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New York Times a sorti un intéressant papier sur une entreprise américaine impliquée en Somalie. Bancroft Global Development (leur site internet est intéressant mais bref, signe d’un désir de grande discrétion et certainement pas de peu de moyens financiers: http://www.bancroftglobal.org/) serait financée par le DoS (Département d’Etat) pour entraîner les forces de l’Union africaine (AMISOM) déployées dans le bourbier somalien, les conseiller, voire plus si besoins… A noter que BGD est immatriculée comme une organisation à but non-lucratif!!!, initialement spécialisée dans le déminage.
Le journaliste du NYT, Jeffrey Gettleman, a enquêté sur les activités de Bancroft et a rencontré un de leurs représentants sur place: un certain « colonel Sanders » (en photo ci-contre), de son vrai nom Richard Rouget (pour lire l’article, cliquer ici). « Sanders », un Français, fait partie d’une équipe de 40 conseillers étrangers dont l’un a récemment trouvé la mort dans un crash d’avion en Ouganda (il s’agit d’un Sud-Africain, Duncan Rykaart, un ancien policier qui a travaillé quatre ans en Irak).
Gettleman décrit le « colonel Sanders » de la façon suivante: « A husky former French Army officer, Mr. Rouget, 51, commanded a group of foreign fighters during Ivory Coast’s civil war in 2003, was convicted by a South African court of selling his military services and did a stint in the presidential guard of the Comoros Islands, an archipelago plagued by political tumult and coup attempts ».
Rien à redire à ce court portrait.
Quelques précisions toutefois: après des études « militantes » et son service militaire, Richard Rouget a commencé sa carrière au sein de la Garde présidentielle des Comores (déjà avec le surnom de Sanders mais il n’était alors que lieutenant). C’était l’époque de Bob Denard dont Rouget n’était pas l’un des bras droit. Après décembre 1989 et l’exfiltration par les Sud-Africains (avec la bénédiction de Paris) du « colonel Denard » et de ses mercenaires, Richard Rouget s’est installé en Afrique du Sud comme guide de chasse; il est resté en contact avec Bob Denard qui était alors assigné à résidence en RSA. Les deux hommes se sont fréquemment vus jusqu’au retour du « roi de fortune » en France.
Le nom de l’ancien lieutenant de la GP était aussi apparu dans le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation, en 1998, à propos de l’assassinat de Dulcie September, la représentante de l’ANC à Paris : un assassinat qui n’a jamais été élucidé.
On a retrouvé Richard Rouget en 2002 en Côte d’Ivoire, où il a travaillé pour le camp Gbagbo. Interpellé à son retour en Afrique du Sud pour avoir enfreint la loi anti-mercenaire locale, il a été condamné à une amende de 100 000 rands. Il était le premier condamné en vertu de ce texte « anti EO » (Executive Outcomes).
Le voici désormais « colonel », un clin d’oeil à son mentor? Et spécialiste es-combat urbain…