Fiche du document numéro 35231

Num
35231
Date
Jeudi 7 juillet 1994
Amj
Hms
24:00:00
Taille
23917
Sur titre
Journal de 24 heures
Titre
…le fracas des canons du FPR, la peur de tomber entre leurs mains et l'espoir d'atteindre cette fameuse zone de sécurité des Français
Sous titre
Faustin Twagiramungu souhaite voir les soldats français être remplacés dans les plus brefs délais par les forces de l'ONU.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
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ZHS
Résumé
- In Rwanda, the first humanitarian flight in weeks landed in Kigali, and 50 Ghanaian soldiers arrived to reinforce the UN peacekeepers.

- After three months of bloody conflict and hundreds of thousands of deaths, the population is still petrified and trying to reach the humanitarian zone controlled by the French in the southwest of the country.

- All it took was a noise to send the crowd rushing onto the road. A noise, a fear, a hope, the crash of RPF guns, the fear of falling into their hands, and the hope of reaching that famous French security zone.

- So they all walk and crowd together for days, coming from Butare and elsewhere, to meet these French patrols. We are at the edge of the security zone. Everyone has only one question in mind: should they continue walking? Are they finally safe?

- Yet the killers came here as they did elsewhere. In this jeep, Father Emmanuel and one of his students. He is Hutu, she is Tutsi. He was able to save her and a few others from the massacre. But at her school, it was the students themselves who separated the Tutsi from the Hutu. The young Tutsi student: "We were separated because the students from the Marie Merci school group didn't want to live with Tutsi. The people from here came to the school to kill the Tutsi who were there. There were many deaths".
- Her classmates are also there, preparing to be evacuated by the military, like her. Father says they are threatened in turn. Does he really believe it, or is it time for forgiveness? Diane is safe tonight. Where she sleeps, there are no Hutu.
- Rwanda, however, seems to be moving toward a political settlement of the conflict. Talks are continuing to establish a ceasefire.

- On the other hand, a moderate Hutu, Faustin Twagiramungu, appointed as part of an international agreement, could install a new broad coalition government in Kigali, as early as next week. His wish is to see the French soldiers replaced as soon as possible by UN forces. Faustin Twagiramungu: "It was France who said that, by the end of July, its troops must have left Rwanda! Consequently, its troops must be replaced by UNAMIR 2! And this UNAMIR 2 should be dispatched quickly so that it can settle in and take over. France was involved in the resolution or settlement of this conflict. So it might be a good idea to involve countries other than France".
Source
Fonds d'archives
INA
Commentaire
On Father Emmanuel Uwayezu, see the African Rights report of May 2009.
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Catherine Ceylac :] Au Rwanda le premier vol humanitaire depuis des semaines a atterri à Kigali et 50 soldats ghanéens sont arrivés en renfort des Casques bleus.

Après trois mois de conflit sanglant et des centaines de milliers de morts, la population est toujours pétrifiée et tente de rejoindre la zone humanitaire contrôlée par les Français dans le Sud-Ouest du pays. Le repornage [sic] de Bed…,Benoît Duquesne, Jean-Louis Normandin et Jean-Claude Gautron.

[Benoît Duquesne :] Il a suffit d'un bruit pour précipiter la foule sur la route [gros plan sur une foule en train de marcher]. Un bruit, une peur, un espoir, le fracas des canons du FPR, la peur de tomber entre leurs mains et l'espoir d'atteindre cette fameuse zone de sécurité des Français [on voit une colonne de jeeps françaises ; une incrustation "Kibeho (Rwanda), ce matin" s'affiche à l'écran].

Alors ils marchent tous et s'agglutinent depuis des jours, venant de Butare et d'ailleurs, à la rencontre de ces patrouilles françaises [gros plan sur les jambes de réfugiés en train de marcher]. Nous sommes aux confins de la zone de sécurité. Tous n'ont qu'une question en tête : doivent-ils marcher encore, sont-ils enfin à l'abri [on voit une jeep armée d'une auto-mitrailleuse, avec à son bord un militaire français au béret rouge, fendre la foule de réfugiés] ?

[Un Rwandais, interrogé parmi la foule : "Ils égorgent [il mime l'égorgement], et ils…, ils éventrent et ils tuent ! Et nous fuyons. Que faire, où aller ?" [on entend une autre voix dire : "Ils tuent surtout les familles hutu !"].

Les tueurs, pourtant, sont venus ici comme ailleurs. Dans cette jeep, le Père Emmanuel [il s'agit du Père Emmanuel Uwayezu] et l'une de ses élèves [on les voit escortés par deux militaires français au béret rouge]. Il est hutu, elle est tutsi. Il a pu la sauver avec quelques autres du massacre. Mais dans son école, ce sont les élèves eux-mêmes qui ont fait le tri entre Tutsi et Hutu.

[Un militaire français au béret rouge s'adresse au Père Emmanuel : - "Vous me regroupez les gens maint'nant ?". Le Père Emmanuel [il porte des lunettes de soleil] : - "Ouais, je vais les regrouper". Le militaire français : - "On va les mettre dans les voitures et on va s'en aller". [Plan de coupe] La jeune élève tutsi [elle a un pagne sur son visage] : - "Nous étions au collège. Nous étions…, là-bas. On nous avait séparés parce que les…, les é…, les élèves du groupe scolaire Marie Merci ne voulaient pas vivre avec des…, des Tutsi. Et tout ça, on nous a séparés. Et nous sommes allés au collège. Ils sont restés ici. Et… les gens, les gens d'ici… ont venu tuer…, sont venus au collège pour tuer les…, des Tutsi qui étaient là-bas". Le journaliste : - "Il y a eu des morts ?". La jeune élève : "- Oui, beaucoup de morts".]

Ses petits camarades sont là eux aussi qui se préparent à être évacués par les militaires, comme elle. Le Père les dit menacés à leur tour. Le croit-il vraiment ou l'heure est-elle au pardon [on voit un groupe de collégiennes devant un bâtiment en briques] ?

[Benoît Duquesne s'adressant à des collégiennes : - "Vous pourrez encore vivre ici ?". L'une d'entre elle répond : - "Mais s'ils peuvent m'accepter, j'peux vivre encore avec eux". Benoît Duquesne : - "Vous savez ce que sont devenus vos parents ?". La collégienne : - "Non…, sauf que je crois qu'ils sont morts".]

Diane est en sécurité ce soir. Là où elle dort, il n'y a pas de Hutu.

[Catherine Ceylac :] Le Rwanda semble pourtant s'orienter vers un règlement politique du conflit. Des pourparlers se poursuivent pour instaurer un cessez-le-feu.

D'autre part un Hutu modéré, Faustin Twagiramungu, désigné dans le cadre d'un accord international, pourrait installer un nouveau gouvernement de large coalition à Kigali, et cela dès la semaine prochaine. Son vœu est de voir les soldats français être remplacés dans les plus brefs délais par les forces de l'ONU. Écoutez-le.

[Faustin Twagiramungu : "Mais je pense que je ne suis que conséquent avec les déclarations de la France. C'est la France qui a dit que, fin juillet, euh, ses troupes doivent avoir quitté le Rwanda ! En conséquence il faut que ses troupes soient remplacées par, euh…, la MINUAR 2 [une incrustation "M.I.N.U.A.R, Forces des Nations unies au Rwanda" s'affiche à l'écran] ! Et cette MINUAR 2, elle devrait être dépêchée rapidement pour qu'elle puisse s'installer et prendre la relève. Euh, la France a été imp… impliquée dans… la résolution ou le règlement de ce conflit. Donc il est peut-être bien d'y impliquer d'autres pays que la France".]

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024