Date
Samedi 9 juillet 1994
Sur titre
Journal de 20 heures [3:27]
Titre
Selon les militaires français, ce sont au total 1 200 000 Rwandais qui sont poussés sur les routes par crainte de nouveaux massacres
Sous titre
Des officiers parmi les plus influents de l'armée gouvernementale viennent de publier une déclaration solennelle appelant à la réconciliation nationale.
Résumé
- The war in Rwanda: Patriotic Front fighters remain at the edge of the humanitarian zone created by the French in the southwest of the country. The major problem remains, more than ever, the dramatic influx of refugees into this area.
- They are tens of thousands, silent and afraid. They are fleeing. Hutu refugees fleeing the advance of RPF troops, heading west toward the Zaire border, where they hope to find a measure of safety.
- These images were filmed yesterday [July 8]. We are in Rushashi, 40 kilometers west of Kigali, in the last area still controlled by Hutu government forces. The only region of Rwanda where the RPF can still advance. The French have no intention of controlling it for the time being; their security zone is further south.
- There are still no humanitarian organizations coming to the aid of this population, which is accumulating too quickly for anyone to have time to organize relief.
- These refugees will soon pile up along the Zairian border. And according to the French military, a total of 1,200,000 Rwandans are thus driven onto the roads by fear of new massacres.
- On the political front, the UN envoy on the ground met with representatives of the Interim Government to negotiate a ceasefire.
- There may not be a need for a truce in Rwanda due to a lack of fighters. The soldiers still loyal to the Interim Government seem to be abandoning it. Some of the most influential officers in the government army have just issued a solemn declaration calling for national reconciliation.
- This man is a brigadier general. He was primarily at the side of the assassinated President Habyarimana for years. First at the Ministry of Defense, then at the presidency.
- Today, he commands the Kigali Military Academy, located near Gikongoro. And for the first time, he is speaking and signing a text with other senior officers. A sort of appeal that discusses a halt to the fighting, negotiations with the RPF, and condemnation of the genocide, despite the increasingly provisional government in Gisenyi.
- Brigadier General Léonidas Rusatira: "From within, we denounce and officially condemn the genocide and all the other crimes that have been committed in this country. There have been enough deaths, enough destruction, enough damage, both human and material. The war must end!".
- But what weight does this general and his army of teenagers have in an area where his troops are no longer fighting? An area whose borders are still being explored by the French to assess the RPF's advance.
- Civilians continue to flock by the hundreds of thousands to the French zone, waiting for humanitarian aid that is slow to arrive.
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of July 9, 1994 is visible in its entirety here: https: https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab05083573/f2-le-journal-20h-emission-du-9-juillet-1994
Citation
[Bruno Masure :] La guerre au Rwanda : les combattants du Front patriotique restent toujours à la limite de la zone humanitaire créée par les Français dans le Sud-Ouest du pays. Le grand problème reste plus qu'jamais l'afflux dramatique de réfugiés dans cette zone. Éric Lemasson.
[Éric Lemasson :] Ils sont des dizaines de milliers, silencieux et apeurés. Ils fuient. Des réfugiés hutu qui fuient l'avancée des troupes du FPR en faisant route vers l'Ouest vers la frontière du Zaïre, vers espèrent-ils un peu de sécurité [on voit des milliers de réfugiés massés sur une colline].
Ces images ont été tournées hier [8 juillet]. Nous sommes à Rushashi, 40 kilomètres à l'Ouest de Kigali, dans la dernière zone encore contrôlée par les forces gouvernementales hutu. La seule région du Rwanda où le FPR peut encore avancer [diffusion d'images de réfugiés, parmi lesquels se trouvent des soldats des FAR et des miliciens en armes]. Les Français n'ont pour l'instant pas l'intention d'en assurer le contrôle, leur zone de sécurité se situe plus au sud [gros plan sur un bébé en pleurs].
Ici aucune organisation humanitaire ne vient encore en aide à cette population, qui s'accumule trop vite pour que quiconque n'ait le temps d'organiser des secours.
Ces réfugiés s'entasseront bientôt le long de la frontière zaïroise [un camion rempli de soldats des FAR passe devant la caméra]. Et selon les militaires français, au total ce sont 1 200 000 Rwandais qui sont ainsi poussés sur les routes par la crainte de nouveaux massacres [on voit des réfugiés en train de marcher, portant leurs effets personnels sur la tête].
[Bruno Masure :] Sur le plan politique, l'émissaire des Nations unies, sur place, a rencontré des représentants du Gouvernement intérimaire pour négocier un cessez-le-feu.
Il n'y aura peut-être pas besoin de trêve au Rwanda faute de combattants. Les militaires encore fidèles au Gouvernement intérimaire semblent en effet le lâcher. Des officiers parmi les plus influents de l'armée gouvernementale viennent en effet de publier une déclaration solennelle appelant à la réconciliation nationale. Reportage de nos envoyés spéciaux Benoît Duquesne, Jean-Louis Normandin, Jean-Claude Gautheron.
[Benoît Duquesne :] Cet homme est général de brigade [gros plan sur Léonidas Rusatira en train d'observer ses troupes ; son subalterne leur crie : "En avant…, marche ! Gauche. 3, 2, 1. 1, 2. 1, 2"]. Il a surtout été pendant des années aux côtés du Président assassiné Habyarimana. D'abord au ministère de la Défense, ensuite à la présidence [on voit des soldats des FAR en train de faire un exercice].
Aujourd'hui il commande l'École supérieure militaire de Kigali, repliée près de Gikongoro. Et pour la première fois il parle et signe un texte avec d'autres officiers supérieurs. Une sorte d'appel où il est question d'arrêt des combats, de négociations avec le FPR et de condamnation du génocide, n'en déplaise au gouvernement de plus en plus provisoire de Gisenyi [on voit Léonidas Rusatira en train de passer en revue ses hommes].
["Général de brigade Léonidas Rusatira" : "De l'intérieur… nous dénonçons, nous, et nous condamnons officiellement, euh, le génocide et tous les autres crimes qui ont été commis dans ce pays. [Plan de coupe] Il y a eu assez de morts, assez de destructions, assez de…, de dégâts tant humains que matériels. Euh, il faut que la guerre finisse ! pour, euh, reconstruire le pays" [gros plan sur les soldats des FAR en train de parader ; on entend : "Bouge ! 1, 2, 3. 1, 2].]
Mais quel est le poids de ce général et de son armée d'adolescents dans une zone où ses troupes ne se battent plus ? Une zone dont seuls les Français explorent encore les frontières pour constater l'avancée du FPR [on voit une automitrailleuse française se diriger vers le flanc d'une colline].
[Benoît Duquesne s'adresse à un soldat français aux commandes de son automitrailleuse : - "Où est-ce qu'on est là ?". Le soldat français : - "À la frontière. À la frontière. Ouais, j'crois qui faut pas s'attarder ici, hein. Allez, on s'casse". Benoît Duquesne : - "Pourquoi ? Pourquoi ?" [On voit une jeep P4 garée au bord d'un chemin ; un soldat français passe à côté d'un militaire des FAR au béret rouge]. Le soldat français : - "Quand y'a plus d'civils c'est qu'ça pue".]
Des civils qui continuent d'affluer par centaines de milliers dans la zone française dans l'attente d'une aide humanitaire qui tarde à arriver [gros plan sur des réfugiés en train de marcher].
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