Fiche du document numéro 3835

Num
3835
Date
Vendredi 24 juin 1994
Amj
Taille
89512
Titre
Goma - Les soldats français à l'ombre du Nyiragongo
Nom cité
Nom cité
Cote
reutfr0020011106dq6o00wyw
Source
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
GOMA (ZAIRE), 23 juin, Reuter - Les tentes kaki des marsouins français sont alignées comme à la parade près de la piste de l'aéroport international de Goma, à l'ombre du volcan Nyiragongo, à la frontière entre le Zaïre et le Rwanda.

Sous le regard attentif de gendarmes zaïrois, les soldats de la 9e Division d'infanterie de marine engagés dans l'opération Turquoise déballent leur matériel.

Toute la journée, une noria d'hélicoptères a amené les soldats français depuis Bangui, en République centrafricaine, jusqu'à la ville zaïroise de Kisangani, puis à Goma, base logistique de l'opération française.

Il y a actuellement 150 militaires français à Goma, ville nichée dans les collines verdoyantes du Nord Kivu. A Bukavu, à 100 km plus au sud, 250 autres soldats ont dressé leur camp sur les rives du lac Kivu.

A Paris, on a appris de source militaire que les troupes françaises avaient entamé jeudi après-midi des reconnaissances en territoire rwandais.

Un détachement parti de Bukavu, a-t-on précisé dans la capitale française, a passé la frontière vers 15h00 locales (13h00 GMT) à destination de Cyangugu, localité frontalière où seraient réfugiés quelque 8.000 Tutsis.

Interrogé sur cette opération de reconnaissance, le colonel André Schill a un sourire embarrasé et déclare qu'aucun de ses soldats n'a encore passé la frontière. Nous sommes prêts à partir sur l'heure, mais nous attendons les ordres du gouvernement, dit-il aux journalistes.

Il précise que le premier objectif de ses soldats sera d'établir une zone de protection autour de Cyangugu. Mais avec toutes les troupes se rassemblant à Goma, à cinq minutes de voiture de la ville rwandaise de Gisenyi, une poussée vers le nord du lac Kivu paraît probable.

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Une certaine hostilité
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L'intervention française est considérée par les rebelles du Front patriotique du Rwanda (FPR) comme une véritable déclaration de guerre.

Le colonel Schill assure qu'il n'y a eu aucun contact avec des responsables hutus ou avec le FPR de l'autre côté de la frontière. Nous ne sommes pas ici pour faire de la politique, nous sommes ici pour mettre fin aux massacres, souligne-t-il.

Les vols doivent reprendre vendredi à l'aube, pour amener sur place 800 soldats, 600 hommes des services logistiques, des blindés légers, des hélicoptères de transport, des médecins et des hommes du Génie.

Parmi les troupes attendues figurent des parachutistes venus de métropole et une centaine de légionnaires en provenance de Djibouti.

Au total, 300 hommes seront stationnés à Bukavu. A Kisangani seront basés les avions de reconnaissance, de combat et de transport engagés dans l'opération Turquoise.

L'arrivée des soldats français au Zaïre tombe à un moment où le sentiment anti-français est assez vif en raison de la récente élection au poste de Premier ministre du centriste Kengo wa Dondo, considéré comme un protégé de Paris.

Des habitants de Goma ont détruit mercredi les balises lumineuses de la piste de l'aéroport pour empêcher les atterrissages de nuit et le colonel Schill a reconnu que ses troupes avaient rencontré une certaine hostilité.

C'est pourquoi je tiens à préciser que les autorités zaïroises coopèrent totalement avec nous, dit-il.

En outre, le Nord-Kivu a connu l'an dernier des affrontements sanglants entre population zaïroise et descendants de Rwandais installés dans la région au début du siècle.

Dans la population zaïroise, on se plaint aussi de l'afflux des réfugiés rwandais nouvellement arrivés et tenus pour responsables de la flambée des prix. /GK

(c) Reuters Limited 1994

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