Fiche du document numéro 35315

Num
35315
Date
Mardi 12 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
Taille
22874
Sur titre
Journal de 13 heures
Titre
Le FPR semble n'aspirer plus qu'à une chose : soigner sa respectabilité et se démarquer de la politique ethnique du gouvernement vaincu
Sous titre
Le ministre de la Défense, Monsieur Léotard, annonce le début du retrait français fin juillet.
Lieu cité
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Mot-clé
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FPR
Résumé
- The Minister of Defense, Mr. Léotard, announces the beginning of the French withdrawal at the end of July.

- On the ground, in the capital, Kigali, residents have been growing bolder since the end of the fighting and are gradually returning.

- For eight days since the fall of the city, they've been waiting for nothing more than to be able to return home, to leave the dozen or so temporary camps where they were confined by the Rwandan Patriotic Front, officially for security reasons.

- Gilbert is one of them. Trapped at Saint-André College, he finally returns to his home, deserted by his family, who fled Kigali for fear of the Hutu militiamen. Gilbert: "Being long and with a slightly sophisticated face was enough to get massacred".

- Another of these camps, a hotel in the city. Its 1,400 temporary guests are also invited to return home. Their homes have been searched, their neighborhood secured. And in any case, the RPF doesn't have the means to feed them here any longer.

- An RPF that seems to aspire to only one thing: to maintain its respectability and distance itself from the ethnic politics of the defeated government. However, their trust in journalists, who seem a little too curious in their eyes, is very limited.

- For the RPF, it's certain, the war isn't quite over yet. For the population of Kigali, however, the fear of arbitrary massacres is finally receding.
Source
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Daniel Bilalian :] Rwanda : le ministre de la Défense, Monsieur Léotard, annonce le début du retrait français fin juillet.

Euh, sur place, dans la capitale Kigali, les habitants s'enhardissent depuis la fin des combats et reviennent peu à peu. Reportage de nos envoyés spéciaux Éric Monier, Vincent Maillard.

[Le reportage s'ouvre sur une conversation entre une habitante en train de marcher dans une rue de Kigali et Éric Monier ; la femme, tout sourire : - "Bonjour ! Ça va ?". Éric Monier : - "Ça va ? Ça va bien aujourd'hui ?". La femme : - "Ça va bien, ça va très, très, très bien !". Éric Monier : - "Pourquoi ça va très bien ?". La femme : - "À cause de FPR [sic]. La puissance de FPR". Éric Monier : - "Vous rentrez ?… Vous rentrez à la maison ?". La femme : - "Oui, oui". Éric Monier : - "Ça fait combien d'temps qu'vous étiez là ?". La femme : - "Ah, c'est beaucoup". Éric Monier : - "Beaucoup ?". La femme : - "Beaucoup". Éric Monier : - "Et la po…, c'est le premier jour où vous avez le droit de rentrer ?". La femme : - "Oui, oui, c'est le premier jour". Éric Monier : - "Vous croyez qu'vous allez trouver quoi à la maison ?". La femme : - "Rien, presque rien. Mais nous avons la paix". Éric Monier : - "Ça c'est l'essentiel ?". La femme : - "C'est l'essentiel. Nous allons dormir, très bien".]

[Éric Monier :] Depuis huit jours et la chute de la ville, ils n'attendaient que ça [on voit une colonne de gens en train de marcher dans les rues de Kigali avec leurs effets personnels sur la tête] : pouvoir enfin rentrer chez eux, quitter cette dizaine de camps provisoires où ils étaient consignés par le Front patriotique rwandais -- le FPR -- officiellement pour raison de sécurité [diffusion d'images d'un camp de réfugiés tenu par le FPR].

Gilbert est de ceux-là. Coincé au collège Saint-André, il revient enfin dans sa maison, désertée par sa famille, qui a fui Kigali par peur des miliciens hutu [on le voit en train de marcher dans la rue].

[Gilbert est à présent dans sa maison et répond à Éric Monier : "Mon père il est hutu, il est de Gisenyi. Ma maman est est tutsi, hein. Elle est d'ici, de Kigali. Mais à part, euh, dans toute la famille, c'est moi le seul qui a dû, euh…, sortir de la famille un peu long, hein. Un peu long, à part, euh, ma figure comme…, tout comme ça". Éric Monier : - "Un peu grand, c'est ça ?". Gilbert : - "Ouais" [gros plan sur la photo de famille de ses parents]. Éric Monier : - "Être grand ça suffisait pour, euh…, être massacré ?". Gilbert : - "Être long… et être, euh, avoir un…, une figure un peu sophistiquée".]

Un autre de ces camps, un hôtel de la ville [on voit la devanture de l'hôtel sur laquelle se trouve inscrit en lettres capitales le slogan : "Son calme, son confort"]. Ses 1 400 hôtes provisoires sont invités eux aussi à rentrer chez eux. Leurs maisons ont été fouillées, leur quartier sécurisé. Et de toute manière le FPR n'a pas les moyens de les nourrir ici plus longtemps [on voit des gens quitter l'hôtel avec leur affaires sous le bras].

Un FPR qui semble n'aspirer plus qu'à une chose : soigner sa respectabilité et se démarquer de la politique ethnique du gouvernement vaincu [on voit le responsable du camp, un militaire du FPR portant des lunettes noires, en train de soulever un enfant dans ses bras].

["Commandant Sheriff, Responsable du camp" [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "Ici nous sommes tous mélangés, Hutu et Tutsi. C'est comme mon aide de camp : il est hutu et on n'se quitte plus depuis deux ans et demi [la caméra filme l'aide de camp]. On a combattu dans le maquis. Je lui fait confiance. Vous savez, on n'fait pas de ségrégation".]

Une confiance toute relative en revanche envers les journalistes un peu trop curieux à leurs yeux.

[Éric Monier interroge un jeune réfugié [le début de la conversation est coupée] : - "Il a été détruit ?". Le réfugié : - "Oui". Éric Monier : - "Qu'est ce qui s'est passé dans ce camp, on vous a posé des questions ?". Le réfugié [on voit le commandant Sheriff s'approcher de lui] : - "Mais…, ici…, il y a la paix. Mais à Muhima, y'en a pas. Autre mon frère, y'en a pas à Kigali [sic]".]

Pour le FPR c'est sûr, la guerre n'est pas encore finie tout à fait. Pour la population à Kigali en revanche, la peur des massacres arbitraires s'éloigne enfin [gros plan final sur l'église Sainte-Famille devant laquelle grouillent des réfugiés].

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024