Fiche du document numéro 8656

Num
8656
Date
Dimanche 8 juin 2003
Amj
Taille
261602
Titre
Le génocide précurseur des Bagogwe
Sous titre
Communication faite à Sélestat (centre Alsace) dans le cadre d'une conférence/débat sur le Rwanda, à l'initiative de Survie Bas-Rhin et ZONE 51, le 8 juin 2003, par Bideri Diogène, professeur de philosophie et chercheur en histoire du Rwanda, initiateur de la Fondation Ntarama pour la mémoire et l’histoire.
Nom cité
Lieu cité
Type
Langue
FR
Citation
Je remercie d’abord vivement Survie Bas-Rhin et Zone 51 pour m’avoir
invité à témoigner. Mon témoignage est une page d'une histoire
personnelle et collective. Il couvre la période des trois années qui
ont précédé immédiatement le génocide des Tutsi en 1994. Les faits qui
sont exposés me touchent directement pour les avoir vécus et subis.
J’ai approché la mort de très près et cette expérience m’a rendu plus
fort pour en témoigner aujourd’hui.

Lorsqu’on témoigne au sujet d’un génocide, on ne parle pas pour
émouvoir, mais faire entrer dans le corps les mêmes sensations des
victimes.

La violence des massacres qui a eu lieu au nord ouest du Rwanda, entre
1990 et 1993, tout ce qu’ont enduré les Bagogwe, je ne suis pas en
mesure de le dire exactement et il n’est même pas possible de
l’exprimer par écrit. Car c’est de toutes ses forces que la machine
exterminatrice a roulé comme un rouleau compresseur, préludant déjà à
ce que sera le génocide de 1994. Cette machine a passé partout,
entraînant les milices et les exerçant d’avance contre les Bagogwe et
les autres Tutsi.


1. Introduction




Le massacre des Bagogwe depuis 1990, ça s’est passé comment ? Ils
étaient abattus impunément. Les Bagogwe, qui étaient-ils, pourquoi
sont-ils morts ? Qui les a tués ? Des milliers de Bagogwe, les hommes
pour la plus part ont été arrêtés et tués entre octobre 1990 et avril
1994.

Ce massacre est resté caché en même temps qu’il se produisait, il a été
nié par ceux-là qui l’ont accompli. Il a été préparé et mené selon un
programme bien précis. Il s’agissait d’essayer le génocide dans un lieu
et sur un groupe de personnes bien précis. Le lieu c’était le
nord-ouest du pays et le groupe c’était la population Bagogwe. Le lieu
s’y prêtait puisqu’il s’agissait d’une zone de combat, quadrillée par
l’armée rwandaise. Il s’agissait donc de tester le génocide sur un
échantillon bien précis[1].

L’extermination des Bagogwe n’est pas comme prétendirent certains
médias, une épisode d’une multiséculaire guerre tribale ou guerre
ethnique. Il s’agissait bien d’un programme d’extermination conçu et
appliqué par des extrémistes hutu. « L’objectif consistait bien
principalement à éliminer un groupe défini sur une base ethnique »[2].

Plusieurs milliers de personnes ont été tuées par des milices
populaires armées, constituées par les autorités locales à la demande
du commandement militaire de la région et des politiciens locaux en
représailles contre l'attaque, le 22 janvier 1991, de la ville de
Ruhengeri par le FPR. Les autorités locales avaient orchestré une
campagne dans toute la région accusant les Bagogwe d'être des traîtres
au régime.


2. Qui sont véritablement les Bagogwe ?



C'est à travers les médias en 1991, que beaucoup de personnes
découvrirent l'existence des Bagogwe. Plusieurs écrits les décrivaient
alors comme une population apparentée aux Batutsi. D'autres les
considéraient, comme des parias de la population rwandaise. Ainsi, le
journal Instant écrivait en parlant des Bagogwe: « des éleveurs
semi-nomades, apparentés à l'ethnie Tutsi…Les Bagogwe, population
primitive infrascolarisée, pour ne pas dire analphabète, vivant
dispersée depuis les années soixante au sein de la population
hutu »[3].

Les Bagogwe sont des Tutsi à part entier. En effet, dans le Rwanda
ancien, les familles Bagogwe se regroupaient en clans. L’identité
familiale était plus clanique qu’ethnique. On se reconnaissait par
l’appartenance clanique. Les plus importants lignages étaient les
« abega », les « abahumuro », et les « abatsobe ». Il y avait peu de
« Basinga ».

L’identité était aussi liée à la région occupée par une population
donnée. Ainsi, les Bagogwe ont assumé le nom de la région qu’ils ont
occupée le Bigogwe, homonyme d'une colline rocheuse « ibere rya
Bigogwe », la mamelle de Bigogwe. Les Bagarura, par exemple, étaient
la population de la région du Bugarura, les Balera la population du
Mulera. On est donc loin d’une désignation d’une sous-ethnie, ni d’une
sous-race.

Il est à remarquer que le nord du pays, hormis la région du Mutara qui
était habitée par les Bahima, et quelques familles de Tutsi Bagogwe, le
reste était pratiquement habité par le hutu.

On sait que les Bagogwe vivaient essentiellement de l’élevage de gros
bétail. Lorsque au 18e siècle le Rwanda commençait à émerger comme un
État, la puissance d’un chef se mesurait au nombre de sujets et de
têtes de bétail. Mais tous ceux qui avaient les troupeaux de vaches
n’avaient pas de portions importantes dans l’administration du Rwanda
ancien. C’est le cas des Bagogwe localisés au nord-ouest du Rwanda et
les Bahima du nord-est. Ils étaient écartés du pouvoir central.

Il s’agit, comme le souligne justement M. Gérard Prunier en parlant des
Bagogwe « des Tutsis restés fidèles à leur mode de vie traditionnel,
c’est-à-dire les derniers nomades pasteurs, des gens à l’ancienne mode
et dont personne ne se souciait beaucoup »[4].

Vers 1900, le nom Batutsi désignait au nord du Rwanda, les chefs qui y
représentaient l’autorité du roi. Ainsi par exemple, le journal de
mission de Rwaza écrivait: « les Batutsi (les chefs) n’étaient passés
par Mutanda et le Bugarula pour venir chez eux au Nduga. Leur route,
ils la prenaient par le Bukonya et le Kibaya »[5].

Dans une affaire de soulèvement des Bagalura, le même journal
rapportait en mars 1904 : « Dans la matinée le muhutu, notre vacher,
est pris par les Bagalura qui veulent le tuer, ainsi qu’un Mututsi,
mutwale du lieu, Mpatswe »[6]. Le journal insiste sur le chef du lieu
qui était un mututsi.

Par ailleurs, vers 1900, les Bagogwe étaient indistinctement assimilés
aux populations locales. Séparés des autres populations Tutsi du sud et
du centre du Rwanda, ils s’étaient installés dans des régions
majoritairement hutu.

Leur installation dans les petits royaumes du nord du Rwanda s’est
faite pacifiquement. Ils entrèrent en contact avec les clans hutu
qu’ils ont trouvés sur place, les Bazigaba, les Bagesera et les
Basinga. A cette époque, on pouvait compter beaucoup de mariages entre
les différents clans.

Mais l’origine des Bagogwe est à chercher dans la région naturelle du
Budaha, l’actuel région de Kibuye. Ils se sont déplacés avec leur
bétail en suivant probablement la crête Congo Nil couverte d’une
immense forêt. Dans cette zone, les activités pastorales y étaient
largement développées surtout sur les sommets des collines. Ils se
seraient séparés du royaume central aux XVII-XVIIIe siècles, « restant
à l’écart de la hiérarchie politique ». Installés en petits groupes des
deux côtés de la forêt de Gishwati et au sud de la forêt des volcans,
ils étaient établis dans plusieurs communes de la préfecture de Gisenyi
et Ruhengeri.

L’installation des Bagogwe dans le Budaha s’insère donc dans les grands
déplacements liés à l’expansion du Rwanda vers le nord-ouest. C’est le
roi Ruganzu Ndori qui , au XVIIe siècle, ouvre la voie vers l’ouest
avec la conquête de toute la région à l’ouest de la Nyabarongo, allant
jusqu’au lac Kivu. Mais c’est surtout sous le roi Cyilima Rujugira,
qui, au XVIIIe siècle conquit tout l’occident. Au Bugoyi. Le roi
Cyilima y était représenté par le muhutu Macumu. A ce moment, les
premiers colons batutsi se répandirent dans la vallée de la Nyabarongo,
au Budaha et au Bukonya. Dans cette région du nord-ouest du Rwanda, les
clans hutu jouissaient d’une certaine indépendance réelle[7]. De même,
les lignages Bagogwe établis dans ces régions gardèrent longtemps leur
autonomie par rapport à la cour. Les grands lignages hutu et Tutsi du
nord subsistaient en une aristocratie, des propriétaires terriens,
« Abakonde ».

Jusque là, rien ne témoigne d’une haine viscérale entre Hutu et Tutsi.
Le problème ethnique au nord du pays est liée au réveil de l’ethnisme
des années cinquante, une identification greffée au stéréotype
hutu-tutsi.

L’idéologie raciste du Parmehutu reprenait la théorie de la conquête
violente du pays par les Tutsi. Elle présentait la majorité hutu comme
opprimée par la minorité Tutsi. Selon la même idéologie, les Tutsi
formaient une caste de pasteurs qui avaient colonisé les cultivateurs
hutu. Tous les pasteurs, y compris les Bagogwe sont depuis, considérés
comme des féodaux, des conquérants et membres d’une minorité. Selon
eux, l’ennemi du hutu, n’était pas un Tutsi comme tel, mais, « la
noblesse, l’esprit aristocratique qu’il faut éradiquer[8]. Il se créa
alors la théorie des trois races distinctes et opposées. Selon les
leaders du Parmehutu, seuls les hutu constituaient le vrai peuple
rwandais, tandis que les Tutsi étaient des colonisateurs indésirables
qu’il fallait chasser du pays. Cette théorie deviendra comme une
incantation récurrente que l’élite hutu allait peaufiner dans le temps.
Une nouvelle politique d’exclusion et de persécution se mettait déjà en
route.


3. Le nord du Rwanda et la stratégie terroriste de l'« akazu »



A la fin des années 1987, les alliances entre les grandes familles hutu
de Ruhengeri et de Gisenyi s’intensifient. La région devient la plaque
tournante de la politique du pays. Au cours de multiples banquets
organisés par les dignitaires de l’akazu, on parle politique, finances
et surtout on décide de l’avenir du pays.

Il s’établit une sorte de « stratégie lignagère de la famille
Habyarimana dans sa construction des cercles du pouvoir »[9].

Les proches du président baignent dans l’abondance. Ils sèment la
terreur. Leur vie s’entoure d’un ésotérisme qu’accompagne la peur.
Cette peur est alimentée par un fétichisme aigu. Les devins de la
région sont régulièrement accueillis chez l'ex-président et les
ministres.

Début 1991, sont créées dans plusieurs communes de Ruhengeri, les
milices extrémistes hutu interahamwe. Partout les uniformes sont
distribuées dans un climat euphorique. Du même coup les Tutsi sont
pointés du doigt. Les miliciens reçoivent la mission de combattre
l’« ennemi ».

L’éducation des masses à l’idéologie et les objectifs extrémistes se
fait au moyen du journal extrémiste Kangura. Le ton monte contre les
Tutsi. Les journaux extrémistes tel Kangura soutenu par le président
commencent à paraître en 1990. Ils lancent un appel au meurtre. La
radio rwanda orchestre la propagande des ondes. La radio nationale
constituait un acteur de préparation et de déclenchement des massacres,
par la diffusion d’émissions où la haine ethnique était encouragée par
la diffusion de fausses nouvelles. Les propagandistes sont des
personnalités liées à la famille du président.

De plus en plus les gens deviennent agressifs. Un climat de terreur
s’installe dans la région. Les Tutsi sont couverts d'insultes et hués
par les jeunes miliciens. Presque toute la population devient l'œil
vigilant du MRND.

Même les directeurs d'écoles deviennent les chefs de la propagande
extrémiste.

Une sorte de clientélisme s’installa dans la région. L’élite hutu
régnait en maître. La gestion du bien commun devenait une affaire
privée de quelques individus. Ceux-ci se partageaient le gâteau et les
miettes étaient distribuées aux populations locales.

Depuis octobre 1990, une terrible polarisation du pouvoir s’installa
entre les mains de quelques individus se traduisant par un extrémisme
violent. Lorsque la guerre éclate en 1990, le nord était administré par
les purs et durs de l’akazu. Les préfets de Ruhengeri et de Gisenyi
sont membres du « réseau zéro ». Les bourgmestres sont placés là parce
qu’ils sont extrémistes. Ils bénéficient des encouragements plus ou
moins officiels et des soutiens financiers de la famille
présidentielle.

L’élite extrémiste commença alors à mettre en place une politique
destructrice, qui était le début d’une idéologie d’élimination.

Les Tutsi eux vivent dans la peur. Tout le monde a peur de tout le
monde. Tous les Tutsi sentent le danger. Les chefs de cellules dressent
les listes de Tutsi.

Pendant ces années, les Bagogwe allaient devenir les principales
victimes de la terreur hutu. Chaque revers militaire des Forces armées
rwandaises devait avoir des retombées sur les Bagogwe. Il s’agissait
d’une vengeance orchestrée par les autorités et à leur tête le
président de la République.

Le massacre des Bagogwe marquait comme le dit M. Gérard Prunier, « le
début de l’activité des escadrons de la mort rwandais et correspondait
à un moment où les tueurs n’étaient pas encore bien organisés »[10]. La
tactique est partout la même : l’armée essaye de simuler une attaque
des rebelles. Les conseillers de secteurs appellent les gens à assurer
leur sécurité- « Incendier les maisons des Inyenzi qui veulent
exterminer les Hutu ». Les autorités font courir les bruits selon
lesquels, certains officiers auraient été tués au front. Les massacres
suivent immédiatement. Certains Tutsi sont accusés de cacher des
munitions de guerre. Les faux bruits font le tour des villages. En
réaction, les gens brûlent systématiquement les maisons des Tutsi. Les
personnes sont massacrées de maisons en maisons. Les barrages sont
érigés partout. « Les interdictions de déplacement, même d’un secteur à
l’autre, furent rigoureusement mises en vigueur par un système de
barrages qui coupaient les routes et mêmes les sentiers tous les deux
kilomètres. Il était ainsi possible pour les autorités d’empêcher la
fuite des victimes »[11].


4. Pourquoi les Bagogwe ?



Des raisons stratégiques peuvent expliquer le massacre de milliers de
Bagogwe.

Le discours du président Habyarimana prononcé devant les troupes à
Gabiro le 7 décembre 1990 avait fait trembler plusieurs personnes
surtout les Tutsi. A cette occasion, le président Habyarimana
déclarait qu'il fallait venger la mort des officiers et des soldats
morts au cours de la guerre qui l'opposait au FPR[12]. Ce discours
vindicatif, renforcé par l’intoxication des journalistes eurent pour
conséquences immédiates les massacres de Kibilira dans la préfecture de
Gisenyi : 348 Tutsi étaient tués en 48 heures à Kibilira en préfecture
de Gisenyi et 18 à Satinsyi.

La vengeance promise se concrétisera quelques semaines après, surtout
après l'humiliation subie par l'armée et les notables de la région lors
de la prise de la ville de Ruhengeri, par le massacre des Bagogwe. Les
Bagogwe ont eu tort d'être là juste à ce moment. Le prétexte des
massacres fut l'attaque de la région par les rebelles. Les Bagogwe
étaient considérés comme leurs complices. Ils seront exterminés comme
les Bahima de la région du Mutara en octobre-novembre 1990. Dans la
suite, un silence absolu sera imposé aux familles des victimes par la
terreur permanente et l'isolement de la région. En tuant les Bagogwe,
les autorités militaires et civiles disaient prévenir toute
infiltration ultérieure des rebelles dans la région, les Tutsi étant
confondus aux rebelles, selon la propagande officielle. Il s'agissait
donc d'une stratégie militaire visant à anéantir le FPR en le privant
de son 'milieu naturel' supposé.

La seconde raison est politique. Les politiciens de cette région qui
ont exercé un pouvoir sans partage depuis plus de 18 ans craignaient de
le perdre par le multipartisme et le processus de démocratisation en
cours. S'ils ne pouvaient pas s'opposer au processus, ils espéraient au
moins garder un bastion inexpugnable, au besoin par la terreur, en
rendant leur région une zone d'insécurité absolue pour les autres
partis politiques rivaux de l'opposition. L'extermination des Bagogwe
leur permettrait d'attendre ce but sans grand risque dans la mesure où
ces derniers constituaient une minorité insignifiante du reste de la
population.

En s'attaquant à un groupe ethnique bien précis, c'était le rapport
entre les différents groupes ethniques qui était entamé.
L'extermination des Bagogwe visait à créer un fossé de méfiance et de
haine entre les Tutsi et les Hutu, en marginalisant tous ceux qui,
individus ou partis politiques travaillaient au dépassement des
clivages ethniques. Le massacre des Bagogwe était un message à peine
voilé à l'adresse des réfugiés Tutsi. Les autorités rwandaises
voulaient dire aux réfugiés et au FPR: 'Voilà ce que nous vous
réservons'. Il s'agissait de paralyser l'action des partis politiques
conciliants et d'intimider les réfugiés.

La même stratégie pourrait s'appliquer à d'autres régions, il suffirait
de trouver un prétexte. Ce sera le cas en 1992 dans la région du
Bugesera, où des milliers furent tués suite à une rumeur crée par le
pouvoir de Kigali. Il y eut la répétition des horreurs de Byumba,
Ruhengeri et Gisenyi. Le sort des Tutsi restait le même, périr en
masse.

Selon certains témoins, la stratégie du massacre des Bagogwe avait été
élaborée au cours d'une réunion ultra secrète tenue au domicile du chef
de l'État quelques temps avant le début de la guerre. Au cours de cette
réunion des tâches précises avaient été distribuées, notamment le
nettoyage de la région de tout ce qui est Tutsi ou nduga avant le
processus de démocratisation.

Un témoin raconte : « La réunion qui a préparé les massacres des
Bagogwe était présidée par Juvénal Habyarimana lui-même, son épouse
étant aussi présente, ainsi que le colonel Sagatwa et son épouse et un
sorcier amené par Sagatwa. C’est le Ministre Joseph Nzirorera qui était
chargé d’apporter l’argent nécessaire au préfet Nzabagerageza »[13].
Cette information est confirmée par un autre témoignage: « le président
de la République aurait présidé une réunion de « l'escadron de la
mort » au cours de laquelle le massacre des Bagogwe aurait été
décidé »[14].

Selon le même témoin, « c’est le Colonel Élie Sagatwa qui aurait
proposé l’opération du massacre des Bagogwe et le Président Habyarimana
aurait acquiescé de la tête. Nzirorera, Nzabagerageza et Côme Bizimungu
devaient chercher les bourgmestres en qui ils avaient confiance. Une
fois l’opération commencée, on devait s’assurer de la présence des
gendarmes pour que le travail se fasse « bien »[15]. Le ministre
Nzirorera devait financer l’opération.

Charles Nzabagerageza, le préfet de Ruhengeri dirigeait un comité de
coordination des massacres. Il avait recruté des gens originaires de
Ruhengeri dignes de confiance pour exterminer les Bagogwe. Joseph
Nzirorera, le chef de la milice interahamwe, et Pierre Tegera[16], le
directeur du projet de valorisation de la pomme de terre à Ruhengeri
faisaient partie de ce comité.

5. Le déroulement des massacres




Mercredi, le 23 janvier 1991, les combattants du FPR avaient lancé un
raid sur la ville de Ruhengeri. Ils avaient ouvert la prison et libéré
tous les prisonniers. La prison de Ruhengeri était réputée la plus
terrible du pays en raison de l'existence de cachots et tous
souterrains où ont séjournés des prisonniers politiques. Parmi les
prisonniers libérés par le raid du FPR, figuraient le major Lizinde,
ancien chef de la Sûreté, incarcéré pour complot contre l'ex-président
Habyarimana[17]. En libérant les prisonniers politiques, le FPR venait
d'infliger un camouflet au régime dictatorial de Habyarimana.
L'offensive de Ruhengeri, une des régions les mieux protégées par les
FAR, montrait que le FPR restait un interlocuteur incontournable dans
la recherche d'une solution au problème rwandais.

La libération de la prison de Ruhengeri, cette opération avait
fortement affaibli la crédibilité du gouvernement rwandais et fait
prendre conscience aux populations hutu la gravité de la guerre.

Devant l'échec des FAR, le président Habyarimana expliquait dans son
discours du 4 février 1991, qu'il avait ordonné une enquête pour
déterminer comment le FPR avait pu pénétrer jusqu'à Ruhengeri 'sans
inquiétude' alors que l'alerte 'semblait' avoir été donné. L'enquête
concernait directement le chef des opérations militaires dans la région
de Ruhengeri, le colonel Charles Uwihoreye et les Tutsi de la région,
tous accusés d'être des complices du FPR.

Quelques temps après le raid, le colonel Uwihoreye fut suspendu de ses
fonctions et les Tutsi pris à partie par la population. Plusieurs
furent arrêtés car ils étaient soupçonnés par le simple fait de leur
appartenance ethnique. Les gens étaient arrêtés suivant une liste de
suspects dressée par les autorités communales.

Les autorités demandaient à la population d'être vigilante. La
vigilance se traduisait par des chasses au Tutsi. Des groupes de hutu,
armés de bâtons, de machettes, de houes recourbées attaquaient leurs
voisins Tutsi, les soupçonnant de complicité avec la rébellion.

Le massacre des Bagogwe s’est fait en deux grandes étapes. La première
fut violente et dura quelques mois. Pendant cette première période,
l’armée massacrait des populations sous prétexte de combattre le FPR.
La deuxième période fut longue. Elle va de 1991 jusqu’en avril 1994.

La première période dura un mois à un mois et demi, c’est-à-dire
jusqu’à la mi-mars 1991. Après cette date, « la région était
régulièrement mise sous tension, chaque fois à la suite des incursions
des combattant du FPR sur le territoire. L’armée et les autorités
civiles attisaient cette tension en affirmant à la population hutu que
la présence des Inkotanyi n’était possible que grâce à la présence de
leurs « frères » paysans au sein de la population vivant dans cette
région »[18].

Des hommes et des femmes étaient frappés par la population et
lorsqu'ils se rendaient auprès de la commune pour chercher protection,
ils étaient arrêtés et frappés encore plus. Une série de massacres, des
attaques sauvages durèrent plusieurs semaines, les victimes étaient
accusées d’être des Tutsi. Tous ceux qui étaient tués étaient des
civils qui n’étaient pas impliqués directement dans les combats.

Un ratissage organisé commença dans la région. Le bataillon para avait
été dépêché de Kanombe par le colonel Serubuga pour aller effectuer un
ratissage systématique dans la ville de Ruhengeri et ses environs. Le
camp bataillon de Mukamira devait s’occuper du nettoyage dans les
communes de Mukingo et Nkuli. Les FAR exécutèrent sur-le-champ tous les
prisonniers libérés par le FPR qui ne les avaient pas suivis.

Les autorités rwandaises qui venaient de massacrer les Tutsi de la
région, déclaraient sur les antennes de la radio nationale que les
troupes gouvernementales avaient tué une centaine de rebelles[19]. En
réalité, ils venaient d'exterminer des populations civiles Tutsi sans
défense.



6. Le rôle de l'armée



Rappelons que, jusqu’en 1992, le président Habyarimana était le chef
d’État-major. Il était secondé par deux chefs d’État-major adjoints,
l’un pour la gendarmerie, le colonel Célestin Rwagafilita[20], l’autre
pour l’armée de terre, le colonel Laurent Serubuga[21]. Tous les trois
étaient impliqués directement dans les opérations de l’armée. Après
l’incursion du FPR dans la ville de Ruhengeri, ils donnèrent l’ordre à
l’armée rwandaise d’attaquer et de massacrer systématiquement les
populations civiles Tutsi localisées au nord-ouest du pays.

Partout, la situation était caractérisée par une intervention de
l’armée et des autorités civiles pour attiser la tension. L’armée
assurait l’encadrement des groupes de paysans avant de les envoyer
tuer. Ils tuaient en toute impunité. La situation d’impunité permit aux
tueurs de tuer et de piller les biens des Tutsi. Les biens pillés
étaient utilisés par les pilleurs au su de tout le monde. Les toitures
de maisons étaient démontées, des portes et des fenêtres emportées, des
meubles et des ustensiles enlevés.

Selon plusieurs témoins, les ordres de tuer les Tutsi étaient
communiqués aux commandants des secteurs d’opérations par télégramme ou
par réseau radio[22].

Dans la plupart des cas, les milices paysannes étaient encadrées par
les militaires. Ils leur fournissaient des fusils et des grenades.
« Certains Tutsi ont été arrêtés et exécutés immédiatement, que ce soit
chez eux ou à l'extérieur. Il existait, sinon des ordres- ce qui a été
toutefois affirmé- au moins une tolérance par l’armée et les autorités
civiles et judiciaires, accordée aux groupes des civils armés,
permettant à ces derniers d’exécuter immédiatement les personnes
arrêtées, sans les acheminer jusqu’aux autorités »[23].

Pendant la nuit du 3 au 4 février 1991, les militaires du camp Bigogwe
tuèrent des dizaines de familles de Bagogwe. Le colonel Serubuga avait
ordonné au commandant du camp de déployer des soldats dans la commune
Mutura. Le bataillon devait encadrer les miliciens au cours des
tueries. Plusieurs personnes furent tuées par des groupes de
militaires, appuyés par des membres de la population. Lorsque les gens
n’étaient pas exécutés sur place, les futures victimes étaient emmenées
en camion dans les lieux où avaient lieu des exécutions collectives.

Quelques officiers sans scrupules seront à la tête de hordes de tueurs.
Au début des massacres, le major gendarme, Jean Marie Vianney
Nzapfakumunsi[24] avait été nommé commandant de la gendarmerie , à la
place du colonel Uwihoreye. Il va exécuter systématiquement le plan des
massacres des Bagogwe et d’autres Tutsi dans la région de Ruhengeri.
Les gendarmes étaient mobilisés. Ils étaient ensuite envoyés superviser
les tueries. Les gendarmes procédaient aussi à l’arrestation des Tutsi.
Ceux-ci étaient conduits au cachot communal. Les personnes arrêtées
étaient exécutées en présence des gendarmes. A Kinigi, une femme témoin
des massacres raconte avoir vu les militaires exhorter la population à
tuer. Les militaires appelaient les gens à tuer avec des machettes sans
même les leur amener. « les couper en morceau disaient-ils »[25].

Un autre officier-bourreau, le major Muvunyi[26] des FAR avait été muté
à Ruhengeri pour traquer les Tutsi. Pendant le ratissage, il fit le
tour de la région en massacrant tous les tutsi soupçonnés d'être les
complices du FPR. Un jour, dans la commune de Nkumba, il obligea le
père et ses fils à creuser leur tombe de leurs propres mains. Lorsque
la fosse fût terminée, il les exécuta à coup d’une houe. Plusieurs hutu
assistaient à l’exécution.

Alors que l’après-midi du 23 janvier 1991, les soldats du FPR avaient
évacué la ville de Ruhengeri, les bombardements des FAR continuaient
dans la zone de Kinigi. Ces bombardements durèrent plusieurs jours. Le
bruit des canons servait de couverture aux massacres. Il s’agissait de
faire croire aux gens que la guerre continuait. Les soldats avaient
bouclé la région. Ils disaient poursuivre l’ennemi qui s’y cachait. Les
militaires étaient déployés partout. Personne ne put s’échapper. Des
centaines de Tutsi furent assassinés chez eux. Les policiers communaux
arrivaient les premiers sur les lieux de crimes. Ensemble avec les
gendarmes ils devaient s’assurer que les miliciens étaient suffisamment
armés. Ils devaient s’assurer que le secteur était bouclé. « Les
barrages étaient nombreux sur toutes les routes, les pistes et les
sentiers, distants en moyenne de deux kilomètres. Il était donc
impossible aux victimes potentielles ou réelles de s’échapper d’une
commune à l’autre. C’est ce qui a expliqué le peu de réfugiés dans les
pays voisins et même dans les paroisses. Ces victimes étaient
contraintes d’attendre leurs bourreaux chez elles, impuissantes et
résignées »[27].

La chasse au Tutsi continuait dans tous les secteurs de Kinigi, surtout
dans la zone de Nyarugina.



7. Les régions ravagées par les massacres



Le massacre des Tutsi fut systématique à partir du 23 janvier 1991.

A partir du 25 janvier 1991, M. Kajelijeli Juvénal, le bourgmestre de
Mukingo mobilisa la police communale et les gardes forestiers qui
sillonnaient la région à la recherche des Tutsi.

Le véhicule de la commune Mukingo, une camionnette Toyota-hilux jaune
et une autre camionnette bleue ayant appartenu auparavant à
l’Université de Nyakinama, transportaient des gens arrêtés chez eux.
Ils étaient ensuite mis dans les cachots de la commun. Là, ils étaient
battus à mort. Ensuite, ils étaient fusillés en présence du
bourgmestre, Kajelijeli et du lieutenant Hasangineza. Dans la soirée,
les corps étaient transportés par le véhicule de la commune. Les corps
étaient jetés dans les grottes de Nyaruhonga[28].

Mardi 29 janvier 1991. Cela faisait exactement 7 jours que les éléments
du F.P.R avaient investi la ville de Ruhengeri, forcé la prison dite
spéciale de cette ville et emporté avec eux une bonne partie des
prisonniers politiques. Une semaine, jour après jour, que durait le
cauchemar baptisé « opération nettoyage » ou ratissage qui visait les
membres mâles, jeunes et vieux des familles Bagogwe.



Quelques récits




Ruhengeri


Une voiture vient de stationner devant un enclos. C'est la fameuse
camionnette bleue de l'Université campus de Nyakinama. A son bord, le
très redoutable lieutenant BONIFACE HASANGINEZA du camps Mukamira,
celui-là par qui les disparitions arrivent.


- L’officier exhibe un mandat d’amener signé par KAJELIJELI, le
bourgmestre de la commune de Mukingo, et embarque Monsieur BUKUMBA
AUGUSTIN[29] et son oncle RUDATINYA. La vielle maman de Bukumba, qui a
sans doute pressenti le sort qui attend son fils, tente de
s’interposer. Elle sera bousculée sans ménagement et jetée sur la
chaussée. Cette nuit-là on entendra des coups de feu discrets au bureau
commune.

Ils furent fusillés le soir même. Les familles des victimes ignoraient
le sort des détenus. Comme d’habitude ils continuaient à se présenter
devant le bureau communal pour demander les nouvelles des leurs sans
recevoir de réponse. Pour ne pas éveiller des soupons sur l’exécution
des prisonniers, le bourgmestre dit qu’ils les avaient été transférés à
la prison centrale de Ruhengeri.


- SABIN NSHUTINZIMA et son frère PIERRE CHRYSOLOGUE MUTANGUHA et
d’autres personnes avaient été arrêtés en 1990. Ils étaient accusés
d’être complices du FPR. Ils furent libérés lors du raid du FPR dans la
ville de Ruhengeri. Quelques heures après leur libération, ils furent
assaillis par une foule de miliciens. Ils furent tués à coups de
lances. Leurs neveux FLORENT NDAYAMBAJE (23 ans) et FLORIBERT NDAYIZEYE
(17 ans) qui avaient tenté de trouver refuge à Ruhengeri y ont été
arrêtés par les hommes de Kajelijeli avant d’être transférés dans leur
village natal (Gataraga) où ils ont été passés par les armes le 6
février 1991. La camionnette communale vint charger les cadavres qui
furent ensuite jetés dans les grottes de Nyaruhonga. Les autorités
communales répandaient la rumeur selon laquelle les victimes avaient
rejoint le FPR.

- Marie a 33 ans et six enfants. Elle est veuve et tutsi. Au mois de
février 1991, certaines personnes ont commencé à la menacer. « Les
soldats sont venus chez moi, dit-elle. Ils m'ont frappé avec du fil
électrique. Dis-nous où sont les Inkotanyi, me demandaient-ils. Ils ont
aussi frappé mes enfants. Ils m'ont conduite au cachot de la commune,
où je suis restée trois jours sans manger. Nous étions 70 personnes
ainsi arrêtées, régulièrement battues et les femmes violées. Quatre
personnes sont mortes. Après, j'ai passé encore deux mois à la prison
centrale ».

Lorsque les rescapés demandèrent les certificats de décès des membres
de leurs familles, les autorités communales refusèrent d'en délivrer
arguant que les victimes avaient rejoint la rébellion. Ils n’avaient
pas l’usufruit des biens laissés par les victimes. Le préfet de
Ruhengeri, Charles Nzabagerageza et le président de la cours d’appel,
Albert Mutuyeyezu, les chefs militaires organisèrent une émission
radiodiffusée le 12 mars 1991, dans laquelle ils expliquaient qu'il n'y
avait pas eu de massacres de Bagogwe.

Le président et son gouvernement justifiaient les massacres par la
situation de guerre dans le nord du pays. Selon eux, la population hutu
était furieuse à cause de l’attaque de la ville de Ruhengeri. Et
pourtant les combats n'avaient touché que trois secteurs de la commune
de Kinigi et Kigombe (une commune étant composée de plus de 16
secteurs). La guerre n’avait pas touché les communes de Mukingo,
Mutura, Nkuli, Karago, Giciye, de la préfecture de Ruhengeri et
Gisenyi.

Les arrestations et les exécutions sommaires atteignirent d’énormes
proportions. Les grottes de Nyaruhonga regorgeaient de cadavres.

Dans toutes les communes où les massacres ont été commis, le travail
avait été organisé de manière telle que les bourreaux provenaient d’un
secteur différent de celui des victimes pour éviter toute tentation de
compassion ou tout sentiment humain en face d’un visage familier.

La stratégie des massacres prévoyait le silence sur les tueries.
L’endroit des massacres était inaccessible. Cette région était sous le
contrôle de l’armée. Kigali, la capitale était loin. L’akazu avait
donné des consignes aux autorités locales- Le massacre des Bagogwe
devait rester caché.

Un des enquêteurs belges pouvait constater en août 1992: « Lors de
notre première mission, au mois d’août 1991, des rumeurs commençaient à
circuler sur une éventuelle reprise des tueries. Des témoignages nous
étaient déjà communiqués, qui parvenaient toutefois difficilement à
Kigali étant donné le quadrillage de la région du nord par l’armée et
par des milices paysannes, souvent encadrées par des réservistes ou par
des autorités locales »[30].

Dans la commune voisine de Nkuli, les tueries commencèrent directement
après l’attaque de Ruhengeri. Les hommes bagogwe furent arrêtés et
conduits au bureau communal de Nkuli. La mission adventiste de Rwankeli
fut envahie par les miliciens. Ils embarquèrent les pasteurs Tutsi au
camp militaire de Mukamira. Là, ils furent torturés toute la nuit. Les
soldats avaient allumé le feu autour duquel ils avaient disposé les
victimes. Avec du métal chauffé ils les écorchait les victimes. Vers 5
heures du matin, on chargea les corps dans les sacs soigneusement
couverts d'une bâche. Les camionnettes prirent la direction de
Nyaruhonga. Ensuite, les cadavres furent jetés dans les grottes par
trois ou quatre.

A Kinigi, le massacre des Bagogwe commença le 27 janvier vers 15heures.
« Des conseillers communaux ont amené les Bagogwe à un endroit qui
s’appelle « rond point », situé à quelques centaines de mètres du
bureau communal. Les victimes ont été assassinés, dans un premier temps
avec des machettes, des pierres et des lances sous forme de bambou
acéré. Par la suite, un militaire a tiré des balles sur chacune des
victimes »[31].

Les tueurs suivaient les instructions du bourgmestre Gasana. Plusieurs
corps furent entassés dans une fosse commune creusée sur son propre
terrain.

Les massacres furent menés en gros par les gardes forestiers munis de
fusils pour répondre à une riposte insoupçonnée des victimes. Ces
protecteurs du parc national des volcans, recrutés exclusivement parmi
les anciens militaires se sont livrés à une poursuite impitoyable,
décimant les groupes de Bagogwe qui tentaient de gagner la forêt.

Les populations Batwa recrutés auparavant comme danseurs du parti hutu
MRND furent utilisés par les miliciens et les FAR pour violer les
femmes Bagogwe.


Gisenyi

La vague des tueries s’étendait à la région de Gisenyi. Les tueries
s’organisèrent au tour du camp militaire de Bigogwe, situé à moins de
trente kilomètres de Gisenyi. Le camp militaire abritait plusieurs
recrues. Il s’agissait en grande partie de miliciens interahamwe qui
venaient passer quelques mois au camp avant de regagner le front.

Non loin du camp habitaient plusieurs familles bagogwe.

« Pendant la nuit du 3 au 4 février, les militaires ont tiré pendant
quelques heures répétant le simulacre de Kigali au mois d’octobre
précédent. Le matin suivant, les militaires sont partis à la recherche
des forces du FPR qu’on disait dans les environs ou, faute d’eux, des
« complices » qui auraient pu faciliter leur attaque »[32].

Les Bagogwe étaient immédiatement exécutés et jetés dans des fosses
communes. « Des cadavres y étaient enchevêtrés les uns contre les
autres »[33]. Les victimes étaient tuées en masse et assommées par des
massues, découpées par des machettes. Quelques personnes étaient
enterrées encore vivantes.

Ceux qui n’avaient pas étaient tués ce jour-là, étaient transportés en
autobus de l’Onatracom vers Gisenyi où les lieux d’exécution avaient
été aménagés. Plusieurs victimes furent tuées au camp militaire de
Gisenyi. Un témoin raconte: « Plusieurs détenus et anciens détenus de
la prison de Gisenyi, que nous avons rencontrés, nous ont expliqué que,
pendant une dizaine de jours, des prisonniers de droit commun ont été
requis chaque jour pour enterrer des Batutsi dans le cimetière public
de Gisenyi ». D’après les témoignages de prisonniers qui ont participé
aux enterrements correctifs, il semble que beaucoup de gens soient
morts à la brigade de Gisenyi. Les Tutsi étaient arrêtés et tués dans
la nuit généralement dans les cachots communaux.

Dans plusieurs cas, les personnes arrêtées par la gendarmerie étaient
tuées sur le champs. C’est le cas de trois étudiants de l’Université
adventiste de Mudende en commune Rwerere. Ils furent exécutés aux
environs de l’école et leurs corps furent découverts quelques jours
après. Une jeune fille de la même région qui tentait de traverser de
fuir vers le Congo voisin (ex- Zaïre) fut arrêtée par les Interahamwe.
Elle fut battue jusqu’à la mort.

A Mutura, un soldat du camp de Bigogwe avait trouvé la mort dans les
affrontements avec les Bagogwe qui essayaient de se défendre,
redoublant d’autant la férocité des massacres. Les FAR accompagnés de
civils hutu se livrèrent au carnage sans distinction : même les bébés
étaient arrachés du dos de leurs mères pour être coupés en morceaux.

A Kanama, des militaires de Gisenyi sont venus prêter main-forte à des
groupes de civils hutu qui avaient ouvert la chasse aux Bagogwe et plus
généralement à la population Tutsi de la région. Un certain Phocas
Nkinzingabo, 30 ans, fut transporté vivant à Gisenyi où il fut achevé
par des femmes et des enfants de militaires. Une fosse commune avait
été aménagé non loin du camp.

Les massacres continuèrent. En 1992, 9 mille Bagogwe sont massacrés
avec femmes et enfants. Souvent, on tuait avec des grenades.

Presque tous les hommes Bagogwe avaient été exterminés au cours des
deux premières années. Il restait dans la régions des veuves, des
orphelins et des personnes âgées. Les rescapés, en majorité des femmes
et des enfants, se trouvaient dans une situation dramatique après la
mise à mort, souvent devant eux, de leurs maris, de leurs pères, de
leurs frères ou de leurs enfants. Sans protection, plusieurs femmes ont
été violées. Terrorisés, les rescapés avaient été pillés, leur bétail
liquidé, leurs cultures ravagées.

A partir du 8 février 1993, l’extermination va atteindre toutes les
catégories, les femmes et les enfants seront aussi visés.

La tactique des tueries va changer. Les gens sont arrêtés en masse et
regroupés dans un même endroit. Ils sont ensuite tué à coups de
grenades. Ceux qui tentent de s’échapper sont abattus pas la police
communale qui encadre le lieu d’exécution. Durant cette période, le
viol des jeunes filles se faisait en toute impunité.



8. Les médias



Dans son dixième numéro, le journal Rwanda Rushya[34] avait dénoncé le
répression exercée sur la population Bagogwe. Les journalistes qui en
parlèrent furent accusés de jouer le jeu de l’ennemi, de chercher à
diviser le pays[35]. Le journal extrémiste Kangura éleva la voix pour
nier les massacres, tout en regrettant qu’ils n’aient pas eu lieu.

Son rédacteur en chef écrit: « La presse pro-inkotanyi a largement
diffusé ces derniers temps de longues listes de combattants du FPR
recrutés au sein du groupe Bagogwe, une sorte de Bohémiens rwandais
appartenant aux Bahima (…) un certain nombre portés disparus sont bel
et bien dans les rangs des agresseurs inyenzi-inkotanyi (…) Ces dits
Bagogwe ou Falacha (…) ont cependant intérêt à se convertir à une vie
civilisée des autres rwandais (…) avant qu’il ne soit trop tard pour
eux »[36].

Ceux qui dénoncèrent les massacres des Bagogwe subirent des
répressions. Ainsi, M. Fidèle Kanyabugoyi, originaire de Kinigi,
directeur au Ministère des Travaux publics et membre de l’association
de défense des droits de l’homme dénommée Kanyarwanda fut arrêté en
1992 et 1993. Il fut l’objet de menaces de mort à la fin du mois d’août
1992. Il avait collecté des informations sur le massacre des Bagogwe en
1991. Il fut convoqué par le procureur général de la cour de cassation
pour qu’il s’explique sur son enquête au sujet du massacre des Bagogwe
et surtout sur le fait qu’il avait conclu à l’implication du
bourgmestre de Kinigi. Le 29 août 1992 son domicile fut attaqué par les
hommes armés. Deux ans après, il fut pendant le génocide.

Les associations de défense des droits de l’homme don’t ARDHO avaient
commencé une enquête sur le massacre des Bagogwe. Mais aucun rapport
n’avait été publié. Elles purent alerter l’opinion publique à travers
les radio internationales.

Pendant ce temps, les partis politiques s'enfermèrent dans un mutisme
obstiné. Le parti du président, le MRND nia les massacres. Il le fit
par l'intermédiaire des autorités préfectorales des régions touchées
par les massacres. Après tout, ce sont ses membres qui avaient ordonné
ces massacres. Il chercha d'abord à étouffer les rumeurs, en maintenant
la terreur sur les rescapés pour les empêcher de parler. Les autorités
locales avaient bloqué toutes les issues pour leur interdire la fuite.
Des sévères restrictions de circulation avaient été prises à l'encontre
des personnes étrangères à la région. Pour les habitants de la région,
les permis de circulation sont parcimonieusement distribués uniquement
aux personnes sûres, c'est-à-dire aux Hutu. Même après les massacres,
les tueurs furent maintenus dans leurs fonctions et ceux qui tentèrent
de s'opposer aux massacres, comme l'ancien Ministre de l'Intérieur,
J.M.V. Mugemana et l'ancien bourgmestre de la commune de Mutura furent
limogés.

Selon un témoin, le parti politique MDR aurait tenté de condamner
publiquement les massacres, mais l'aile conservatrice bloqua
l'initiative. La lutte contre les Tutsi était toujours à l'ordre du
jour. Lors du congrès constitutif du PSD tenu à Kigali, le 1 juillet
1991, une des commissions a proposé la condamnation des massacres. La
direction provisoire du parti adopta l'idée d'attendre une enquête
approfondie. Le PL n'aborda pas la question non plus, préférant le
silence rassurant devant le terrorisme du régime.



9. L'opinion internationale



L’ampleur des massacres croissait sans cesse : les massacres
progressaient impunément. Dans les communes touchées par les massacres,
les femmes et les enfants restaient toujours nombreux mais ils
continuaient de souffrir des menaces, arrestations, et viols[37].

Il a fallu plus de trois mois pour que l’information filtre. Seules les
associations de défense des droits de l’homme basées au Rwanda avaient
mené des enquêtes dont les conclusions faisaient état d’exécutions
massives de civils.

Une première enquête internationale sera menée par Eric Gillet et André
Jadoul, avocats au barreau de Bruxelles[38]. Leur enquête provoqua des
représailles sur les rescapés des précédents massacres. Les autorités
rwandaises accusaient les Bagaogwe d’avoir indiqué aux enquêteurs les
lieux où se trouvaient les charniers des récents massacres.

Le rapport des enquêteurs belges établissait les circonstances et les
auteurs des massacres. « La population hutu, sous l’instigation de
l’armée et de certaines autorités civiles locales, s’en est prise à la
communauté des Bagogwe. Ceux-ci sont apparentés aux Batutsi. Les
persécutions ont consisté en pillage de maisons, en assassinats, en
emprisonnements également. Les assassinats ont rapidement pris une
ampleur telle qu’on a pu parlé des massacres, voire de génocide. Très
rapidement, de nombreuses listes de victimes ont circulé »[39]. Le
rapport des enquêtes avait été remis à la Commission des Droits de
l’homme à Genève. En réaction, le Rapporteur spécial de la Commission
des Droits de l’Homme avait envoyé au gouvernement rwandais une lettre
transmettant des renseignements qu’il avait reçu concernant six
incidents allégués d’exécutions extrajudiciaires. Un des incidents
concernait le massacre des Bagogwe[40].

Les divers rapport font mobiliser l’opinion internationale contre le
président et sa famille.

En mai 1992, Amnesty Internationale montrait que les Bagogwe étaient la
« cible d’élimination ».

La clameur soulevée au Rwanda par les différents rapports des
associations de défense de droit de l’homme et la lettre du Rapporteur
spécial exercèrent une forte pression sur le Président Habyarimana et
son entourage. Le président sentait venir la tempête. Sur le plan
militaire, la rébellion tenait en tenaille les Forces Armées
rwandaises.

Contraint par une montée en créneau de plusieurs associations de
défense de droits de l’homme et l’insistance de la Commission des
droits de l’homme à fournir les explications au sujet des massacres de
populations Tutsi, le président Habyarimana dût reconnaître l’existence
des massacre dans le pays. Face aux graves accusations, il promit
d’arrêter les tueries. Dans sa réponse à lettre du Rapporteur spécial,
il s’engageait à prendre des « mesures additionnelles pour empêcher que
d’autres pertes de vies humaines ne se produisent dans des conditions
analogues, à savoir : des négociations pour mettre fin à la guerre
interethnique dans le nord du pays et un séminaire à l’intention des
militaires avec pour thème le respect des droits de l’homme en période
de guerre »[41]. Mais, nul part il parle de la répression pour des
crimes et des délits commis par les autorités civiles et militaires. Il
espérait ainsi faire taire les voix accusatrices et coaliser l'opinion
publique sur le problème de la guerre. Tout en reconnaissant que des
centaines de Tutsi avaient été tués par l’armée rwandaise, le président
Habyarimana rejetait les responsabilités sur le FPR, puisque les
victimes « étaient tombées sur le champ de bataille »[42].

La question des massacres des Tutsi fut de nouveau soumise à la
quarante-neuvième session de la Commission des droits de l’homme[43].
Plusieurs rapports soulevaient la question de la torture et des
disparitions forcées. « Un certain nombre de civils qui avaient été
incarcérés auraient par la suite disparu ; on craignait qu’ils n’aient
été tués pendant qu’ils étaient gardés à vue, au cours de leur
transfèrement d’une prison à une autre ou à l’intérieur des locaux de
la prison, puis enterrés secrètement »[44].

Au début de l’année 1993, des organisations rwandaises de défense des
droits de l’homme avaient invité le Rapporteur spécial à participer à
une commission d’enquête internationale. Déclinant l’offre, il avait
répondu qu’il appartenait aux autorités rwandaises de mener des
enquêtes sur les massacres.

Une Commission internationale d’enquête sur les violations des droits
de l’homme se rendit au Rwanda du 7 au 21 janvier 1993[45]. Un travail
sur terrain avec d’importants moyens logistiques et scientifiques
permirent à la Commission de dresser un rapport détaillé sur les
massacres des Bagogwe. Le rapport montre minutieusement les mécanismes
des massacres et décrit les techniques utilisées. Le rapport de la
Commission identifie clairement les responsables des massacres. Sur la
question du génocide, le rapport de la Commission était explicite.
« L’horreur de la réalité observée par la Commission estompe en fin de
compte l’importance du débat juridique sur la qualification de
génocide. De nombreux Tutsi, pour la seule raison qu’ils appartiennent
à ce groupe, sont morts, disparus ou gravement blessés ou mutilés ; ont
été privés de leurs biens ; ont dû fuir leurs lieux de vie et sont
contraints de vivre cachés ; les survivants vivent dans la
terreur »[46].

Le rapport de la Commission internationale fut suivi par la visite du
Rapporteur spécial au Rwanda entre le 8 et le 17 avril 1993. Son
rapport confirmait celui de la Commission internationale. Il faisait
état de massacres de populations civiles Bagogwe. Selon le rapport, « le
nombre de victimes a parfois atteint des proportions tragiques, comme
par exemple à Kibilira, où au moins de 348 personnes auraient été
exterminées en quarante-huit heures peu de temps après le déclenchement
de la guerre en octobre 1990 »[47]. Plusieurs éléments avancés
montraient qu’il agissait d’un génocide. Le rapporteur constata
lui-même que « les victimes des attaques, des Tutsi dans l’écrasante
majorité des cas, ont été désignés comme cible uniquement à cause de
leur appartenance ethnique, et pour aucune autre raison
objective »[48].

Comme dans les rapports précédents, le Rapporteur spécial dénonçait le
massacre des Bagogwe comme un crime contre l’humanité. Les différents
rapports avaient montré « la responsabilité du Chef de l’État et de son
entourage immédiat, entre autre familial » dans les massacres et dans
les exactions perpétrés à l’encontre des Tutsi et des membres de
l’opposition »[49].

Malgré l’insistance du rapporteur spécial auprès du gouvernement
rwandais de prendre des sanctions contre ceux qui étaient impliqués
dans les massacres, aucun suspect ne fut appelé à s’exprimer devant une
cours ou une commission de justice.

Le rapport de la commission internationale qui avait été présenté à la
Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies fut relégué au
second plan. Le Rapport du rapporteur spécial des Nations Unies sur les
massacres au Rwanda n’eut pas de suite. Et pourtant il affirmait que la
qualification de génocide devait être retenue en ce qui a trait aux
massacres des Tutsi.

La communauté internationale se laissa piéger par le simple aveu du
gouvernement rwandais. Dans la suite, aucune mesure énergique ne fut
prise à l’encontre des criminels.


Conclusion



Le massacre des Bagogwe ne fut pas comme le disait le président
Habyarimana, une réaction spontanée de la population hutu. L’ordre de
tuer venait du président lui-même. Au sommet de la machine
d’extermination se trouvait l’armée. C’est elle qui a joué « le rôle de
l’incitation aux meurtres, c’est elle qui en a fourni les
justifications, notamment pour venger la prise la prison de Ruhengeri,
et en désignant les Bagogwe comme ceux qui auraient rendu possible ce
grave revers de l’armée rwandaise. On accusait les Bagogwe d’être
complices de prétendues infiltrations du FPR dans cette région[50].

Dans ce contexte, un certain nombre de cadres de l’armée bien
identifiables jouèrent un rôle d’incitation, de propagation et
d’encadrement des tueurs. Ils fournirent un appui logistique aux
tueurs: « arrestations des Tutsi jusque dans les maisons : exécutions
sur place, mauvais traitements et exécutions dans les camp militaires,
transfert des rescapés dans les prisons officiels, utilisation des
camions militaires pour transporter les prisonniers et les corps des
victimes »[51].

Beaucoup de faits font croire que le massacre des Bagogwe et les autres
tueries qui ont eu lieu à la même période, étaient le début d’un vaste
projet d’extermination des Tutsi. Tous ces massacres servirent
d’échantillon au génocide de 1994. Ils permirent d’évaluer le coût
d’une telle opération, le nombre de personnes à déployer et la
technique de dissimulation pour masquer le crime. Le gouvernement avait
adopté la stratégie de la négation et du mensonge face à des
accusations des médias et des associations de défense des droits de
l’homme. Pendant cette période, de nombreux corps furent enterrés
clandestinement, d’autres jetés dans les grottes. A part les bourreaux,
personne d’autre n’a pu constater le décès. La disparition des corps
faisait planer un doute sur la mort réelle des gens. Les autorités
affirmaient que plusieurs Bagogwe avaient rejoint le FPR. De fait, les
victimes devenaient des traîtres[52]. Le gouvernement refusait de
délivrer les certificats de décès, en prétendant que les victimes
avaient rejoint la rébellion.

Le massacre des Bagogwe fut lourdement financé. On sait que les
extrémistes hutu bénéficiaient des soutiens financiers. L’argent venait
des caisses de l’État et des comptes privés. Le rôle de certaines
banques est indéniable. Presque tous les directeurs de banques et
d’autres instituts financiers étaient membres de l’Akazu[53].

A cette époque, les membres de l’akazu profitaient de leurs postes pour
détourner les fonds afin de financer l’achat des armes et de payer les
milices[54]. Plusieurs activités illicites étaient tolérées par le
gouvernement. Les transactions allaient du trafic de gorilles et de
drogue au trafic d'or. Les mêmes lobby mafieux seront impliqués dans le
génocide de 1994.






Textes de référence


- Commission des Droits de l’Homme. Question de la violation
des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, présenté par M. S.
Amos Wako. Quarante-huitième session, 31 janvier 1992, p 125.

- Rapport de la commission internationale d’enquête sur les
violations des droits de l’homme au Rwanda depuis le 1er octobre 1990,
(FIDH, Africa Watch..Mars 1993).

- Commission des Droits de l’Homme. Question de la violation
des Droits de l’homme et des libertés fondamentales, présenté par M. B.
W. Ndiaye, rapporteur spécial, sur la mission qu’il a effectuée au
Rwanda, du 8 au 17 avril 1993, cinquantième session, 11 août 1993, pp
1-37.

- Human Rights Watch, Aucun témoin ne doit survivre. Le
génocide au Rwanda, Karthala, Paris 1999.

- Rwanda, death. despair and defiance, African Rights, sept.
1994.


ANNEXES






Tableau 1 : La répartition de la population dans le nord-ouest du Rwanda, octobre 1990



Tableau 2 : les massacres des Bagogwe entre 1990-1994. 1990-1992: de 100 mille, la population des Bagogwe est passée à 50 mille personnes. 1992-1994: de 50 mille, les Bagogwe sont passés à 0 personne

Carte des massacres des Bagogwe

Gisenyi:

Kibilira: 11/10/90 à 15 heures, 348 personnes tuées, 550 maisons
brûlées

Satinsyi: 1990/91/93

Mutura: 1-2.1991

Rwerere: 1-2.91

Giciye: 1-2.91

Kayove: 1-2.91

Gaseke: 1.93

Kanama: 1.93

Rubavu: 1.933

Ramba 1/93


Ruhengeri

Mukingo: 1.91/2.93

Kinigi: 1.91

Nkuli: 1.91/2.93

La liste des victimes Bagogwe (janvier-février 1991)

[55]


Commune Mukingo

1. Baheja Antoine

2. Bajyagahe Bernard

3. Biniga Faustin, enseignant

4. Bisenge

5. BUKUMBA AUGUSTIN, 41 ans, fonctionnaire de la Cours d'Appel de
Ruhengeri, secteur Rwankeli (tué le 29 janvier 1991 par le bourgmestre
de Mukingo, Juvénal Kajelijeli et le lieutenant Boniface Hasangineza).

6. Buturwande

7. Gasahani J.Damascène, enseignant

8. Kabango

9. Kabeja, Inspecteur de police judiciaire

10. Kaderevu

11. Kayobora

12. Komini

13. Manzi Buhirike, enseignant

14. Mashage

15. Munangu

16. Mutanguha Pierre Chrisologue

17. Mvukiyehe

18. Ndayambaje Florent

19. Ndayizera Floribert

20. Ngerero

21. Nshutinzima Sabin, enseignant

22. RUDATINYA (oncle de Bukumba), 70 ans, agriculteur, secteur
Rwankeli

23. Sebuhayo

24. Sebukayire François

Commune Nkuli

1. Binyavanga Assiel

2. Bundugu (+ son neveu)

3. Busoma

4. Butarika

5. Donatien

6. Gafuranende

7. Gaston

8. Gatemba Alexandre

9. Gatembo

10. Gaterura Vénuste

11. Halleluya

12. Havugimana Emmanuel

13. Ijigija Félicien

14. Jean

15. Joel

16. Kabilika Thomas

17. Kaboga

18. Kamali

19. Kamari Bernard

20. Kanyamajembwe

21. Kanyove

22. Karasira

23. Karasira

24. Kayiranga

25. Kayitsinga

26. Kayumbu, enseignant

27. Miharizo

28. Mugiraneza

29. Mukarukeba (+ son bébé)

30. Nkaka

31. Nyiragashyamba

32. Nyiragasimba

33. Pasteur Alphonse Gashyashyari

34. Pasteur Kanamugire

35. Pasteur Masabo Samuel

36. Rukanika

37. Ruzindana

38. Rwamagana Jean

39. Sebarara

40. Sebubereri

41. Sekamasa

42. Zirimwabagabo Charles

Commune Karago (secteur Nanga)

1. BILIKO, 60 ans

2. BUSHABAYANGWE, 45 ans

3. BUSOMA, 35 ans

4. CYONA, 60 ans (+ 4 personnes de la même famille)

5. DONATIEN, 20 ans

6. GAKWANDI, 70 ans

7. KAYIRANGA FLORENT (agronome de l'OPYRWA à Mutura, tué à
Mwiyamike en commune de Karago).

8. MUNYAMPAME, 40 ans

9. RWABULINDI, 35 ans

10. RWAMUCYO, 28 ans (+ tous ses enfants)

11. RWISUMBURA, 20 ans

12. SEBUYANGE, 45 ans

13. TEGERA, 35 ans

Commune Gaseke

1. BAZINGE, 47 ans, idem

2. BEATRICE, 29 ans (et son enfant) secteur Mwendo

3. BYANZEKUNINA, 20 ans, idem

4. GAFUREBO, 55 ans, idem

5. GAFUTA, 45 ans, secteur Rwili

6. GASARABA, 45 ans, idem

7. GASIRABO

8. GATOSHO, 65 ans, idem (+ un fils)

9. GUMIRIZA, 60 ans, idem

10. KANABURENGE, 40 ans, idem

11. KARASANYI, 65 ans, secteur Nyamugeyo

12. KAYAGWE, 50 ans, idem

13. MUNYAKAYANGE, 45 ans, idem

14. NYAGASAZA, 65 ans, idem (+ un fils de 15 ans)

15. NYIRABUKONO, 35 ans, idem (+ un fils de 2 ans)

16. NYIRAMODOKA, 37 ans, idem (+un fils de 7 ans)

Commune Kanama (secteur Bisizi)


1. BAJARAJARA PIERRE, 20 ans

2. BIGOGA GERARD, 50ans, (tué le 4/02/1991)

3. FRANCOIS, 45 ans

4. KALIMA, 45 ans

5. KALIMBA FESTUS

6. KIBIRIZI GAPASI, 25 ans

7. MUDAHINDWA FRANCOIS, 37 ans

8. MUDAKIKWA, 44 ans

9. NKINZINGABO NYAMAHUNGU

10. NKINZINGABO PHOCAS, 30 ans, agent de la BCEOM

11. NYAMAHUGO, 34 ans

12. RUBANGURA NYAMADA UZZIEL, 35 ans

13. TEGERI ENOCH, 30 ans

Commune Rwerere

1. (Le père de) KANYAMAGARE, 60 ans, secteur Mukingo

2. GASHUGI, 42 ans, secteur Mubona

3. KAMBALI, 22 ans, idem

4. KANYAMAGARE, 28 ans, idem

5. KANYUNDO, 18 ans, idem

6. KARASIMBUKA SAMUEL, 40 ans, idem

7. MUKARWEGO, 43 ans, idem

8. NDAGIJIMANA FAUSTIN, 23 ans, idem

9. NDATIRA, 30 ans, idem

10. RUKARA, 36 ans, secteur Mukingo

11. RUVUMBA, 30 ans, idem

12. RWAKIGARAMA, 30 ans, idem


Commune Mutura

1. AMIEL

2. BIHUBI

3. BIKOTWE

4. BUCELI

5. BUSINDA

6. BUYOGWE

7. GAPFIZI

8. GASHEGU

9. GASIRIMU

10. GATEGETSE

11. HANYURWIMFURA

12. KADALI

13. KALISA CAMILLE

14. KANDANGA

15. KAREHE

16. KAZANDEBE

17. MABUYE

18. MANINDA

19. MUCYAHAGUGU

20. MUDAKEMWA

21. MUGARUKIRA

22. MUGIRANEZA

23. MUKAMUSONI

24. MUREFU

25. NDAGIJIMANA

26. NGARAMBE

27. NGARUYE THOMAS

28. NGIRABATWARE

29. NKERABIGWI

30. NYABUTSIKURA

31. NYABUTSIRIKA

32. NYIRAGATSINZI

33. NYIRAKABUMBI

34. NYIRAMIFUNGO

35. NYIRAMUGURA

36. RURINDA

37. RUSHINGA

38. RUTAGANIRA

39. RWABUKAMBA

40. SEBUHEGEGE

41. SEBUNTU

42. SEGAFUNGA

43. SEMUTEGA FAUSTIN

44. SENDEGEYA

45. SERUMWE

46. SHEMA RUZIBUKIRA

Commune Giciye (secteur Nyamugeyo)

1. (épouse de) NYAMUHABANA, 55 ans

2. BARATA, 55 ans, secteur Nyamugeyo

3. BATSINDA, 40 ans, idem

4. BIMENYIMANA, 45 ans

5. BIRARI, 50 ans

6. BUDUWE, 50 ans

7. DEFURO, 45 ans, secteur Gihira

8. GAHENE, 50 ans, idem

9. GASHABUKA, 35 ans

10. KABAYITA, 35 ans

11. KAMALI, 40ans, idem

12. KANYARUKIKO, 20 ans

13. KINOBERO, 35 ans, secteur Nyamugeyo

14. MBARAGA, 40 ans, secteur Rubare

15. MUNYABARENZI, 25 ans

16. NGATURA, 60 ans, idem

17. NJOLI, 30 ans

18. NTAMBARA, 35 ans, secteur Gihira

19. NYAMUHABANA, 60 ans

20. NZABANITA, 38 ans

21. NZABONIMPA, 35 ans

22. RUKARA, 45 ans, secteur Birembo

23. RWISUMBURA, 35 ans

24. SAMUEL, 40 ans

25. SEBUTARINUMA, 45 ans, idem

26. SENTABIRE, 40 ans, idem

27. SILIMU, 40 ans, idem

Commune Kinigi


1. BAJAHE, idem

2. BAPFAKURERA, idem

3. BARUHA, 25 ans, idem

4. BUSENE, 23 ans, idem

5. BUSERUKA

6. BUSINDA

7. BUTALI, idem

8. BYUSA EUSTACHE

9. CYINTAMA MOISE

10. GAHEHEMURE (épouse de), secteur Nyarugina (fusillée par les gardes
forestiers)

11. GAKARANE, 42 ans, idem

12. GAKWISI, idem

13. GASOMINARI, 14 ans

14. GATAHE, idem

15. GATAHO, idem

16. GATWARE, idem

17. KADEBE

18. KAGABO, (cousin du précédent)

19. KARASIRA NATHANAEL

20. KAYAGWE, secteur idem

21. KAYIHURA BONIFACE

22. KAYITENKORE THEOGENE

23. KAYUKI

24. KIGINGI, secteur idem

25. KIZERA, idem

26. KOSIMA, idem

27. KUMWAMI, idem

28. LIBONA

29. MAKUZA, idem

30. MATEKE, 18 ans, idem

31. MATESO DEOGRATIAS

32. MBANGUZA, 30 ans, secteur Kagano, tué dans le secteur de Nyarugina

33. MBONABUCYA, idem

34. MUNYALIBANJE ( fils de et son petit-fils, 32 ans et 18 ans), idem

35. MUNYANEZA VINCENT, 14 ans, secteur Kabwende

36. MUNYARIBANJE (fils)

37. MUNYAZIGANJE, idem

38. MUSERUKA, idem

39. MWUMVANEZA JEAN

40. NAYINO GERARD, idem

41. NDAGIJIMANA SAMUEL

42. NDAYISENGA EUSTACHE

43. NDIBAGIZA, idem

44. NDONGOZI, idem

45. NKAKA

46. NYENYERI, idem, (tué chez sa belle-mère épouse de Gahehemure)

47. NZAMUYE, idem

48. PESI, idem

49. RUBERA, 20 ans, idem

50. RUCAMUGIHURI, secteur Nyarugina, visiteur tué en même temps que
ses hôtes

51. RUCOGOZA, idem

52. RUDAKUBAGANA, 70 ans, idem

53. RUDAKUBANA

54. RUHANGA

55. RUHUMULIZA, idem

56. RUSAGURE, idem

57. RUSIKU, secteur Gihora

58. RUSUMBANYA, 20 ans, secteur Nyarugina

59. RWABUKAMBA, secteur Bisate

60. RWAGASORE

61. SEBAHUTU, 65 ans

62. SEBARASHONA

63. SEBUGWETE, idem

64. SEBULIKANDE, idem

65. SEBUNYANA

66. SEBUYANGE, idem

67. SEKARARA, idem

68. SEMUCYO, secteur Kagano

69. SEMUKIKA, secteur Nyarugina

70. SERUHONGORE, idem


Commune Kinigi (les victimes tuées entre le 28 juillet et le 31 juillet
1991)


71. GASHABUKA, enseignant, secteur Nyarugina

72. KAYIJAMAHE, cultivateur, idem

73. NKERAKURINDA, idem

74. RUSHEMA, idem

Notes



[1] Human Right Watch, Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, 107.

[2] A. Destexhe, Rwanda. Essai sur le génocide, Bruxelles 1994, 51.

[3] L'Instant, le 20 juin 1991.

[4] Gérard Prunier, cité dans « Comptes-rendus des auditions de la
mission parlementaire d’information sur le Rwanda », séance du 30 juin
1988.

[5] Ibid., mars 1904, 8.

[6] Journal de la mission de Rwaza, mars 1904, 7.

[7] Dans les régions occidentales et septentrionales on trouvait une
population composé de lignages hutu autonomes dont le chef pouvait
prendre le nom d’Umuhinza.

[8] Omer Marchal, op. cit., 39.

[9] Jean-Pierre Chrétien, Rwanda. Les médias du génocide, 28, note 8.

[10] Gérard Prunier, dans « Audition, Assemblée Nationale Française ».

[11] Rapport de la commission internationale d’enquête sur les
violations des droits de l’homme au Rwanda depuis le 1er octobre 1990,
(FIDH, Africa Watch..Mars 1993, 27. Rapport de la commission
internationale d’enquête, 27.

[12] « Ni ngombwa ko natwe twese dukomeza kubibuka (abaguye ku rugamba)
kandi tukazabahorera. Tuzabahorera dukomeza kwiyemeza ko umwanzi wese
uziha kuvogera u Rwanda azatsindwa nta kabuza… », Imvaho N° 873, 17-23
décembre 1990.

[13] Rapport de la commission internationale, 38.

[14] Rapport du Rapporteur spécial, E/CN.4/1994/7/Add.1 présenté à la
cinquantième session de la Commission des droits de l’homme.

[15] Rapport de la Commission Internationale, 38.

[16] Les témoins parlent de Tegera parmi les personnes qui ont dirigé
les attaques dans plusieurs secteurs de Kibilira. « Parmi les plus
importants on a cité : le Bourgmestre J. B. Ntezilyayo, le secrétaire
de la commune, Thomas Ushizimpumu, le directeur du projet de pommes de
terre (PNAP) à Ruhengeri, Pierre Tegera, et le président du MRND en
commune Kibilira, Innocent Teganya »[16].

Pendant les massacres de Kibilira, Tegera distribuait l’essence pour
incendier les maisons et brûler les gens. Le 11 octobre 1990, dans les
secteurs Kirengo et Rugarama, Calipofori Munyambonwa, son épouse
Dafrosa et ses sept fils furent brûlés vifs en présence de Tegera. Il
fut exécuter également Munyerango, conseiller des secteurs Rongi et
Gitarama. Il donna l’ordre de lier le mari. La femme et les enfants
furent découpés et brûlés vifs. Le 12 octobre 1990 a tenu une réunion
avec le bourgmestre de Kibilira et les conseillers de secteur. Après
cette réunion, les massacres se sont étendus à d’autres communes.


[17] Au sujet de la libération des détenus, le FPR affirmait: 'Nos
avons libérés les prisonniers par principe: nous sommes un mouvement de
libération et dans cette prison étaient détenus de nombreux prisonniers
politiques, notamment des personnes faisant partie des 1.566' accusés
devant comparaître pour participation ou complicité avec le FPR.
(Marie-France CROS, 'Rwanda: d'autres replis des Belges sont en vue',
La Libre Belgique, 25 janvier 1991)

[18] Rapport établi par Éric Gillet et André Jadoul, 29-31.

[19] Vers L'Avenir, 'L'armée rwandaise fait du nettoyage', 13 février
1991.

[20] Le colonel Célestin Rwagafilita est originaire de Kabarondo en
préfecture de Kibungo. Membre du comité des onze officiers qui ont
renversé le président Kayibanda, membre des escadrons de la mort,
actionnaire de Kangura et de la RTLM, ancien chef d’État-major adjoint
de la gendarmerie, il prend sa retraite en 1992. Il recouvre son poste
de chef d’État-major de la gendarmerie pendant le génocide. Après le
génocide il a quitté le Rwanda avec les FAR. Il est poursuivi par la
justice rwandaise (RMP n° 83465/S4) et par le TPIR pour complicité de
génocide, génocide, incitation publique et directe à commettre le
génocide. Le général français Jean Varret, ancien chef de la Mission
Militaire de Coopération (oct. 1990-avril 1993) a indiqué devant la
Mission d’information : « comment, lors de son arrivée au Rwanda, le
Colonel Rwagafilita, lui avait expliqué la question Tutsie : Ils sont
très peu nombreux, nous allons les liquider ». (Rapport, p. 276)

[21] le colonel Serubuga est originaire de Giciye en préfecture de
Gisenyi. Il faisait partie du groupe des onze officiers supérieurs du
haut commandement de la Garde Nationale qui, avec Habyarimana à leur
tête, ont pris le pouvoir par un coup d'état le 5 juillet 1973. Ancien
chef d’État-major adjoint de l’armée rwandaise, membre des escadrons de
la mort, actionnaire de Kangura et de la RTLM, commanditaire du
génocide des Bagogwe, Serubuga fut contraint à la retraite en juin 92
par Juvénal Habyarimana: on lui reprochait de devoir son grade élevé à
ses liens avec l'Akazu et Agathe Habyarimana plutôt qu'à ses
compétences militaires. Fin 1990, le bruit a couru à Kibilira, de la
mort de 2 officiers dont le colonel Serubuga, tués soi-disant par les
Tutsi. Le massacre des Bagogwe a immédiatement commencé. (Rapport de la
commission, 19). Serubuga était à la tribune près de Léon Mugesera en
novembre 92 lors de « l'appel de Kabaya », première incitation publique
au génocide des Tutsi. Serubuga fut rappelé par le ministère de la
défense du Gouvernement génocidaire, 10 jours après le début du
génocide. Au sujet de Serubuga, l’ambassadeur Martres déclarait à la
Mission d’information : « Le génocide était prévisible dès cette époque
(fin 1990), sans toutefois qu’on puisse imaginer l’ampleur et
l’atrocité. Certains hutus avaient d’ailleurs eu l’audace d’y faire
allusion. Le colonel Serubuga, chef d’état-major adjoint de l’armée
rwandaise, s’était réjouit de l’attaque du FPR, qui servirait de
justification aux massacres des Tutsi ». (Tome III Auditions I, p.
119). Arrivé en France quelques temps après le génocide, il s’installa
pendant plusieurs années dans un foyer de demandeurs d’asile à
Strasbourg. Sa demande d’asile fut rejetée au début de l’année 2003.
Depuis, il s’est volatilisé dans la nature. Il est poursuivi par la
justice rwandaise (RMP n° 823/S13) et le TPIR pour complicité de
génocide, de génocide, crimes contre l’humanité, violation de l’article
3 commun aux Conventions de Genève et du Protocole additionnel II.

[22] Rapport de la commission internationale, 47. Selon certains
témoins, les ordres d’attaque étaient donnés par réseau-radio dont un
des émetteurs-récepteurs était basé à la résidence du commandant du
camp militaire de Gisenyi. Chaque préfecture possédait un appareil
relais.

[23] Rapport établis par Éric Gillet et André Jadoul, 29-31.

[24] Le major Jean Marie Vianney Nzapfakumunsi est cité dans le
massacre des Bagogwe et dans le génocide des Tutsi de Nyange. Selon un
témoin du nom d’Adrien Niyitegeka, l’abbé Athanase Seromba a bénéficié
de l’aide logistique du colonel Nzapfakumunsi dans la destruction de
l’église de Nyange, dans laquelle au moins 2.000 Tutsi ont péri.
(Marina Rini, L’Italia, l’ONU e i preti assassini, 23 août 2001). Il a
quitté le Rwanda après le génocide de 1994 et vit exilé à Paris.

[25] Rapport de la Commission internationale, 32.

[26] Le major Muvunyi promu au grade de colonel pendant le génocide de
1994, est originaire de Byumba. En avril 1994, il était le chef des
opérations militaires dans la région de Butare. Accusé de génocide,
complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, réunions et
discours d’incitation aux massacres entre avril et juillet 1994 et la
distribution d’armes aux milices interahamwe, il a été arrêté le 5
février 2000 en Grande Bretagne au sud de Londres et transféré à
Arusha.

[27] Rapport établi par Éric Gillet et André Jadoul, 29-31.

[28] Il s’agit d’une grotte située à Kareba, commune Nkuli. Elle est
renommée dans la région pour son entrée et ses larges galeries. (
Rapport de la Commission Internationale, 28).

[29] (Bukumba Augustin, un home très exemplaire, qui avait servi en
commune Mukingo comme secrétaire communal ensuite, avant de suivre une
formation de magistrat et d’intégrer le personnel de la cours d’Appel
de Ruhengeri où il exerçait jusqu’au jour de son arrestation.

[30] Rapport établi par Erice Gillet et André Jadoul, 29-31.

[31] Rapport de la Commission internationale, 31.

[32] Ibid., 35.

[33] Rapport de la Commission internationale, 30.

[34] Rwanda Rushya, n° 10, août 1991

[35] La Médaille Nyiramacibiri, n°3, septembre 1991, pp : 14-15,
Nkunzurwanda Georges : Kameya s’est-il fait le porte-parole des
Tutsi », cité dans les Jean-Pierre Chrétien , les médias du génocide,
Karthala 1995, 176)

[36] Hassan Ngeze, Kangura, 24 septembre 1991, cité dans Jean-Pierre
Chrétien, op.cit., 178-179).


[37] Ibid., 37.

[38] Cf. Rapport de deux missions effectuées par Éric Gillet et André
Jadoul, avocats au barreau de Bruxelles, au Rwanda du 9 au 17 janvier
et du 2 au 5 février 1992.

[39] Rapport Éric Gillet et André Jadoul, 29-31.

[40] Rapport présenté par M. S. Amos Wako, Rapporteur spécial,
conformément à la résolution 1991/71 de la Commission des droits de
l’homme. Le rapport était soumis à la quarante-huitième session de la
Commission (E/CN.4/1992/30, par. 461 à 467).

[41] Rapport présenté par M. S. Amos Wako, Quarante-huitième session,
126.

[42] Rapport M. P. Kooijmans, Commission des droits de l’homme 49 ème
session, 126.

[43] Rapport soumis par le Rapporteur spécial, M. P. Kooijmans, en
application de la résolution 1992/32 de la Commission des droits de
l’homme. Le rapport contenait des renseignements :

- sur la question de la torture (E/CN.4/1993/26,
par. 386 à 390)

- sur les disparitions forcées ou involontaires
(E/CN.4/1993/25, par. 441 à 446)

-

[44] Ibid.,118.

[45] La Commission internationale était composée de dix experts
mandatés par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH)
Paris, African Watch (New York), l’Union interafricaine des droits de
l’homme et des peuples (Ouagadougou) et le Centre international des
droits de la personne et du développement démocratique (Montréal). La
Commission comprenait également une équipe technique composée de quatre
spéléologues.

[46] Ibid., 96.

[47] Cf. Rapport présenté par M. B. W. Ndiaye, rapporteur spécial sur
la mission qu’il a effectuée au Rwanda du 8 au 17avril 1993.

[48] Ibid., 23.

[49] Human Rights Watch, Aucun témoin ne doit survivre, 114.

[50] Rapport de la Commission Internationale, 79.

[51] Ibid., 79.

[52] Pour toucher les indemnités familiales ou accéder au compte
bancaire de la victime, il fallait avoir un certificat de décès. Aucun
certificat ne fut délivré.

[53] C’est le cas de Séraphin Rwabukumba, beau-frère du président qui
était à la Banque Nationale, le président du conseil d’administration
de la Banque commerciale était Côme Bizimungu, préfet de Gisenyi au
moment du massacre des Bagogwe. La Caisse sociale, l’Electrogaz et les
usines de thé étaient dirigés par les proches de la famille
présidentielle.

[54] Human Rights Watch, Aucun témoin ne doit survivre, 147.

[55] Le journal Rwanda Rushya n° 10 août II 1991 publiait pour la
première fois la liste des victimes, 'Dore lisiti ya bamwe mu bishwe
bazira ubwoko bwabo'. Un mois après le Tribun du Peuple publiait une
liste avec de nouvelles victimes sous le titre 'Les victimes du
génocide dans le nord du pays, 'Abazize abandi baturage mu Rukiga.
Twunganire Rwanda Rushya', N° 6 septembre 1991.


© Fondation Ntarama 2003

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