Citation
J'ai été l'un des témoins directs de cet attentat. Dans la soirée du
 6.4.94 à une heure passée la 1/2 heure soit 19 Hr ou 20 Hr et un peu
 plus d'une demi-heure. Je me trouvais dans mon living. J'ai alors
 entendu dans un premier temps un bruit de ``souffle'' et aperçu un
 éclairage filant ``orangé''. Je me demandais qui pouvait bien fêter un
 événement. Le ``souffle'' a été suivi de deux détonations. À ce
 moment-là je n'ai plus entendu de bruit d'avion (réacteur).
 
 Ma première réaction a été qu'ils avaient descendu le C 130 (B) qui
 devait arriver ce soir là. Je suis sorti de chez moi et là j'ai vu
 une boule de feu qui s'écrasait sur la parcelle du Président... à
 350 - 400 mètres de chez moi.
 
 Entre la détonation et notre sortie, le ciel était éclairé en
 ``jaune-orangé'' comme si cela avait été éclairé avec des fusées
 éclairantes dans les tons jaune-orangé (fuel en combustion ? )
 
 Par radio ``Kenwood'' j'ai immédiatement prévenu la CTM -- adjudant
 Daubie--, le Lt-col Duvivier et l'ADC Lechat
 qui, lui, était déjà coincé à l'aéroport. Ceci pour dire la rapidité
 inhabituelle de réaction des FAR. En moins d'un quart d'heure et
 pendant que nous avertissions la MINUAR par une radio de jeep
 Minuar, les tirs ont directement commencé provenant à mon avis du
 bout de piste et tirant en direction de Kabuga.
 
 Selon les renseignements que j'ai eu au camp de Kanombe et autour du
 camp par les boys et les religieuses, les Tutsis ont été liquidés
 dès la 1iere nuit, les opposants et les suspects au régime malmenés,
 pillés et certains tués à partir de la 2ieme nuit et un massacre
 systématique de tous les témoins oculaires potentiels dès la 3ieme
 nuit.
 
 Il faut savoir ici qu'une tentative a été faite pour faire croire à
 un tir à partir du CND (FPR). Comme cela n'était pas crédible, les
 témoins oculaires devaient semble-t-il disparaître.
 
 Le samedi matin [9 avril] l'épouse de l'adjudant principal (FR)
 para-cdo Jeanne Jean-Michel est arrivée en pleurs chez nous, disant que son
 boy avait pu s'échapper des massacres des quartiers avoisinants,
 qu'il déclarait qu'on tuait à ce moment-là tout le monde, qu'on
 expliquait que c'était la faute des Belges et qu'il fallait
 absolument que nous partions le plus rapidement possible.
 
 A noter que j'ai été travailler à l'hôpital jeudi [7 avril] et
 vendredi [8 avril] à la grande surprise des Rwandais et qu'on me
 confirmait que le tir était parti de Kabuga et qu'il y avait des
 témoins oculaires pour dire que c'était des Belges qui avaient tiré.
 
 Notre sortie de Kanombe a été réalisée et facilitée par le Cdt
 Para-Cdo français De Saint-Quentin
 et le major rwandais (Comd Bn Para rwandais)
 Ntabakuze.
 
 A noter que dès l'explosion de l'avion présidentiel, j'ai contacté
 le Cdt De Saint-Quentin pour organiser une coordination -- prévoyant
 le pire -- et sa femme me déclara que les militaires français
 étaient déjà partis sur les lieux de l'accident. Le Cdt français me
 déclara ensuite qu'ils étaient probablement les seuls à être
 autorisés à approcher l'avion mais qu'il fallait attendre le jour
 pour essayer de récupérer la boîte noire.
 
 Les gens des environs, réfugiés à la maternité de l'hôpital de
 Kanombe ont déclaré aux soe urs que les massacres de la 3ieme nuit
 (systématiques) ont été ordonnés par une compagnie du régiment
 Para-Cdo... de Kanombe -- à vérifier -- vu l'importance des rumeurs
 au Rwanda.
 
 Je peux ajouter que des anciens amis français de Kigali, avec
 lesquels nous sommes toujours en relation téléphonique, semblent
 affirmer que Brigitte Minaberiindex{Minaberry Brigitte}
 [Minaberry], la femme du copilote de l'avion présidentiel, écouta
 avec une radio personnelle l'approche de l'avion. Elle aurait
 entendu à plusieurs reprises (5 x) la tour de contrôle de Kigali
 demander si le président burundais était à bord. Info supplémentaire
 mais à vérifier avec prudence : on aurait entendu ``Perinne'', le
 mécanicien de bord dire : ``Tiens ils ont coupé les lumières'' (de
 l'aéroport).
 
 A ma connaissance le personnel de bord de l'avion présidentiel était
 composé de :
 
 - Héraut : pilote
 
 - Minaberi : co-pilote
 
 - Perinne : dit ``Pépé'', mécanicien de bord
 
 Je fréquentais régulièrement ces personnes et nous entretenions des
 relations d'amitié.
 
 A votre demande je réponds que les bruits courent que l'attentat
 aurait été commandité par la faction dure du pouvoir (CDR,
 belle-famille du Président, Col Bagosora,
 Sagatwaindex{Sagatwa Elie}, clique des durs de laquelle faisait
 aussi partie Baransalitse et Serubuga.