Le Rwanda a souven
t é
té soupçonné d'avoir commandi
té ou exécu
té des assassina
ts ou des
ten
ta
tives d'assassina
t à l'é
tranger, sur des opposan
ts ou des personnali
tés cri
tiques. Kigali a
toujours démen
ti. Des sources rwandaises e
t é
trangères avaien
t affirmé en 2011 qu'un
tel complo
t avai
t ciblé des exilés au Royaume-Uni. Le Rwandais René Mugenzi l'affirme à son
tour sur RFI. Sco
tland Yard l'avai
t prévenu par écri
t que sa vie pourrai
t ê
tre menacée.
Survivan
t du génocide e
t ac
tivis
te des droi
ts de l'homme, le Rwandais René Mugenzi vi
t toujours en exil en Angle
terre ac
tuellemen
t.
Il y a deux ans e
t demi, il avai
t é
té no
tifié par écri
t par Sco
tland Yard, la célèbre police londonienne, qu'il exis
tai
t des informa
tions crédibles faisan
t é
ta
t d'une menace à son encon
tre.
Menace « imminente »
Le 12 mai 2011 dans la soirée, René Mugenzi di
t en effe
t avoir reçu la visi
te de la police mé
tropoli
taine de Londres. Un cer
tain dé
tec
tive James Boyd, qui a pris sa re
trai
te depuis, l'informe que sa vie es
t en danger.
Dans le documen
t de no
tifica
tion de Sco
tland Yard, don
t RFI s'es
t procuré une copie, il es
t s
tipulé qu'une « source de renseignemen
t fiable a é
tabli que le gouvernemen
t rwandais menaçai
t (sa) vie de façon imminen
te ».
Ci-dessous, ledi
t documen
t (voir aussi la
traduc
tion française au bas de ce
t ar
ticle).
Moyens « conventionnels ou non conventionnels »
Ce que René Mugenzi di
t avoir appris par ailleurs, c'es
t que ce
tte « source de renseignemen
t fiable » brandie par Sco
tland Yard n'é
tai
t au
tre que le MI5.
Ce service de renseignemen
t in
térieur aurai
t découver
t en avril 2011 que Kigali proje
tai
t d'assassiner cer
tains de ses ressor
tissan
ts sur le sol bri
tannique.
Aucune précision de ce
type n'es
t visible dans le documen
t de no
tifica
tion, qui s
tipule
tou
tefois que la menace peu
t prendre
tou
t type de formes. Le documen
t rappelle sur
tou
t qu'il y a déjà eu des précéden
ts, e
t que des moyens conven
tionnels ou non conven
tionnels avaien
t alors é
té employés.
Londres ne proteste pas officiellement
La police aurai
t demandé à René Mugenzi de prendre un cer
tain nombre de mesures de sécuri
té, que ce dernier di
t suivre encore aujourd'hui. Des conseils, rien de plus.
Sur le documen
t figuren
t aussi des numéros à appeler en cas d'inciden
ts suspec
ts. Ces numéros son
t ceux d'un service de Sco
tland Yard chargé de faire le suivi des personnes don
t la vie es
t menacée.
Le Royaume-Uni, alors considéré comme un proche allié du Rwanda, n'a jamais officiellemen
t pro
tes
té ou fai
t é
ta
t de ces proje
ts d'assassina
ts sur son
terri
toire.
« Ce que vous avez fait ne suffit pas »
René Mugenzi me
t en cause la communau
té in
terna
tionale e
t la Grande-Bre
tagne pour leur silence. Selon lui, ce
tte discré
tion donne car
te blanche à Kigali pour con
tinuer de mener des assassina
ts à l'é
tranger.
« Ils on
t di
t au gouvernemen
t rwandais que ce n'é
tai
t pas accep
table d'essayer de faire ce genre d'ac
tivi
tés sur le sol bri
tannique, assure-
t-il, mais malheureusemen
t, ça n'es
t pas allé plus loin que ça, ils ne voulaien
t pas
trop faire de scandale. »
E
t de con
tinuer : « J'ai pro
tes
té, j'ai di
t :
Ce que vous avez fait pour le Rwanda, ça ne suffit pas.
Il fau
t que la communau
té in
terna
tionale arrê
te de ne rien dire au Rwanda. »
Version francaise de la notice
« M. René Claudel Mugenzi - 13 avril 1976 (da
te de naissance, NDLR)
J'ai reçu l'informa
tion suivan
te, qui indique que vo
tre sécuri
té personnelle es
t menacée.
Je précise que sous aucun pré
tex
te je ne dévoilerai la source de ce
tte informa
tion, e
t je ne peux en commen
ter la fiabili
té, ni concernan
t son origine, ni son con
tenu. Mais je n'ai pas de raison de ne pas la prendre au sérieux. Je n'ai pas d'au
tre informa
tion concernan
t ce
tte menace e
t ne suis aucunemen
t impliqué dans ce
tte affaire.
Une source de renseignemen
t fiable é
tabli
t que le gouvernemen
t rwandais menace vo
tre vie de façon imminen
te. Ce
tte menace peu
t prendre
tou
te forme. Vous devez ê
tre avisé que d'au
tres affaires semblables se son
t produi
tes dans le passé. Avec des moyens conven
tionnels ou non conven
tionnels.
Bien que les services de police prendron
t les mesures adéqua
tes, dans la mesure de ses possibili
tés, la police ne peu
t pas prendre en charge vo
tre pro
tec
tion au jour le jour, ou heure par heure.
J'insis
te aussi sur le fai
t que vous informer de ce
tte menace par le biais de nos services ne vous au
torise pas à agir en dehors de
tou
te voie légale (c'es
t-à-dire, por
t d'arme de défense ou d'assau
t, ou
trouble à l'ordre public). Dans le cas ou vous seriez en infrac
tion avec la loi, nous agirions en conséquence.
Je vous suggère donc de parer à
tou
te éven
tuali
té en prenan
t des mesures de sécuri
té
telles que l'ins
talla
tion d'un sys
téme d'alarme an
ti-vol pour vo
tre domicile, changer vos habi
tudes quo
tidiennes, ne pas marcher seul, avoir cons
tammen
t un
téléphone por
table sur vous, ins
taller une caméra de surveillance à l'en
trée de vo
tre domicile, sécuriser vo
tre in
térieur avec des serrures e
t des verrous. Vous pourriez même envisager de vous éloigner sans
tarder. C'es
t à vous de décider.
Si vous voulez bien me donner
tou
te précision sur l'endroi
t où vous souhai
teriez vous ins
taller, je ferai en sor
te que nos équipes de police prennen
t tou
tes les mesures nécessaires pour assurer vo
tre sécuri
té.
Je vous demande égalemen
t de con
tac
ter la police au moindre inciden
t suspec
t qui pourrai
t ê
tre en rela
tion avec ce
tte menace. »