Citation
DIRECTION DU RENSEIGNEMENT Paris, le 8 avril 1994
MILITAIRE
N° 1143/DEF/DRM/SDE/SITU/CD
Rédacteur : LCL QUILES
FICHE
0BJET: Situation au Rwanda le 8 avril à 12 h 00.
PJ 2 cartes
ES
Ce matin à 10 h 00, la situation était encore très confuse à Kigali
Dix Casques bleus belges ont été assassinés par la Garde présidentielle après qu'ils se
furent opposés à l'enlèvement du Premier ministre. Celle-ci a été tuée ainsi que plusieurs
personnalités gouvernementales appartenant soit à l'ethnie tutsie soit à l'opposition hutue.
Les affrontements avaient repris depuis 6 h 00 au niveau du Parlement (CND) et de
ses abords en direction de l'aéroport, entre des éléments de la Garde présidentielle et environ
300 militaires du Front patriotique rwandais (FPR). Ces derniers, environ la moitié du bataillon FPR
de Kigali, cherchaient à sortir du secteur (tandis que le reste se serait exfiltré vers le nord). Les
affrontements, à l'arme légère et au mortier, semblaient tourner à l'avantage de la Garde
présidentielle.
Pour leur part, les éléments de la Mission des Nations unies au Rwanda (MINUAR)
restent dans leurs cantonnements, et plus un seul Casque bleu ne se trouve donc sur l'aéroport,
contrôlé par les Forces armées rwandaises, qui ont disposé des camions sur les pistes pour en
obstruer temporairement l'accès. Cependant, les pistes pourraient être rapidement libérées si nos
coopérants français le demandaient
En province, des renseignements non confirmés font état de massacres de Tutsis
commis à Mutura (20 kilomètres au nord-est de Gisenyi)
Le comité de salut public présidé par le chef d'état-major de la gendarmerie devait se
réunir au siège de l'état-major de l'armée rwandaise vers 9 h 00, mais les personnalités civiles
conviées à la réunion (ministres réfugiés à l'ambassade de France) attendaient toujours l'arrivée de
l'escorte de l'armée rwandaise qui devait les y conduire.
Commentaire : la situation apparaît totalement incontrôlée et l'on craint une
offensive des troupes du FPR basées au nord du pays, au nord de la ligne Ruhengeri-Biyumba, qui
viendraient au secours du FPR et des Tutsis de la capitale toujours traqués par la Garde
présidentielle. Dans une telle hypothèse et dans le désordre des combats, les étrangers pourraient
être les victimes de l'une ou de l'autre des factions opposées.