Citation
RESUME: LE FPR REJETTE L'ENTIERE RESPONSABILITE DU BLOCAGE SUR
LE PRESTDENT HABYARIMANA. IL ESTIME QUE LES PROBLEMES DES PARTIS,
COMME LA QUESTION DES ASSURANCES QUI POURRAIENT ETRE DONNEES AU CHEF
DE L'ETAT, NE SONT QUE DES PRETEXTES. LA CAUSE REELLE DE CETTE
SITUATION RESIDE, SELON LUI, DANS LE REFUS DU PRESIDENT DE METTRE EN
OEUVRE LES ACCORDS D'ARUSHA. CETTE ANALYSE CONDUIT LE FPR À
L'INTRANSIGEANCE.
TEXTE : LES AMBASSADEURS D'ALLEMAGNE, DE BELGIQUE, DE FRANCE ET
DES ETATS-UNIS SE SONT ENTRETENUS LE 8 FEVRIER, A LEUR DEMANDE,
AVEC UNE DELEGATION DU FPR. CETTE DERNIERE, CONDUITE PAR M. PATRICK
MAZIMHAKA (PREMIER VICE-PRESIDENT), COMPRENAIT AUSSI MM. PASTEUR
BIZIMUNGU (ANCIEN PORTE-PAROLE DU FPR ET FUTUR MINISTRE DE
L'INTERTEUR) ET TITO RUTAREMARA (ANCIEN SECRETAIRE GENERAL DU FPR ET
FUTUR DEPUTE A L'ASSEMBLEE NATIONALE DE TRANSITION) .
NOS INTERLOCUTEURS ONT COMMENCE PAR RAPPELER L'ETAT DES
DISCUSSIONS CONCERNANT LES PARTIS POLITIQUES. UNE REUNION PRESIDEE
LE 7 FEVRIER PAR LE REPRESENTANT SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DES
NATIONS UNIES A PERMIS D'EXPLORER NOTAMMENT DEUX SOLUTIONS : L'UNE,
PROPOSEE PAR LE FPR, CONSISTE À METTRE EN PLACE LES INSTITUTIONS
SANS DELAÏ ET A LAÏSSER LA JUSTICE TRANCHER LES CAS LITIGIEUX (BIEN
ENTENDU, LA LISTE DES DEPUTES PL INTRONISES SERAIT DANS CETTE
HYPOTHESE CELLE SOUTENUE PAR LE FPR). L'AUTRE, AVANCEE PAR LE FUTUR
PREMIER MINISTRE, SERAIT D'INSTALLER LES INSTITUTIONS EN LAISSANT DE
COTE LE PL, TANT QUE CE DERNIER N’A PAS REGLE SES PROBLEMES
INTERNES. CETTE SUGGESTION SOULEVE DES OBJECTIONS DU MRND. UNE
NOUVELLE REUNION SOUS LA PRESIDENCE DE M. BOOH-BOOH REVIENDRA SUR
CETTE QUESTION LE 10 FEVRIER, UNE REPONSE PRECISE ETANT ATTENDUE DE
CHAQUE PARTICIPANT SUR CES DEUX SUGGESTIONS.
MAIS LES PROBLEMES DU PL NE SONT, POUR LE FPR, QUE LES
''SYMPTOMES'' ÉT NON LA REALITE DU DEBAT. LE FPR EST CONVAINCU QUE
MEME DANS L'HYPOTHESE (IMPROBABLE À SES YEUX) OU UNE SOLUTION SERAIT
TROUVEE AU CAS DU PL, D'AUTRES PRETEXTES SURGIRAIENT : BIEN DES
PETITS PARTIS APPELES À OCCUPER UN SIEGE DANS LA FUTURE ASSEMBLEE
NATIONALE DE TRANSITION ONT EUX AUSSI DES DIFFICULTES INTERNES, QUI
POURRAIENT À LEUR TOUR ETRE EXPLOITEES.
POUR LE FPR, LA RAISON PROFONDE DU BLOCAGE ACTUEL RESIDE DANS
LE REFUS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET DU MRND, SON PARTI, DE
S'ENGAGER DANS LA MISE EN OEUVRE DES ACCORDS D'ARUSHA.
ON DIT QUE LE CHEF DE L'ETAT VEUT DES GARANTIES. MAIS IL NE
S'EXPLIQUE PAS CLAIREMENT SUR CE POINT, NE PRECISE PAS CE QU’IL
VEUT. AU CONTRAIRE, CHAQUE FOIS QUE LE FPR OU LES PARTIS
D'OPPOSITION EVOQUENT CE POINT, LES REPRESENTANTS DU PRESIDENT OU DU
MRND PRETENDENT QUE LA N'EST PAS LE PROBLEME.
LES ACCORDS D'ARUSHA SONT LE FRUIT D'UN EQUILIBRE DELICAT ET IL
N'EST PAS QUESTION DE LES ROUVRIR. ILS PREVOIENT DE GARANTIES
POUR LE CHEF DE L'ETAT ET CE DERNIER NE PEUT PAS SERIEUSEMENT
CRAINDRE D'ETRE MIS EN ACCUSATION PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE : IL
FAUDRAIT L'AVIS DE LA COMMISSION POLITICO-MILITAIRE MIXTE, DU
FACILITATEUR, UNE DECISION AUX DEUX TIERS DE L'ASSEMBLEE PUIS DE LA
COUR CONSTITUTIONNEBLE... UNE PROCEDURE SI LOURDE QU'ELLE EST EN
PRATIQUE IMPOSSIBLE À METTRE EN OEUVRE. CE N'EST D'AILLEURS PAS
L'OBJECTIF DU FPR.
LA VRAIE QUESTION N'EST DONC PAS LA. LA CRAINTE DU CHEF DE
L'ETAT EST PLUTOT D'ETRE POURSUIVI EN JUSTICE POUR LES CRIMES QU'IL
A COMMIS. IL VEUT UTILISER LA POSITION QUI LUI EST RECONNUE PAR LES
ACCORDS D’ARUSHA POUR ECHAPPER AUX CONSEQUENCES DE SES ACTES. MAIS
UNE AMNISTIE SUPPOSE, QU’IL Y A DES BOURREAUX ET DES VICTIMES.
PEUT-ON PARLER DE RECONCILIATION NATIONALE EN AMNISTIANT LE
BOURREAU, SANS MEME QU'IL AIT UN MOT DE REGRET POUR SES VICTIMES ?
D'AILLEURS, LE PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE N’A PAS GRAND CHOSE
À CRAINDRE NON PLUS D’UNE PROCEDURE JUDICIAIRE. IL A PROUVE QU’IL
EST CAPABLE DE SE DEFENDRE : C’EST AINSI QU’IL A ATTAQUE EN JUSTICE
EN FRANCE LA FIDH ET AFRICA WATCH APRES LES RAPPORTS QU'ILS ONT
FAITS SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME AU RWANDA, QUE SON
BEAU-FRERE DEMANDE DES DOMMAGES-INTERETS DEVANT LES TRIBUNAUX BELGES
A UN SENATEUR DE CE PAYS QUI AVAIT PARLE DES ’’ESCADRONS DE LA
MORT''. DE PLUS, L' EXEMPLE OUGANDAIS MONTRE QU’IL N'EST EN PRATIQUE
A PEU PRES JAMAIS POSSIBLE DE FAIRE ABOUTIR DE TELLES PROCEDURES,
FAUTE DE PREUVES .
L'ATTITUDE DU PRESIDENT ET DU MRND S’EXPLIQUE DONC PAR UNE
ANALYSE PUREMENT POLITIQUE : ILS VEULENT LE POURRISSEMENT DE LA
SITUATION ET LE CHAQS ECONOMIQUE ET FINANCIER, QUI LEUR PERMETTRONT
DE RAPPELER QUE LA VIE DES RWANDAIS ETAIT BIEN MEILLEURE À L’EPOQUE
DU PARTI UNIQUE. ILS REFUSENT D'ABANDONNER LES POSTES QU'ILS
DETIENNENT DANS L'ADMINISTRATION, LA JUSTICE, LES SERVICES DE
SECURITE.
LE FPR NE VEUT PAS ELIMINER LE MRND. CE DERNIER EST UN PARTI
IMPORTANT, QUI DOIT AVOIR SA PLACE AU RWANDA. MAIS IL NE PEUT
ACCEPTER UNE LOGIQUE DE RAISONNEMENT BLOC CONTRE BLOC. LES PARTIS
DEVRONT SE DETERMINER EN FONCTION DE CHAQUE SUJET ET SEULS SERONT
MARGINALISES CEUX QUI N’AURONT PAS SU S’ALLIER A D'AUTRES. LE FPR A
REFUSE UN DROIT DE VETO EN SA FAVEUR, LORSQU'ON LE LUI À PROPOSE, CE
N’EST PAS POUR LE CONCEDER A D'AUTRES.
UN TEXTE SUPPLEMENTAIRE N'AURAIT AUCUNE UTILITE : LES ACCORDS
D'ARUSHA PREVOIENT LE MECANISME DE LA TRANSITION EN DETAIL. LE CODE
D'ETHIQUE POLITIQUE PRECISE CE QUE DOIT ETRE LE COMPORTEMENT DES
PARTIS POLITIQUES. LE FUTUR PREMIER MINISTRE FERA UNE DECLARATION DE
POLITIQUE GENERALE LORS DE SA PRISE DE FONCTIONS. LE FPR SE MONTRE
TRES CONCILIANT : IL NE DEMANDE PAS L'EXCLUSION DE CEUX QUI, TELS M.
MUGENZI, DENONCENT AUJOURD'HUI LES ACCORDS D'ARUSHA, CE QUI EST
CONTRAIRE AU CODE D'ETHIQUE. IL NE DEMANDE PAS DE GARANTIES
SUPLEMENTAIRES, ALORS QU’IL EST MENACE PAR LES INTERHAMWE (JEUNES
DU MRND) .
COMMENTAIRE : DERRIERE UN RAISONNEMENT D'UNE GRANDE COHERENCE
INTELLECTUELLE, LE FPR CAMPE SUR UNE POSITION DE TOTALE
INTRANSIGEANCE. L'ENTRETIEN À TOUTEFOIS MIS EN LUMIERE UN NET.
CLIVAGE ENTRE M. PASTEUR BIZIMUNGU ET NOS AUTRES INTERLOCUTEURS.
ALORS QUE CES DERNIERS SE SONT PLUS A PRESENTER UN VISAGE SOURIANT
ET RASSURANT, M. BIZIMUNGU S'EST MONTRE À 3 REPRISES NETTEMENT PLUS
MENACANT : FAISANT ALLUSION À LA POSSIBILITE D’UNE REPRISE DES
COMBATS, PUIS EVOQUANT DE FACON DÉTAILLEE L’EVENTUALITE DE
POURSUITES JUDICIAIRES CONTRE LE CHEF DE L'ETAT, INDIQUANT ENFIN
QUE ''SI LE PRESIDENT NE REGLE PAS LES PROBLEMES DES INTERHAMWE,
NOUS LE REGLERONS’’. SANS DOUTE S’AGIT-IL LA D'UNE DIFFERENCE DE
TEMPERAMENTS PLUS QUE D'UN PARTAGE DES ROLES, CAR IL À ETE REPRIS À
CHAQUE FOIS, AVEC BEAUCOUP DE SOUPLESSE, PAR SES COLLEGUES. IL N'EN
DEMEURE PAS MOINS QUE M. BIZIMUNGU EST LE FUTUR MINISTRE DE
L'INTERIEOR. /.
MARLAUD
