Le conférencier soignait alors le Sida. La séropositivité affectait plus de 30 % de la population adulte. Il a assisté, le mercredi 6 avril 1994, au déclenchement des massacres de la minorité tutsie par des forces gouvernementales et des milices hutues. L’accident aérien où, la veille, ont péri les présidents rwandais et burundi, n’a été qu’un prétexte à la tuerie qui a suivi.
Rappelant la complexité de ce pays des mille collines, verdoyant et peuplé, successivement colonisé par l’Allemagne puis la Belgique, il en a souligné les tensions ethniques, religieuses, économiques… anciennes ainsi que les comportements plus qu’honorables des forces militaires étrangères qui y stationnaient. Évacué avec sa famille, il y est retourné dès juillet, dans le cadre de la Bioforce portée par l’Opération Turquoise française sous mandat de l’ONU. L’ampleur du génocide, plus de 800 000 assassinés en trois mois au couteau et à la machette, les malheurs inouïs des orphelins, des survivants blessés, tracent une des pires tragédies du XX
e siècle, mais aussi la capacité de résilience de ce même peuple.
Le questionnement ému et nourri de l’auditoire a permis de nuancer mais aussi d’interroger sur ce que l’humain peut faire à son semblable par peurs, manipulations des foules, déshumanisation…
Après la projection d’un visuel sur le site du mémorial du génocide de Kigali, la rencontre s’est conclue sur une note optimiste, mettant en avant la reconstruction, le courage et l’acceptation du vivre-ensemble. Dans ce pays tourné vers l’innovation et les nouvelles technologies, il demeure essentiel que le peuple puisse décider librement de son destin et des voies qu’il souhaite emprunter pour construire son avenir.
La présidente, Christiane Bouat, a vivement remercié l’intervenant et invité à partager une collation prolongeant les échanges.