Date
Mercredi 6 juillet 1994
Sur titre
Journal de 24 heures
Titre
Paul Kagame : « La France est responsable d'avoir trop soutenu le gouvernement que nous combattons et qui a créé les problèmes auxquels nous devons faire face aujourd'hui »
Sous titre
L'homme fort de la rébellion tutsi a annoncé la formation d'un gouvernement de large coalition entre Tutsi et Hutu.
Résumé
- François Léotard responded to the sharp criticism recently expressed within the majority, particularly from Valéry Giscard d'Estaing, who declared that French soldiers had gone too far by mentioning Operation Turquoise. The Minister of Defense replied that everyone's civic duty is to support the actions of the French soldiers.
- After the capture of the capital, Kigali, and Butare in the south, the Rwandan Patriotic Front controls three-quarters of the country. The strongman of the Tutsi rebellion is Paul Kagame, who announced the formation of a broad coalition government between Tutsis and Hutus.
- He is the invisible man of the Rwandan Patriotic Front. We never know where he comes from, where he is, or where his orders come from. He is 37 years old, has a wife and two children. His uniform bears no distinctive insignia, but every RPF soldier knows he is the leader. The warlord, and perhaps even the leader of the movement. Nothing is done without him.
- General Paul Kagame came to tell us that the capture of Kigali was a decisive turning point in the war. And he called on what remains of the former government to surrender "to shorten, he said, the suffering of the Rwandans".
- As for the operations of French troops, Paul Kagame says he doesn't understand why Paris is convinced that it cannot discuss and negotiate with the RPF. General Paul Kagame: "This is always the problem when there is foreign intervention in a country's internal affairs. Sometimes it provides genuine help, in part. It also sometimes creates interference, partisan involvement. In our particular case, France is responsible for having overly supported the government we are fighting and which created the problems we face today. And we have asked them, the French, to stay out of our affairs".
- Paul Kagame calls on Rwandans to reconcile and form a government of national unity within two weeks. This does not include the criminals and those responsible for the genocide, who will be tried. As for those who only did their duty as soldiers but on the wrong side, "we will see, he says, how to rehabilitate them".
- In Rwanda, two French journalists were injured. Our colleague from France 2, Isabelle Staes, who was reporting, was shot. She was operated on by ICRC doctors, and we hope for her repatriation as soon as possible. And tonight, our thoughts are also with José Nicolas, a photographer with the Sipa agency, who was also shot and wounded at the same time as Isabelle Staes.
Type
Transcription d'une émission de télévision
Citation
[Catherine Ceylac :] François Léotard a répondu aux vives critiques récemment exprimées au sein de la majorité en particulier de la part de Valéry Giscard d'Estaing, qui avait, euh, vous vous en souvenez, déclaré que les soldats français étaient allés trop loin en évoquant l'opération Turquoise. Le ministre de la Défense a répliqué que le devoir civique de chacun, c'est de soutenir l'action des soldats français.
Après la prise de la capitale, Kigali, et de Butare au sud, le Front patriotique rwandais contrôle les trois quarts du pays. L'homme fort de la rébellion tutsi est Paul Kagame qui a annoncé la formation d'un gouvernement de large coalition entre Tutsi et Hutu. Giles Rabine et Pascal Stelletta l'ont rencontré.
[Giles Rabine :] C'est l'homme invisible du Front patriotique rwandais. On ne sait jamais d'où il vient, où il se trouve, ni d'où partent ses ordres. Il a 37 ans, une épouse et deux enfants. Son uniforme ne porte pas d'insigne distinctif mais chaque soldat du FPR sait qu'il est le chef. Le chef de guerre, et même sans doute le chef du mouvement. Rien ne se fait sans lui.
Le général Paul Kagame est venu nous dire que la prise de Kigali constituait un tournant décisif dans la guerre. Et il appelle ce qu'il reste de l'ancien gouvernement à se rendre "pour abréger, dit-il, les souffrances des Rwandais".
Quant aux opérations des troupes françaises, Paul Kagame dit ne pas comprendre pourquoi Paris est persuadé qu'on ne peut pas discuter et négocier avec le FPR [on voit Paul Kagame assis dans le jardin d'une résidence en train de donner une interview à des journalistes ; il est entouré de quelques soldats du FPR mais également de Casques bleus].
["Général Paul Kagamé, FPR" [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "C'est toujours le problème quand il y a intervention étrangère dans les affaires intérieures d'un pays. Parfois cela apporte une aide véritable, en partie. Cela créé aussi quelquefois des interférences, des engagements partisans… Dans notre cas particulier, la France est responsable d'avoir trop soutenu le gouvernement que nous combattons et qui a créé les problèmes auxquels nous devons faire face aujourd'hui. Et nous leur avons demandé, aux Français, de rester en dehors de nos affaires".]
Paul Kagame appellent les Rwandais à la réconciliation pour former dans les deux semaines un gouvernement d'unité nationale. Sans les criminels et les responsables du génocide qui seront jugés. Quant à ceux qui n'ont fait que leur devoir de soldat mais du mauvais côté, "on verra, dit-il, je cite, comment les réhabiliter" [diffusion d'images de la fin de l'interview ; on voit notamment Paul Kagame en train de discuter avec un officier des Casques bleus].
[Catherine Ceylac :] Au Rwanda deux journalistes français ont été blessés. Notre consœur de France 2, Isabelle Staes, qui était en train de réaliser un reportage, a reçu une balle. Elle a été opérée par, euh, les médecins du CICR et on espère son rapatriement le plus rapidement possible. Et puis nous pensons aussi ce soir à José Nicolas, photographe de l'agence Sipa, qui a été également blessé par balle en même temps, donc, qu'Isabelle Staes.
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