Fiche du document numéro 34952

Num
34952
Date
Lundi 24 mars 2025
Amj
Taille
30588
Titre
Émoi après le maintien d'un concert caritatif pour la RDC à Paris
Sous titre
Les appels de la diaspora rwandaise n'y ont rien fait : le concert caritatif "Solidarité Congo", qui doit réunir de grands noms du rap à Paris, a été maintenu au 7 avril, journée internationale de commémoration du génocide au Rwanda, par ses organisateurs lundi.
Source
AFP
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
La polémique autour de ce concert, auxquels doivent participer Gims, Youssoupha ou Gazo à l'Accor Arena, rencontre un puissant écho en France, exacerbant les souffrances des Rwandais, à l'approche des commémorations du génocide de 1994, et des Congolais, qui estiment que le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) est passé sous silence.

Au cours des dernières semaines, des associations rwandaises, qui se préparent à commémorer le 31e anniversaire du génocide des Tutsi, avaient demandé à reporter ce concert, qui a pour objet de récolter des fonds en faveur des enfants victimes du conflit actuel en RDC.

Les organisateurs ont toutefois annoncé lundi son maintien au 7 avril afin de "garantir la tenue de cet évènement essentiel".

"Cette date choisie malencontreusement, en fonction de la disponibilité des artistes et de la salle, fut l'objet d'un débat malheureux. Face à cela, nous avons choisi de nous tenir à notre ligne directrice : rester fidèles à notre mission humanitaire", ont-ils expliqué dans un communiqué transmis à l'AFP, rappelant que l'intégralité des recettes seraient reversées à des associations "œuvrant sur le terrain".

Dans leur communiqué, les organisateurs ont de nouveau défendu ce concert, "né d'un élan de solidarité", et son objectif : "Agir face à l'urgence et venir en aide aux enfants victimes de la guerre".

Depuis 30 ans, l'est de la RDC, région riche en ressources naturelles et frontalière du Rwanda, est ravagé par des violences meurtrières impliquant une myriade de groupes armés et certains pays voisins.

Ces violences se sont récemment intensifiées à la faveur de l'offensive éclair menée par le groupe armé M23, soutenu par des troupes rwandaises. Selon l'ONU, plus de 100.000 personnes ont fui la zone ces trois derniers mois.

Ce conflit puise ses racines dans le génocide des Tutsi en 1994, la fuite de centaines de milliers de Hutu, dont de nombreux génocidaires, en RDC et les guerres qui s'en sont suivies.

Retrait de l'Unicef



Dans ce contexte, l'annonce du maintien du concert au 7 avril, déclaré "journée internationale de réflexion" sur le génocide par l'ONU depuis 2003, a fait des vagues.

L'Unicef, l'agence onusienne de protection de l'enfance à qui devaient être reversées les recettes, a annoncé qu'elle refusait d'être associée à cet évènement.

"L'Unicef s'est désolidarisée de la date du 7 avril, retenue pour cet événement, et ne sera donc pas le bénéficiaire du concert Solidarité Congo", a indiqué une porte-parole, sollicitée par l'AFP.

Mi-mars, l'Unicef avait déjà jugé "impossible" de bénéficier d'un concert caritatif organisé lors d'une journée "dédiée à une commémoration du génocide" qui a fait au moins 800.000 morts, majoritairement Tutsi, en 1994.

Du côté de la communauté rwandaise, l'heure est à la mobilisation.

"Le 7 avril, on annulera toutes nos activités de commémoration et on sera tous devant Bercy (où se situe la salle de concert, NDLR) pour manifester", prévient Christophe Renzaho, président de la communauté rwandaise de France, qui s'indigne notamment du silence de la Mairie de Paris, actionnaire majoritaire de l'Accor Arena.

Malgré l'objectif humanitaire de "Solidarité Congo", ce responsable estime que certains artistes à l'affiche du concert relaient ou cautionnent des discours haineux à l'égard des Tutsi.

"Je suis dans l'incapacité de commémorer le décès de mes grands-parents en me disant qu'à moins de 3 kilomètres, il y a dans un concert des gens qui font l'apologie du génocide et de l'extermination des Tutsi. J'ai vécu ça, j'étais jeune. Aujourd'hui, je ne peux juste pas l'admettre", affirme à l'AFP M. Renzaho, qui fait état d'un très haut niveau de "colère" dans la communauté rwandaise.

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