Fiche du document numéro 34956

Num
34956
Date
Mardi 14 mai 1991
Amj
Taille
768057
Titre
Lettre à Son Excellence Monsieur le Président de la République Rwandaise
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Cote
D8244/72-77
Fonds d'archives
PAT
Extrait de
DossierBarrilRwdaFabien.pdf pp. 72-77
Type
Lettre
Langue
FR
Citation
Berne, le 14 mai 1991


Monsieur le Président
de la République Rwandaise

Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de vous faire parvenir sous
pli de la présente, le rapport de mes activités depuis mon retour du
Rwanda.

Dès mon arrivée, je n'ai malheureusenent pas
pu (suite au cas de maladie dans ma famille, c'est-à-dire mon fils
ainé qui a été hospitalisé), rencontrer Monsieur BARAHINYURA Jean de
Frankfurt. On a pu se rencontrer quelques jours après mon arrivée.

Lors de mon entretien avec BARAHINYURA, j'ai
pu apprendre beaucoup de choses, notamment l'affaire du plan d'assassinat qui aurait été organisé à partir de KIGALI, visant à liquider
certaines personnalités du F.P.R., entre autres KANYAREGWE, KAJEGUHAKINA, BARAHINYURA et BIZIMUNGU Pasteur.

Par ailleurs, j'ai pu être informé par le biais
du même canal, des accords Bilatéraux entre la France (Mitterrand Fils
et le F.P.R entre autres MAJYAMBERE Silas) sur la position de la France au cas où l'armée du F.P.R. réussirait à atteindre KIGALI. S'agissant
du Gouvernement Français, celui-ci s'engagerait à adopter une position
senblable à celle que La France a prise lors des derniers évènements du
TCHAD.

Aussi, il a été convenu entre la France et le
F.P.R, que dans pareil cas, l'armée française présente à KIGALI n'inter-
viendrait en quoi que ce soit pour ainsi permettre la chute du Gouverne-
ment en place au profit du F.P.R.

En revanche, une fois le F.P.R. au pouvoir,
celui-ci s'engagerait à rembourser une somme de 50 millions de Francs
Français pour le compte de Christian Mitterrand. Il faut noter que les
accords passés avec M. Christian Mitterrand étaient représentés par
personnes interposées, tandis que Majyambere a laissé poursuivre les
négociations par Patrick MAZIMPAKA. Lesdites négociations ont déjà
débutées au mois de décembre 1990 à Bruxelles.

Mon interlocuteur n'a pas pu m'avoir le document signé parles intéressés dans l'immédiat, mais il m'a promis de
le retrouver le plus tôt possible. Sachez également que Majyambere a
beaucoup d'intérêts en france, dont son grand magasin à la Rochelle
et que les actionnaires sont des personnes influentes auprès du régime
de Mitterrand me disait BARAHINYURA,

Je reviens maintenant sur le premier point :
l'affaire de la liquidation des personnes citées ci-haut.

En effet, ce plan aurait dû être réalisé au mois
d'avril dernier et la première personne qui aurait dû être liquidée au-
rait été KANYAREGWE, ensuite BARAHINYURA et KAJEGUAKWA. Seulement, il
y a eu un empêchement de la part des bourreaux: ils changeraient préci-
pitemment de camp. Ce mercenaire de Nationalité belge, et qui se pré-
sente à BARAHINYURA sous le nom de "Jean-Louis" passant par le biais
de M. BAVASTRO Christian, citoyen belge, de profession "Journaliste",
marié à une Rwandaise TUTSI du nom de Jeanne. Ils résident à Bruxelles.
Ladite personne à contacté BARAHINYURA par téléphone dans la semaine
du 18 au 24 mars 1991, lui disant qu'il souhaiterait le rencontrer,
ainsi que M. KANYAREGWE, d'urgence et dans la plus grande discrétion,
afin de leur communiquer une information très urgente et d'une impor-
tance capitale. Il viendrait avec quelqu'un qui leur donnerait cette
information, disait M. BAVASTRO. Le rendez-vous a eu lieu à FRANKFURT
le vendredi 29 mars 1991, A cette date, M. BAVASTRO et le mercenaire
"Jean-Louis" ont rencontré M. BARAHINYURA. Dans son discours, le mer-
cenaire a fait remarquer à BARAHINYURA l'importance de sa mission en
lui montrant les photos des personnes à liquider, telles qu'elles
avaient été délivrées par KIGALI.

Il expliqua à BARAHINYURA qu'il fallait agir
le plus vite possible car il s'agissait d'une question de vie ou de
mort. Mon Cher Jean, ‘'je cite", j'ai parlé avec les gens de KIGALI de
votre liquidation, ainsi que de celle de KANYAREGWE, KAJEGUHAKWA etc.
Maintenant, après de longues discussions. continua-t-l, en s'adres-
sant toujours à BARAHINYURA, avec mon ami Christian, ici présent on
s'est décidé de tournez la balle contre ceux qui nous ont envoyé,
c'est-à-dire que nous allons liquider tout le monde, inclus le Prési-
dent, les membres du Gouvernement et tous ces acolytes militaires,
entre autres SAGATWA, SERUBUGA et RWAGAFILITA.

Pour y arriver, il faudrait procéder comme
suit : Puisque ces gens de KIGALI voulaient absolument que KANYAREGWE
disparaisse, alors nous devons le convaincre de faire le mort sur son
lit d'hôpital pour mieux persuader les personnes de KIGALI. Si KANYA-
REGWE est d'accord, nous allons faire des photos montées qui montre-
ront la mort de KANYAREGWE. Ces photos doivent être présentées aux gens
de KIGALI avant le 08 avril 1991.

Après avoir convaineu M. BARAHINYURA, le mer-
cenaire et BAVASTRO se sont rendus chez KANYAREGWE. Bien entendu,
KANYAREGWE a joué le jeu du mercenaire, mais en leur proposant de liqui-
der plutôt le Président, les membres du Gouvernement, ainsi que d'autres
personnes telles que SAGATWA et SERUBUGA, moyennant une somme de 600'000
dollars US.

Effectivement, le mercenaire a fait le voyage
sur KIGALI en date du 07 avril 1991 pour venir présenter le résultat
de son travail aux personnes qui le lui avaient commandé.

Bref, M. BARAHINYURA avait pris le soin de
prévenir SAGATWA avant l'arrivée du mercenaire et certaines précautions
avaient été prises. Moi-même dès mon arrivée à KIGALI le 10 avril
1991, j'ai averti le Colonel SAGATWA du danger que représentait ce mer-
cenaire.

1) Actuellement, Monsieur le Président, le problème que je vois est que
ce mercenaire reste en contact avec M. LANDROUAL (le Patron de
l'Hôtel "Chez Lando"), cf. cassette enregistrée, annexée à la pré-
sente lettre.

2) Ces mercenaires sont maintenant convaincus d'avoir été trahi,
soit par BARAHINYURA ou KANYAREGWE, qu'ils ne toucheront plus
ni le montant de 400'000 dollars promis par SERUBU et SAGATWA
(come ils l'ont toujours affirmé) ni le montant de 600'000
dollars promis par la bande à KAJEGUHAKWA. Donc ils sont capa-
bles de chercher d'autres moyens pour assassiner certaines per-
sonnes, dont vous-même.

3) il faut noter également que, selon les renseignements en ma pos-
session, lesdits mercenaires font partie de la bande qui ont as-
sassiné récemment le Président des SEYCHELLES.

4) Selon BARAHINYURA, ces mercenaires ont des contacts dens l'armée
qui sont en étroite collaboration avec eux et qui seraient contre
le régime en place. D'ailleurs, il paraitrait que parmi les mili-
taires belges et français stationnés dans notre pays, certains
auraient des relations avec lesdits mercenaires.

5) Enfin, à KIGALI même, certains INKOTANYI seraient également en con-
tact avec eux. Parmi les noms cités, je peux parler de LANDROAL.

Concernant BARAHINYURA "DE QUITTER LE F.P.R."

En marge de mes entretiens avec M, BARAHINYURA, je lui ai fait compren-
dre que, rester dans le mouvement du F.P.R., en tant que HUTU de GISENYI
était vraiment une trahison. Je lui ai montré les cassettes vidéo que
j'avais faites à KIGALI avec les services concernés, ainsi que d'autres
témoignages qui montrent réellement que le but des INKOTANYI est de
prendre le pouvoir et aussi de décimer la race HUTU au RWANDA.

C'est ainsi qu'après la visualisation de la cas-
secte et des longues discussions avec BARAHINYURA, finalement ce der-
nier a dû céder à mes pressions. En un mot, M. BARAHINYURA m'a promis
de faire sa déclaration et de quitter le F.P.R.. pas plus tard que
jeudi 16 mai 1992, Mais il estime que pour la crédibilité de sa sortie
du F.P.R. et au bénéfice de notre Pays, il souhaiterait écrire un petit
livre de 60 pages sur les méfaits du F.P.R. et leurs intrigues vis-à-
vis de l'opinion internationale. Seulement, compte tenu du peu de moyens
à sa disposition, M, BARAHINYURA ne peut rien faire, à moins que le

Gouvernement mette du sien.

Sur ce point, Monsieur le Président, il me
semble qu'il est dans notre intérêt d'accepter sa proposition dans
la mesure ou cette publication peut détruire le F.P.R. au profit de
notre Pays.

D'ailleurs, si cela était possible, il serait
intéressant que M. BARAHINYURA publie ce petit livre avant le départ
de MUSEVENI à la Présidence de l'OUA.

COMMENTAIRE SUR LES PARTIS POLITIQUES AU RWANDA
DANS LE MILIEU D'INKOTANYI EN SUISSE

Les Inkotanyi viennent d'apprendre qu'un nouveau "Parti Politique” du
nom de P.S.D. (Parti Socialiste Démocratique) dont leur Président est
GATABAZI et NZAMURAMBAHO. Ils sont très ravis, car ils se disent que
ce parti pourra un jour, coaliser avec MDR, ou encore, avec le F.P.R.
dans l'optique de faire échouer les MRNDD. Aussi, ils se disent que
même si le F.P.R. échoue sur le plan militaire, ils doivent tout fai-
re pour que le régime revienne aux gens du Sud.

De ce fait. Monsieur le Président, je pense
qu'il est grand temps de voir comment, dans le Nord, on peut créer un
autre Parti Politique autre que le MRNDD pour contrer les deux autres
du Sud, Aussi, pour mieux contrôler les hommes de BUTARE, entre autres
les Universitaires, dans ces tenps difficiles, je pense aussi que le
changement du lecteur de l'Université est indispensable pour la propa-
gande du MRNDD. Je verrais plutôt à cette place, un homme fort connu
des idéo du Régime comme, par exemple, M. NBANGURIRA. Quant aux hom-
mes qui peuvent nous aider dans cette campagne, surtout dans le Bugoyi,
il ne semble que BIRARA conviendrait à cette place, si évidemment il
accepte de collaborer. D'autres BANWANASHAKA pourraient faire l'affai-
re pour le MRNDD, je dirais par exemple : BANZI, RUCANGU etc...

Come je vous l'ai signalé lors de l'audience
que Vous avez eu l'amabilité de m'accorder, les contacts avec les per-
sonnes citées plus haut, avant la campagne, seraient très nécessaires.

Enfin, pour ce qui est des réunions tenues
en Suisse depuis mon retour du RWANDA, j'annexe à la présente une
copie du rapport détaillé envoyé au Colonel SAGATWA.

Tel est, Excellence, le contenu de mon rap-
port d'activités que j'ai menées depuis mon retour à BERNE.

Je Vous en souhaite bonne réception et Vous
prie d'agréer, Excellence, les assurances de ma très haute considé-
ration.

SINGAYE GAKURU Fabien

P.J. Cassette :

Photo de KANYAREGWA à sa
sortie de l'Hopital de
Frankfurt au mois d'avril 1991

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