Citation
[Extraits :]
[…]
[01 h 21’ 37’’]
Didier Tauzin : Il faut bien voir que dans certains endroits, dans la poche du…, c’qu’on appelait la poche de Byumba dans le…, dans le Nord-Est du…, au Nord-Est de Kigali, il y avait des tranchées qui étaient distantes de 100 mètres les unes des autres ! 100 mètres, parfois moins, 50 mètres, hein. Comme en 14 !
Clément Neuroy : Mmm.
Didier Tauzin : Hein. On pouvait y voir les yeux des Tutsi qui étaient en face de nous, qui nous tiraient dessus, quoi. C’était [ricanement]… C’était ça, hein. Et donc, les choses se sont…, finalement, se sont retournées à notre avantage. On a très rapidement créé des commandos de chasse qui, la nuit, passaient sur les arrières tutsi pour, euh…, en tuer le maximum, quoi. Donc, hein, pour semer un peu la terreur aussi. C’est normal, hein. C’est, c’est… D’accord. Si bien qu’ils ont commencé à freiner puis à refluer.
[…]
[01 h 23’ 56’’]
Didier Tauzin : Un an après, eh bien, le…, le…, Kagame a relancé son offensive…, a relancé son offensive. Habyarimana a été tué. Et puis…, et puis donc s’est déclenché ce…, ce qu’on appelle le génocide des Tutsi…, qui n’est pas un génocide « des Tutsi », qui est un génocide multiethnique si je puis dire, hein. Et qui continue. Faut pas l’oublier. On n’en parle jamais ! Y’a des quantités de choses dont on ne parle jamais dans les médias, jamais.
Clément Neuroy : Mmm.
Didier Tauzin : Mais le génocide continue là-bas. Pas en Ouganda mais de l’autre côté. Parce que depuis 94, les Tutsi ont…, occupent militairement les deux Kivu qui sont ri-chi-ssimes. Ou d’ailleurs les entreprises américaines polluent, euh, enfin…, sont très nombreuses, n’est-ce pas. Bien, OK. Et on occupe les deux Kivu et puis il y a des massacres permanents. Y’a des massacres permanents. Y’a…, j’en ai encore vu une vidéo y’a un an et demi à peu près, c’est…, prise…, prise très récemment avant qu’elle ne me soit envoyée, si vous voulez. C’est horrible.
Clément Neuroy : Mmm.
Didier Tauzin : Euh…, on serait aujourd’hui, depuis 94, depuis mai 94 grosso modo, on serait environ 20 millions de massacrés [silence], dont 600 000 Tutsi. C’est toujours trop, 600 000 Tutsi, c’est évident, hein. Mais quand on nous parle de génocide des Tutsi ! Non, c’est surtout les Tutsi…, Kagame, pas les Tutsi en général, Kagamé qui a fait génocider…
Clément Neuroy : C’est-à-dire, en fait, y’avait une partie des Tutsi, dirigée par Kagame, qui n’acceptent pas ce qui s’est passé au Rwanda avec les Hutu qui ont gagné les élections et qui attaquent.
Didier Tauzin : Voilà.
Clément Neuroy : Mais au sein des Hutu, y’avait aussi des Tutsi qui vivaient là et après se sont massacrés entre eux, quoi.
Didier Tauzin : Ouais. Mais c’est surtout…, ce sont surtout des bantous, des Hutu qui ont été massacrés depuis.
Clément Neuroy : Ouais, ouais. D’accord.
Didier Tauzin : Ça c’est…, c’est lourd, ça.
[…]
[01 h 26’ 11’’]
Didier Tauzin : Ecoutez, je ne peux pas affirmer que… [silence] aucun soldat français n’ait fait de bêtise au Rwanda… J’peux pas l’affirmer. Si y’en a un qui l’a fait, il s’est bien caché. Parce qu’il sait très bien ce qui serait arrivé après. La tôle. Cassé, viré de l’armée, euh…, la…, etc., etc. C’est inadmissible. Y’a peut-être eu quelques-uns qui ont fait des… Mais dire que nous avons, moi en particulier, organisé des génocides, organisé des viols de masse. Où on va, là ? J’ai [ricanement] la conscience radicalement tranquille. Et puis, si vous voulez, euh…, malgré tous les gens qui ont dit cela, eh bien, j’étais colonel à l’époque. Je suis général ! Les gouvernements français m’ont fait passer général quand même, m’ont fait, euh…, comment dire, donné la Légion d’honneur à des grades plus élevés, etc. Ça veut dire que…, qu’est-ce qui se passe là, il y a quelque chose qui… Non, ce sont des calomnies. C’est monté de toute pièce pour casser la France et casser l’armée française. Monté de toute pièce par qui ? Bon, j’ai mon idée, j’peux pas l’affirmer. Mais j’peux pas affirmer que… Mais, bon. Mais grosso modo, y’a… les Américains derrière que ça ne m’étonnerait pas.
Clément Neuroy : [Inaudible] de l’autre côté de l’océan [sourire].
Didier Tauzin : Ouais. Exactement, hein. Oui parce qu’il ne faut pas oublier non plus que le…, le 4 juillet 94, quand Kagame s’empare…, s’empare de Kigali définitivement, le premier avion à se poser à Kigali est un avion des forces spéciales américaines. Aussitôt après la prise de Kigali, aussitôt après ! [Silence]. Bien, euh…, moi, je sais que quand nous étions en 93, en face de nous, nous avons tué quelques Blancs [silence]. Alors ils avaient un type anglo-saxon. Maintenant, c’est tout c’qu’on peut dire. Etaient-ils Anglais, Américains, gna-gna ? C’est tout, hein.
Clément Neuroy : [Sourire].
Didier Tauzin : Ça vous fait rire peut-être, mais, voilà. Y’a pas un type Russe, hein, ça c’est clair [sourire], pas un type slave, hein. C’étaient pas des Italiens, bien. On en a tué quelques-uns. Alors, bon, ce ne sont que des indices. Y’en a quelques-uns d’indices, hein.
[…]
[NB. – Les principaux bégaiements ont été supprimés]