
je n’aipasdu toutla prétention
de vousindiquer
unepisteà
privilégier.
Je vienstoutsimplement
commeun témoin
parmid’autres
pourvousdonner
les
informations
ci-après
etvousdire
quejesuisprêtà toute
forme
decoopération
pourfaire
aboutir
cette
enquête
soustoute
sa dimension.
Montémoignage
vaporter
surtrois
assassinats
quipourraient
avoir
unlienavecuneaffaire
de
détournement
de fondsquiauraiteu lieuen 1991-92
lorsdu financement
du projet
de
construction
d’unesection
technique
en extention
du Collège
Kibihekane
prèsde Rambura.
LeditprojetdontI’ASBLADECOGIKétaitpromotrice,
avait~té cofinancé
par le
Gouvernement
Belgeet I’ONGNord-Sud
Coopération
pourun montant
totalde 22.~~ïv500
FB
réparti
surunepériode
de5 ansà partirde
1989.
Le premier
assassinat
a eu lieuà Rambura
le 7 Avril1994et concerne
troiscitoyens
belges
Antoine
Gofriaux,
Christine
Andre
et Olivier
Dulieu
quiétaient
coopérants
audit
collège.
Le deuxième
assassinat
a eu lieuà Yaoundé-Cameroun
le 15Février
1999et concerne
monpetit
frèreMUSABE~asteur,
ancien
Directeur
Général
de la BACARà Kigali.
Le troisième
et dernier
a eu lieuà Bruxelles
dansla période
du 9 au 16 Décembre
2000et
concerne
ma petitesoeurUWAMARIYA
Régine,ancienChefdu Personnel
au ProjetGBK

Gishwati
prèsde Rambura.
1.Pourintroduire
lepremier
assassinat,
jecite:
"Aucours
desonaudition,
lepèred’Olivier
Dulieu
a affirmé
luiquelesraisons
de l’assassinat
destrois
eoopérants
dépassent
le simple
faitde leurnationalité.
Il a évoqué
unequestion
de grossous,de détournement
et de
blanchissement
d’argênt’(Rapport
de la Commission
d’enquête
parlementaire
belge
concernant
lesévénements
du Rwanda;
Chap.3;
section
3.5.3p.464).
Au cours
de la préparation
de monprocès
encoursdevant
le TPIR,j’ailu avecuneattention
particulière
cepassage
quiconcernait
cescoopérants
belges
auCollège
Kibihekane
dontj’étais
Président
du Conseil
d’Administration
à cetteépoque.
Alorsje me suisrappelé
queMonsieur
Olivier
Dtflieu
m’avait
informé,
dèssaprise
defonction
danscecollège
en1992,
quelesfonds
quiavaient
étéoctroyés
et en principe
déjàversés
parI’ONGNord-Sud
Coopération
depuis
longtemps
n’étaient
pasentièrement
parvenus
au compte
dudit
collège.
Dansla mêmepériode,
au coursd’uneréunion
de l’assemblée
générale
de I’ADECOGIKA,
promotrice
de ce projet,
un
membre
del’association
posalaquestion
desavoir
silarumeur,
quiconsistait
à direquecertains
fondsdudit
financement
avaient
étédétournés,
était
fondée
ou pas.Cette
question
nefutpas
examinée
nonseulement
parce
qu’elle
n’avait
pasétéinscrite
à l’ordre
du jourau début
de
cette
réunion
quejeprésidais,
maisaussi
et surtout
parce
queleséléments
de réponse
à cette
question
faisaient
défaut.
Il avaitétéconvenu
entreI’ONGNord-Sud
Coopération
et L’ASBL
ADECOGIKA
dontj’étais,
entretemps,
devenu
Président
quelesfondsconsentis
devaient
transiter
parlescomptes
de
Monsieur
RWABUKUMBA
Séraphin
à Bruxelles
avantd’êtreversésau Comptedu Collège
Kibihekane
à la BACARdontmonpetitfrèreMUSABE
Pasteur
étaitDirecteur
général.
Alors
j’aidemandé
à celui-ci
desexplications
surceprétendu
détournement
desfonds
etilm’aditque
lorsqu’ily a eu dévaluation
de la monaierwandaisede 40 % en 1991,Monsieur
RWABUKUMBA
Séraphin
aurait
profité
de cetteoccasion
pourverser
en francs
rwandais
au
tauxd’avant
ladévaluation
lesfonds
octroyés
enfrancs
belges
après
celle-ci.
Ilfautégalement
noter
quecette
question
d’tre
éventuel
détournement
desfonds
dudit
projet
par
Monsieur
RWABUKUMBA
Séraphin
n’était
pasencore
examinée
le 6 Avril199,datefatidique
de l’attentat
contre
l’avion
du Président
HABYARIMANA.
LE7 Avril
1994,
lestrois
coopérants
belges
ontététuésparlesparents
etvoisins
du Colonel
SAGATWA
Elieà sonvillage
natal.
Celui-ci
avait
étéaussi
victime
del’attentat
contre
l’avion
présidentiel
la veille.
Cependant
il fautbiennoterqueMonsieur
RWABUKUMBA
Séraphin,
sonpetit
frère
se trouvait
plutôt
à Kigali
en cemoment-là:mais
qu’il
est¯ ’ "-"
touoti~f~l~
logique
de
direquec’est
luiquidoitavoir
informé
sesparents
auvillage
decetévénement
tragique
qui
venait
delesendeuiller.
Comme
lepèred’Olivier
Dulieu,
jedoute
fortquelestrois
coopérants
aient
étéassassinés
tout
simplement
parce
qu’ils
étaient
belges.
Parexemple,
lesdixcasques
bleus
belges,
quiontété
tuésparlesmilitares
rwandais
auCampKigali
le7 Avril
1994,nel’ont
pasétéparcequ’ils
étaient
belges
maisbiensurunerumeur
persistante
comme
quoic’étaient
euxquiavaient
abattu
l’avion
présidentiel.

Aucun
militaire
dela Coopération
Militaire
Belge
au Rwanda
n’aétéagressé
parlesmilitaires
rwandais
ni parla population.
CesAssistants
Techniciens
Belges
6taient
18 en toutdont12
résidaient
à Kigali
et6 autres
à Gisenyi.
Cesderniers
étaient
attachés
auCentre
d’entrainement
commando
de Bigogwe
à environ20 Km de Rambura.
Dèslors,je ne parviens
toujours
pasà comprendre
pourquoi
et comment
unepopulation
habituellement
paisible
et de surcroît
membre
de I’ASBL
ADECOGIKA,
quiavaitnégocié
le
recrutement
de cestroiscoopérants
belges
pourpromouvoir
l’éducation
de sesenfants,
a
subitement
eul’idée
d’aller
tuerceux-là
mêmes
dontelleétait
à lafoistrèsfière
etsatisfaite
jusqu’alors.
2. L’assassinat
de Monsieur
MUSABE
Pasteur
à Yaoundé
au Cameroun
le 15 Février
1999.
Monpetit
fière
MUSABE
Pasteur
a étéassassiné
à sonlogement
dansla nuitdu14 au15 Février
1999.
Ildevait
rejoindre
safamille
enBelgique
au courant
decette
semaine
quicomençait.
L’enquête
sursonassassinat
aussitôt
commencée
futinterrompue
quelques
jours
plustardpar
l’administration
camerounaise
sanslamoindre
explication
decedésintérêt
delajustice.
Jevous
transmets
le Communiqué
n° 48/99
faità Bruxelles
le22 Février
1999parle"Centre
delutte
contrel’impunité
et l’injustice
au Rwanda".
Ce communiqué
donnequelques
unesdes
hypothèses
decetassassinat.
Maisaucune
decelles-ci
n’aparlé
del’hypothétique
détournement
desfondsduditprojetparMonsieur
RWABUKUMBA
Séraphin
alorsquesi ce détournement
avaiteu lieuréellement,
Monsieur
MUSABE
Pasteur
aurait
étéun témoin
gênant
caril avait
suiviau niveau
de sa banque
(BACAR)
toutes
lesopérations
de virement
desfondsqueI’ONG
Nord-SudCoopération
avaitfait passerpar les comptesbancairesde Monsieur
RWABUKUMBA
Séraphin
à Bruxelles
et à Kigali
pourapprovisionner
lescomptes
duditprojet
à la BACAR.
Détournement
oupas,le faitquim’aleplusintrigué
aussitôt
après
cetassassinat
estquele
gendrede MonsieurRWABOEUMBA
Séraphin,
Monsieur
ZIKAMABAHARI
JeanBaptiste
qui
était
supposé
êtrel’ami
intime
delavictime,
n’acessé
deraconter
à quivoulait
l’écouter
que
MUSABE
Pasteur
avaitétéfaittuerparsa prétendue
maîtresse
qu’ilne parvenait
plusà
entretenir
faute
d’argent
alors
qu’entretemps
il m’arépondu
autéléphone,
précisément
en avril
1999,quel’enquête
sursonassassinat
avaitétéétouffée,
avanttoutrésultat,
pardes
personnalités
trèspuissantes
dontilm’arefusé
l’identité.
Cependant
j’aipu déchiffrer
son
message
lorsqu’en
Juinsuivant,
ilestsorti,
sanspréavis,
de mondossier
devant
leTPIRalors
qu’ilétaitmembrede mon équipede défense
en tantqu’enquêteur
que MUSABEPasteur
m’avait
précisément
recruté.
Paradoxalement
unehistoire
de maîtresse
revient
encore
unefoisdansl’affaire
UWAMARIYA
Régine
pourfairecroire
quecelle-ci
s’estrendue
volontairement
chezce vieuxmonsieur
septuagénaire
qui,selon
unesource
nonencore
confirmée,
vivait
seul,depuis
longtemps,
sans
pouvoir
sepayer
uneautre
maîtresse
avant
samystérieuse
recontre
avecRégine
dansla période
du 9 au16/12/2000.
Et si jamais
UWAMARIYA
Régine
étaitvenuechezsonamantpoury êtreassassinée
au même
moment
quesonhôteétait
prétendument
entrain
demourir
asphyxié,
alors
il devrait
y avoir
au
moinsunepersonne
parmisesparents
quisavait
quecelui-là
avaitunemaîtresse
qui,d’une

manière
oud’une
autre,
menaçait
sesintérêts
et/ou
ceuxdelafamille.
3. L’enigmatique
assassinat
de ma petitesoeurUWAMARIYA
Régineentrele 9 et le 1
Décembre
2000.
|

Réginem’abouleversé
d’autant
plusqueje ne pouvai~
de ma soeurUWAMARIYA
L’assassinat
imaginer
qu’ilexistait
unepersonne
quiavait
intérêt
à éliminer
cette
pauvre
veuve
quemëm
le régime
deKigali
avaitépargnée.
C’est
seulement
après
unelongue
réflexion
quejeme sui~
souvenu
qu’elle
m’avait
raconté
lescirconstances
danslesquelles
lestrois
coopérants
belges
e~
lesprêtres
tutside Rambura
avaient
ététuésle 7 Avril1994.Je me suisparticulièremen~
souvenu
de cequ’elle
m avait
précisé
quelestrois
coopérants
belges
avaient
ét~tuéspar1
parents
I
et voisins
de Monsieur
RWABUKUMBA
Séraphin
à sonvillage
natal.
Ellem avaitdi
celalorsde lavisite
qu’elle
m’arendue
icià Arusha
enété1999sursaroute
verslaBelgiqu~
en venant
duRwanda.
Nousnous6tions
convenus
qu’elle
reviendrait
témoigner
devant
le
le moment
venu,surcesassassinats.
CommeelleétaitChefdu Personnel
au projet
GBK
Gishwati
en Avril
1994etqu’après
leretour
forcé
desréfugiés
rwandais
de1’ex-Zaïre
en19
elleétait
retournée
vivre
danscette
région,
elleétait
untémoin
privilégié
pouréclairer
circonstances
de cesassassinats
quiontét~commis
à Rambura
le7 Avril
1994.
Decefait,
ell
était
entoutcasuntémoin
singuli6rement
gênant
contre
ceuxqui,deprèsoudeloin,
avaient
ét
impliqués
dansl’assassinat
destrois
coopérants
belges
du Collège
Kibihekane.

t

Ceciestunehypothèse
parmi
d’autres
où je tenteen vainde trouver
uneexplication
à ce:
assassinats
successifs
de monfrèreet de ma soeurqui,de surcroît,
étaient
mestémoin’,
potentiels
à décharge
devant
leTPIR.
Dèslors,
jefonde
mondernier
espoir
surlesrésultats
d~
l’enquête
surla mortde ma soeurUWAMARIYA
Régine
pourévaluer
la menace
quipèsesu
mesparents
survivants
et infirmer
ouconfirmer
macrainte
de l’existence
d’une
force
occult~
quiestentrain
deme saper
le moral
en éliminant
à la foismesproches
parents
et témoins-ci
avantquemonprocès
devant
le TPIRne commence.
Veuillez
agréer,
Monsieur
leJuged’instruction,
l’expresion
dema plushaute
considération.

BAGOSORA

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