Date
Samedi 30 juillet 1994
Sur titre
Journal de 13 heures [2:10]
Titre
Au Rwanda le départ progressif des Français se poursuit : 190 d'entre eux s'étaient envolés hier [29 juillet] de la base aérienne de Goma. La date limite pour la fin du retrait français reste fixée au 22 août
Sous titre
Pour l'instant, la capitale du Rwanda ressemble encore beaucoup à une ville fantôme.
Résumé
- In Rwanda, the gradual departure of the French continues: 190 of them took off yesterday [July 29] from the Goma air base. Several dozen other soldiers from Operation Turquoise will leave during the weekend. About twenty left this morning aboard an Antonov. The deadline for the end of the French withdrawal remains August 22.
- The United States, for its part, has decided to send 200 soldiers to Kigali to promote the return of the refugees. But for now, Rwanda's capital still looks a lot like a ghost town.
- Since Sunday [July 24], there are tens of thousands of refugees who have chosen to return. Very few of the millions who remained in Zaire or in the Turquoise zone. They return to an almost deserted country, the houses abandoned and looted. And the roadblocks of RPF soldiers still control the passages.
- The tea fields or the banana plantations are empty: there is little or no harvest. In the central market, the few quarters of meat and the vegetable stalls are still very thin. Daily life is difficult. The government formed, a few ministries have opened but the city still seems to be waiting.
- Kigali, like the surrounding countryside, sometimes seems quite empty. There used to be 350,000 inhabitants. Today there are only 50,000 in a city without water, without electricity, with a little activity around the market.
Citation
[Dominique Bromberger :] Au Rwanda le départ progressif des Français se poursuit : 190 d'entre eux s'étaient envolés hier [29 juillet] de la base aérienne de Goma. Plusieurs dizaines d'autres militaires de l'opération Turquoise vont partir dans le courant du week-end. Une vingtaine sont partis ce matin à bord d'un Antonov. La date limite pour la fin du retrait français reste fixée au 22 août [on voit des soldats français et des véhicules militaires embarquer dans des avions].
Les États-Unis de leur côté ont décidé d'envoyer 200 soldats à Kigali pour favoriser le retour des réfugiés. Mais pour l'instant la capitale du Rwanda ressemble encore beaucoup à une ville fantôme, comme ont pu le constater nos envoyés spéciaux Denis Brunetti et Jean-Étienne Mach.
[Denis Brunetti :] Sur la route de Goma à Kigali, les réfugiés hantent le long des routes. Depuis dimanche [24 juillet], ils seraient quelques dizaines de milliers à avoir choisi le retour. Bien peu sur les millions restés au Zaïre ou en zone Turquoise. Ils reviennent dans un pays presque désert, les maisons abandonnées et pillées. Et les barrages de soldats du FPR contrôlent encore les passages.
Les champs de thé ou les bananeraies sont vides : il y a peu ou pas de récoltes. La capitale, même si l'on y circule librement [on voit à l'image une station-service], est encore marquée par les bombardements. Bien peu de réfugiés sont arrivés jusque-là. Pratiquement pas de circulation [on voit à l'image une boutique "laiterie de Gishwati" dont la façade est criblée d'impacts de balles], plus de bus. Et malgré ce camion de bananes, l'approvisionnement est difficile.
Dans le marché central, les quelques quartiers de viande et les étals de légumes sont encore bien maigres. La vie quotidienne est difficile.
[Un Rwandais [ses propos sont traduits] : "Il y a un peu de nourriture mais les prix ont triplé ou quadruplé".
Denis Brunetti, s'adressant à une autre personne : - "Et les…, les entreprises, les usines, travaillent ? Les écoles ?". Réponse : - "Non, non. Seul le…, le service public a commencé".]
Le gouvernement formé, quelques ministères ont ouvert mais la ville semble encore attendre.
[Denis Brunetti, face caméra, au milieu d'un quartier de Kigali : "Kigali, tout comme la campagne avoisinante, semble parfois bien vide. Il y avait autrefois 350 000 habitants, même des embouteillages dans le centre-ville, nous dit-on. Aujourd'hui ils ne sont plus que 50 000 dans une ville sans eau, sans électricité, avec un peu d'animation autour du marché. Alors le retour à la vie normale, tant attendu, sera sans doute encore bien long".]
Une aide humanitaire doit arriver par l'aéroport : cinq Américains ont examiné hier [29 juillet] les installations pour un pont aérien. L'ONU, elle, reste toujours discrète [on voit des soldats assis sur un véhicule des Nations unies].
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