Citation
Dans sa réflexion sur la photographie de guerre, Regarding the Pain of Others (Picador, 2003), la critique Susan Sontag écrit que les images d’atrocités ne provoquent pas nécessairement d’empathie. Elles peuvent susciter « un appel à la paix. Un cri de vengeance. Ou simplement une conscience étonnée, continuellement réalimentée par les informations photographiques, que des choses terribles se produisent ».
Le conflit en République démocratique du Congo (RDC) soulève une autre possibilité : que ces photos ne soient tout simplement jamais prises. Oui, il y a 7 millions de personnes déplacées par la violence – le troisième total le plus élevé au monde après le Soudan et la Syrie, selon l’ONU –, mais celle-ci est présentée comme trop complexe, avec des dizaines de groupes armés qui se battent pour une myriade de raisons, souvent très locales. Pour de nombreux Occidentaux, elle est également « trop africaine », trop périphérique par rapport aux intérêts des superpuissances. Cela conduit à des statistiques qui donnent à réfléchir : au cours de l’année écoulée, le quotidien états-unien The New York Times a publié 53 articles sur le Congo, contre 3 278 sur l’Ukraine. Le conflit dans ce pays d’Afrique centrale n’a pas fait l’objet d’un seul sujet sur la chaîne de télévision états-unienne Fox News.
Pour les personnes touchées par la violence, les images sont bien sûr gravées dans leur mémoire. Sontag, qui écrivait à la suite des attentats du 11 septembre 2001, craignait que les images de violence n’unissent pas, mais divisent au contraire ; qu’elles ne suscitent pas le dégoût de la guerre, mais un désir de vengeance. Les récits contradictoires autour du conflit congolais, instrumentalisés par les démagogues, illustrent son propos. Ces récits, souvent considérés comme de la propagande ou des conspirations diffusées par des personnes extérieures, façonnent la prise de décision et la violence sur le terrain.
« Nous sommes prêts à nous battre »
Du côté congolais, un raccourci populaire consiste à faire porter au Rwanda la responsabilité de la violence dans l’Est. Comme l’a récemment déclaré le président Félix Tshisekedi : « Une chose est responsable de cette situation, c’est l’agression rwandaise. » Lors de la campagne électorale de 2023, à l’issue de laquelle il a été réélu, il s’est lancé dans une diatribe en public : « Je veux m’adresser au président rwandais Paul Kagame, pour lui dire ceci : puisqu’il a voulu se comporter comme Adolf Hitler en ayant des visées expansionnistes, je lui promets qu’il finira comme Hitler. »
On retrouve des hyperboles similaires de l’autre côté de la frontière, au Rwanda. Le président Paul Kagame accuse son homologue de propager l’idéologie du génocide de 1994 contre les Tutsis (qui a fait 1 million de morts en trois mois) et affirme que le M23, un groupe armé composé majoritairement de Tutsis congolais, se bat simplement pour protéger sa communauté. Bien que Kagame ait nié soutenir le M23 (ce que confirment pourtant plusieurs enquêtes de l’ONU, dont celle-ci), il a également précisé qu’il n’avait besoin de personne pour lui donner la permission d’envoyer des troupes de l’autre côté de la frontière afin de protéger ses concitoyens contre les rebelles rwandais qui colportent l’idéologie du génocide. « Nous sommes prêts à nous battre, a-t-il déclaré à la presse, nous n’avons peur de rien. »
Il est facile de trouver des failles dans ces deux récits. Kagame ne peut être tenu pour responsable de tous les conflits qui se chevauchent et s’imbriquent chez son voisin, mais, d’un autre côté, il est malhonnête d’affirmer que les rebelles rwandais au Congo, parmi lesquels figurent des génocidaires en fuite qui ont constitué le gros des dirigeants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en 2000, constituent encore une menace imminente pour le Rwanda. Et pourtant, ces récits fonctionnent parce qu’ils touchent des cordes sensibles.
Une guerre de perceptions
Ils trouvent un écho profond dans les deux pays car la guerre ne se déroule pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi sur les réseaux sociaux et dans la conscience collective. Le cardinal de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a accusé le Rwanda d’avoir des « ambitions expansionnistes » et de s’adonner au « pillage systématique » des ressources congolaises. Le chanteur Fally Ipupa, l’une des plus grandes stars de RDC, a déclaré qu’il ne se produirait plus au Rwanda. Le médecin congolais Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix en 2018, a appelé les donateurs occidentaux à sanctionner le Rwanda. Dans un sondage réalisé en 2022, 77 % des Congolais interrogés estimaient que le Rwanda était responsable du conflit dans leur pays.
Quant au Rwanda, il est clair que le parti au pouvoir se sent injustement accusé. « Le Rwanda n’hésitera jamais et ne s’excusera jamais de protéger la sécurité de son peuple », a déclaré Paul Kagame. S’il est difficile d’évaluer l’opinion populaire dans un pays aussi autoritaire – et alors que le gouvernement diffuse souvent son point de vue par le biais d’une armée digitale sur les réseaux sociaux –, de nombreux Rwandais, notamment les plus âgés, craignent que les divisions ethniques du passé soient ravivées et que l’étincelle vienne de l’est de la RDC. Trente ans après le génocide, pas moins de 25 % de la population1 – et davantage encore au sein des rescapés du génocide contre les Tutsis – souffre de troubles de stress post-traumatique (TSPT)2.
Le ressentiment des Congolais à l’égard du Rwanda a des racines profondes. En 1994, lors du génocide contre les Tutsis du Rwanda, 1 million de réfugiés ont traversé la frontière pour se réfugier en RDC (à l’époque le Zaïre). Parmi eux se trouvaient des éléments de l’armée rwandaise vaincue par le Front patriotique rwandais (FPR), ainsi que des milices tristement célèbres, telles que les Interahamwe (constituées de civils), responsables des massacres pendant le génocide. Deux ans plus tard, en 1996, le nouveau gouvernement rwandais, dirigé par Paul Kagame (réélu pour un quatrième mandat le 15 juillet 2024 avec plus de 99 % des suffrages exprimés), a pris la tête d’une coalition de pays voisins qui, ensemble avec une coalition des rebelles congolais, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), a démantelé les camps de réfugiés et a fini par mettre un terme aux trente-deux années de règne de Mobutu Sese Seko.
Cette coalition a été suivie d’une série d’insurrections soutenues par le Rwanda : le RCD, le CNDP et, plus récemment, le M23. Chacune de ces rébellions s’est appuyée sur les communautés congolaises hutues et tutsies, et chacune d’entre elles s’est livrée à des violations des droits humains, souvent dans le but déclaré de défendre ces communautés. Des intérêts matériels réels contribuent à alimenter ces rébellions, comme l’exploitation des ressources minières, mais la violence a également été alimentée par des récits comportant une forte dose de démagogie et de révisionnisme historique.
Les thèses conspirationnistes de Charles Onana
L’un des protagonistes de ce révisionnisme est Charles Onana, un écrivain franco-camerounais prolifique. Grâce à sa petite maison d’édition, Duboiris, basée à Paris, il a publié vingt-six livres, au rythme de plus d’un par an pendant deux décennies. Malgré leur qualité disparate et leur rigueur douteuse, il a réussi à obtenir des soutiens importants. L’un de ses ouvrages, Ces tueurs tutsi au cœur de la tragédie congolaise (2009), a été préfacé par Cynthia McKinney, membre du Congrès américain. Un autre, Côte d’Ivoire : le coup d’État (2011), par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki. Son dernier livre, Holocauste au Congo. L’omerta de la communauté internationale (L’Artilleur, 2023), est présenté par l’ancien ministre français de la Défense de Jacques Chirac (1995-1997), Charles Millon.
La popularité d’Onana a augmenté en RDC ces dernières années en surfant sur la dernière offensive du M23 soutenue par le Rwanda, qui a débuté en novembre 2021. En mars 2024, il a été invité d’honneur par le gouvernement congolais, accueilli par une fanfare de la police et le déploiement d’une garde militaire lourdement armée, pour une série de conférences dans des universités publiques et au Parlement. On peut trouver son dernier livre partout à Kinshasa, sur les bureaux des parlementaires et dans des librairies pourtant peu achalandées. On peut aussi voir des affiches avec des agrandissements de la couverture de son livre dans certaines manifestations de Congolais de la diaspora.
Peu d’universitaires sérieux considèrent ce dernier livre comme un travail scientifique solide. Comme beaucoup de penseurs conspirationnistes, Onana fait passer des spéculations, des insinuations et des mensonges pour des conclusions scientifiques, avec des notes de bas de page élaborées et des références à des documents provenant des archives des gouvernements états-unien et français. Mais il est rare que ces sources étayent réellement ses affirmations.
Charles Onana, lors d’une conférence à l’université de Kinshasa, le 17 mars 2024.
© DR
Compte tenu de la complexité du conflit congolais, le plus grand atout rhétorique d’Onana est peut-être sa simplicité. Selon lui, la crise congolaise est orchestrée depuis le début par le gouvernement rwandais, qui est lui-même au service des États-Unis, des membres de l’élite française et des multinationales. Depuis 1990, lorsque le FPR de Kagame a lancé son offensive sur le Rwanda depuis l’Ouganda, « l’idée principale était d’installer à la tête du Rwanda un leader capable d’envahir le Congo-Zaïre et de s’emparer de ses richesses au profit des compagnies minières occidentales et des intérêts privés anglo-américains soutenus par certains dirigeants occidentaux », écrit-il. Résultat, selon lui : 10 millions de Congolais tués, un demi-million de femmes violées, des millions de tonnes de minerais pillées et 110 000 kilomètres carrés de forêts détruits. Des chiffres repris sans recul par le président congolais lui-même dans une interview accordée au quotidien français Le Monde en mars 2024 : « Au Congo, il y a eu 10 millions de morts », a-t-il affirmé3.
Onana est dans la bonne moyenne, mais il manque de nuances et de rigueur. Plusieurs études de mortalité et analyses statistiques suggèrent que le nombre de décès dus aux conséquences humanitaires des conflits se chiffre en millions. Les meurtres directs sont probablement beaucoup moins nombreux, même s’ils se chiffrent en centaines de milliers. Il est également probable que des dizaines de milliers de femmes ont été violées par des groupes armés, bien que les données à cet égard soient rares.
Le génocide des Tutsis, une « supercherie »
Onana est un habitué de ce genre d’hyperboles et de déformations. Il a soutenu que « la théorie selon laquelle un régime hutu aurait planifié le “génocide” [sic] au Rwanda est l’une des plus grandes escroqueries du XXe siècle ». Sa version des événements au Rwanda a été contestée en France : il a été mis en examen en 2022 pour contestation publique de l’existence de crime contre l’humanité. En octobre 2019, sur la chaîne d’information LCI, l’auteur avait déclaré que, « entre 1990 et 1994, il n’y [avait] pas eu de génocide contre les Tutsis, ni contre quiconque ».
Ce sont ses écrits les plus récents qui étendent ces théories aux guerres en RDC. Voici la version condensée de son argumentation : le plan des rebelles du FPR de Kagame était depuis le début de pousser une grande partie de la population rwandaise à fuir au Congo, car cela lui fournirait – ainsi qu’à ses alliés états-uniens et aux industriels – une bonne excuse pour envahir le Zaïre, renverser Mobutu et piller les minéraux congolais.
Comme toute bonne conspiration, il est difficile de réfuter certains des éléments avancés, même si l’auteur n’apporte que peu de preuves. Il mélange des faits bien connus avec des demi-vérités et des mensonges. En 1994, quelque 1,3 million de réfugiés rwandais ont effectivement fui vers la RDC (beaucoup d’autres ont fui vers la Tanzanie). Mais cela faisait-il partie d’un complot visant à modifier la démographie rwandaise en faveur des Tutsis, et d’un stratagème visant à créer un prétexte pour envahir le Zaïre ? Malgré les documents qu’il cite, il manque de preuves. Et les éléments circonstanciels suggèrent le contraire : en 1996, lorsque la nouvelle armée rwandaise (contrôlée par Kagame) a envahi le Zaïre, la grande majorité des réfugiés sont rentrés chez eux, au Rwanda. Ceux de la Tanzanie voisine ont fini par le faire également. Si l’objectif était de modifier radicalement les proportions ethniques du Rwanda, cela n’a pas fonctionné.
L’aveuglement de Washington et le mythe d’un « Tutsiland »
Concernant le rôle des États-Unis, l’administration Clinton, qui culpabilisait d’avoir joué un rôle déterminant dans le retrait des Casques bleus pendant le génocide, s’est montrée compréhensive à l’égard du nouveau gouvernement du FPR. Elle a apporté un soutien humanitaire et a contribué à la mise en place d’une campagne visant à convaincre les réfugiés de rentrer chez eux, à la création d’un programme de déminage et, ce qui est le plus controversé, à la formation d’officiers rwandais à la contre-insurrection.
Cette politique était à courte vue. Le soutien au nouveau régime et l’empathie pour les traumatismes subis par la société rwandaise ont aveuglé la politique de Washington, l’amenant à fermer les yeux ou à ignorer les rapports faisant état des massacres commis par les nouvelles autorités rwandaises et le FPR à l’intérieur du pays et au Zaïre (renommé RDC en 1997). Les mots de l’attaché de défense états-unien en poste à l’époque à Kigali, le lieutenant-colonel Tom Odom, commentant un massacre de personnes déplacées à Kibeho, au Rwanda, en 1995, sont à ce titre révélateurs : « Les morts étaient tragiques… Par rapport aux 800 000 morts du génocide, les 2 500 morts n’étaient qu’un dos d’âne. » Néanmoins, les preuves démontrant un plan d’ensemble préconçu et soutenu par les États-Unis dans le but de piller les ressources congolaises, comme l’affirme Onana, sont faibles.
Dans la deuxième partie de son livre, l’ethnicité occupe une place prépondérante et troublante. Selon Onana, depuis les années 1980, Kagame et le président ougandais Yoweri Museveni auraient l’intention de créer un « empire Tutsi-Hima » s’étendant de l’Ouganda au Rwanda, au Burundi et à la RDC. L’objectif de ce « Tutsiland », comme il l’appelle, serait de permettre aux puissances anglo-saxonnes d’exercer une influence sur l’ensemble de l’Afrique. Leurs tentacules seraient très étendues : « Un puissant lobby anglo-saxon travaille sur ce dossier depuis des années, avec des liens étroits au bureau du secrétaire général des Nations unies, dans d’autres agences de l’ONU, en Allemagne, au Congrès américain, en Grande-Bretagne et au bureau de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) [rebaptisée Union africaine en 2002, NDLR] », écrit l’auteur franco-camerounais.
Il laisse par ailleurs entendre que Kagame a utilisé des femmes pour gagner la confiance des chefs d’État du Congo-Brazzaville, de la République centrafricaine et d’ailleurs. Les racines de ce stéréotype rappellent la propagande génocidaire : les femmes tutsies étaient souvent dépeintes comme une cinquième colonne, un ennemi intime, cherchant toujours à défendre leur « race » par des moyens détournés. On en trouve des exemples dans Kangura, la publication qui diffusait des messages de haine pendant la période précédant le génocide. Ainsi, une caricature de février 1994 suggère que Roméo Dallaire, général de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar), a choisi le camp du FPR parce que séduit par une femme tutsie...
« Ils sont tous pareils »
Des rappels de cette rhétorique restent omniprésents au Congo. En 2023, l’ancien ministre Justin Bitakwira, un allié du président congolais, a déclaré dans une interview : « Un Tutsi est un criminel né. Ils sont tous pareils. Quand on voit un Tutsi, on voit un criminel. Quand ils sont en position de faiblesse, ils peuvent dormir dans votre lit pendant six mois. Et lorsqu’ils accèdent au pouvoir, ils nient vous avoir jamais connu. Je n’ai jamais vu une race aussi méchante. » Boketshu Wayambo, un influenceur populaire de la diaspora, a publié une vidéo sur YouTube dans laquelle il proclame : « Frères à Kinshasa, vous devriez cibler les Rwandais, tous les Tutsis qui sont à Kinshasa... Ils sont en train de transformer la terre de Dieu en un Tutsiland ! » Deux universitaires de la région ont dressé une liste de vingt-sept diffusions sur YouTube contenant un discours similaire et visionnées des centaines de milliers de fois4.
Ironiquement, en dépit des références nationalistes invoquées par ces démagogues, ces obsessions ont une origine clairement coloniale. Les colons européens dans cette région, inspirés par les théories raciales en vogue aux États-Unis et en Europe à l’époque, étaient influencés par l’« hypothèse hamitique » – du nom biblique de Cham, qui déshonora son père, Noé, et fut maudit pour être le « serviteur des serviteurs » –, selon laquelle tout signe de sophistication dans l’architecture, la culture ou la politique africaines devait forcément être d’origine étrangère, apporté par les descendants des peuples du Moyen-Orient en Afrique.
En 1902, un prélat catholique français a déclaré à propos des Tutsis : « Leur apparence intelligente et délicate, leur amour de l’argent, leur capacité à s’adapter à toutes les situations semblent indiquer une origine sémitique. »5 Un religieux belge décrivait quant à lui en 1948 les Hutus comme « le type le plus commun de Noirs, brachycéphales et prognathes, au goût et aux aptitudes agronomiques, sociables et joviaux [...] aux lèvres épaisses et au nez écrasé, mais si bons, si simples, si loyaux »6.
Ces récits ont des impacts réels. Par exemple, Onana régurgite, dans un langage pseudo-scientifique, le mensonge selon lequel les Tutsis congolais de la province du Sud-Kivu, où ils sont appelés Banyamulenge, seraient des immigrés récents et n’auraient donc aucun droit à la citoyenneté – et donc à la terre – au Congo. Il affirme que toutes les guerres qui ont éclaté dans l’est de la RDC depuis la chute du président Mobutu ont été alimentées par les revendications « fallacieuses » des Banyamulenge.
Le croquemitaine dont le Rwanda avait besoin
Ce faisant, Onana laisse commodément de côté les nombreuses sources tirées d’histoires orales et de documents coloniaux qui montrent que cette communauté vit sur les hauts plateaux du Sud-Kivu depuis le XIXe siècle au moins, et probablement avant. Là encore, les confabulations d’Onana ne sont pas anodines : Martin Fayulu, un leader de l’opposition congolaise, a fait de la négation de l’identité banyamulenge un argument de campagne ; le député Muhindo Nzangi, qui est ensuite devenu ministre de l’Éducation, a fait des déclarations similaires en 2020 ; et les groupes armés de la province du Sud-Kivu appellent constamment à l’expulsion de tous les Banyamulenge du Congo.
Selon Charles Onana, les institutions congolaises ont été systématiquement infiltrées par des Tutsis. Dans un discours tenu à l’université de Kinshasa le 17 mars 2024, il a appelé le gouvernement à traquer et à extirper ces « traîtres ». Évoquant les nombreux rapports (de l’ONU notamment) selon lesquels l’armée congolaise est responsable d’abus généralisés dans le conflit en cours, il écrit : « Ce ne sont pas des [officiers] militaires congolais qui commettent les crimes mentionnés dans ces rapports, mais des mercenaires rwandais et burundais et des miliciens banyamulenge intégrés dans cette armée. Au sein des FARDC, ils font exactement ce qu’ils ont toujours fait en tant que miliciens ou mercenaires dans leurs “rébellions” respectives. » Inutile de dire que c’est absurde : il est largement prouvé que les soldats congolais issus d’autres communautés se sont également rendus coupables de nombreuses exactions.
Onana, de manière perverse, pourrait bien être le croquemitaine dont le Rwanda avait besoin. De leur côté, les dirigeants rwandais présentent leur propre histoire, également trompeuse, pour justifier leurs actions. Il n’y a pas d’exemple similaire à celui d’Onana pour diffuser leur version des événements. Le pouvoir de Kigali est organisé différemment, avec peu de place pour les voix indépendantes. C’est le gouvernement lui-même, par le biais de ses médias affiliés et de ses sympathisants en ligne, qui alimente les débats.
Le président Paul Kagame, arrivé au pouvoir en 2000 après avoir été vice-président et ministre de la Défense à partir de 1994, a établi un lien entre la situation actuelle en RDC et le génocide des Tutsis lors des 30e commémorations du génocide, en avril 2024. Soulignant le crescendo des discours de haine à l’encontre des membres congolais de la communauté tutsie, il a déclaré : « Les auteurs du génocide ne sont pas les seuls à avoir commis des actes de génocide. Les auteurs du génocide au Rwanda, qui ont fui en 1994, ont depuis lors collaboré avec les gouvernements de la RDC. Et ce qu’ils font aujourd’hui s’apparente à un génocide. » Son gouvernement affirme que les FDLR sont intégrées dans l’armée congolaise dans le but de retourner au Rwanda et de poursuivre leur projet génocidaire.
Prophétie autoréalisatrice
Onana est une cible privilégiée du gouvernement rwandais, en particulier de son armée numérique, hyperactive sur les réseaux sociaux. Kigali l’accuse de minimiser ou de nier le génocide de 1994 et d’attiser la haine contre la communauté tutsie. Un site lié au gouvernement qualifie son livre de « bible de la haine », un compte similaire sur X (ex-Twitter) dit qu’il est devenu « le totem de ces manifestations [anti-Rwanda], de Paris à Bruxelles, de Goma à Kinshasa » (voir ci-dessous).
Certaines parties du récit rwandais sont exactes. L’armée congolaise a une longue histoire de collaboration avec les FDLR, y compris au cours des dernières années. Et il ne fait aucun doute que la communauté tutsie congolaise souffre de discriminations et est persécutée. Le problème est que les autorités rwandaises se trompent de séquence : aucun de ces facteurs ne semble avoir provoqué leur soutien récent au M23. Au contraire, l’intervention militaire rwandaise a été une prophétie autoréalisatrice, aggravant le sentiment anti-Tutsis et relançant la collaboration entre l’armée congolaise et les FDLR.
Il est utile de remonter à janvier 2019, lorsque Félix Tshisekedi est arrivé au pouvoir. Après son investiture, il a cherché à intensifier la collaboration avec le Rwanda. Il s’est rendu à Kigali et a déposé une gerbe au mémorial du génocide de Gisenyi, une première pour un dirigeant congolais. Kagame lui a rendu la pareille quelques mois plus tard en assistant aux funérailles du père de Tshisekedi à Kinshasa, sous les applaudissements de la foule dans le stade national. Le chef de l’État congolais a ensuite poursuivi la politique de son prédécesseur qui consistait à autoriser les troupes rwandaises à se déployer dans l’est de la RDC et à mener des opérations ciblées, souvent aux côtés des troupes congolaises, contre les rebelles rwandais. En septembre 2019, ils ont tué le chef des FDLR, le général Sylvestre Mudacumura. Quelques mois plus tard, ils ont éliminé Laurent Ndagijimana, le chef d’une faction dissidente des FDLR, le Conseil national pour le renouveau de la démocratie (CNRD).
Brève lune de miel
Cette collaboration militaire a duré jusqu’aux premiers mois de 2021. En juin de cette année-là, Tshisekedi a rendu visite à Kagame au Rwanda. Ils ont signé plusieurs accords, dont un qui donnait à une société proche du FPR le droit de raffiner l’or d’une importante société d’extraction aurifère de l’État congolais. En novembre 2021, Kagame a une nouvelle fois rencontré son homologue à Kinshasa – en marge d’une conférence sur la masculinité positive – où les deux hommes ont réaffirmé leur collaboration.
Paul Kagame et Félix Tshisekedi, à Kinshasa, en mai 2019.
© Paul Kagame / flickr.com
Pendant ce temps, la partie sud de la province du Nord-Kivu, où le M23 est apparu, était relativement calme. De nombreuses troupes congolaises s’étaient déplacées vers le nord, où elles se battaient contre des rebelles islamistes, les Forces démocratiques alliées (Allied Democratic Forces, ADF, affiliées à l’État islamique en Afrique centrale). Avant le retour du M23 en novembre 2021, il y avait peu de signes d’une menace imminente de la part du gouvernement congolais ou des FDLR pour le Rwanda.
Une explication probable de ce qui a déclenché l’escalade réside dans les relations contrariées du Rwanda avec deux autres voisins. Mi-2021, Félix Tshisekedi a commencé à renforcer ses liens avec l’Ouganda, signant des accords de construction de routes et d’investissements. Puis, le 16 novembre 2021, un trio de kamikazes s’est fait exploser dans le centre de Kampala, la capitale ougandaise, tuant 4 personnes et en blessant 37. Le gouvernement ougandais a alors déployé plusieurs milliers de soldats en RDC pour mener des opérations conjointes contre l’ADF, tenue pour responsable de l’attentat. Cette projection de la puissance militaire et économique de l’Ouganda en RDC a été perçue comme une menace par les responsables de la sécurité du Rwanda.
Au même moment, le gouvernement burundais, qui avait (et a toujours) également des relations tendues avec le Rwanda, déployait son armée en RDC contre un groupe rebelle burundais basé sur son territoire. Le Rwanda s’est senti cerné par des forces hostiles et a réagi en déployant entre 3 000 et 4 000 soldats en RDC pour soutenir le M23.
D’immenses intérêts économiques en jeu
Les motifs sécuritaires et économiques sont difficiles à démêler. Le Rwanda, tout comme l’Ouganda et le Burundi, profite de l’instabilité en RDC. Même avant la crise du M23, il a tiré parti de la faiblesse de l’État pour projeter ses propres réseaux économiques dans l’arrière-pays congolais en soutenant les réseaux de trafiquants qui font passer de grandes quantités d’or, d’étain et de tungstène au Rwanda7. Depuis 2016, l’or passé en contrebande depuis la RDC est la principale exportation de chacun de ces trois pays – certaines années, il a représenté jusqu’à la moitié de leurs exportations.
Un argument similaire peut être avancé en ce qui concerne la persécution des Tutsis congolais. Ce phénomène ne fait aucun doute. Pourtant, il n’y a pas eu de recrudescence du sentiment anti-Tutsis avant la réapparition du M23, en novembre 2021. Certes, quelque 80 000 Tutsis congolais vivent dans des camps de réfugiés au Rwanda, certains depuis près de trente ans. Et certes, le sentiment anti-Tutsis est instrumentalisé par les politiques congolais pour gagner en popularité et détourner l’attention des Congolais et ainsi éviter d’assumer leurs échecs socio-économiques. Mais il semble peu probable que cela ait été la principale motivation du Rwanda pour soutenir le M23 – dans toutes les réunions entre Tshisekedi et Kagame avant le réveil de la rébellion, dont la dernière date de mi-2021, il n’y a aucune trace publique de cette question.
Les protestations du Rwanda au sujet de la discrimination touchant les Tutsis ne correspondent pas non plus à la façon dont son gouvernement a traité les réfugiés tutsis congolais dans son propre pays. Par exemple, en 2018, la police a ouvert le feu sur une foule de réfugiés banyamulenge qui protestaient contre la réduction de leurs rations alimentaires, tuant au moins douze personnes. Le CNDP et le M23 ont aussi procédé à plusieurs reprises au recrutement forcé de civils tutsis, dont des enfants, dans des camps au Rwanda, ce qui a été documenté par plusieurs rapports (ici et là notamment) des enquêteurs de l’ONU.
Le rêve du « Grand Rwanda »
C’est plutôt en réponse à la rébellion du M23 que les persécutions contre la communauté tutsie ont augmenté en s’appuyant sur les mêmes arguments conspirationnistes qu’Onana cherche à crédibiliser et à infuser. En novembre 2023, dans la ville frontalière de Goma, une foule a lynché un soldat banyamulenge, qu’elle a accusé d’être un combattant du M23 en raison de ses traits physiques. Selon l’ONG Human Rights Watch, plusieurs Tutsis ont été tués dans des circonstances similaires, tandis que des dizaines de personnes ont été arrêtées en raison de leur identité ethnique. Le Rwanda a pu pointer du doigt ces cas de haine et d’extrémisme, arguant qu’il s’agissait là des véritables sources du conflit.
Enfin, certaines personnalités rwandaises influentes ont justifié l’intervention en RDC en évoquant un « Grand Rwanda » et en rappelant que le Rwanda a des prétentions historiques sur certaines parties de l’est de la RDC qui remontent au XIXe siècle. Il existe un précédent célèbre : alors que le Rwanda lançait sa première invasion du Zaïre, en 1996, le président de l’époque, Pasteur Bizimungu, avait montré à des diplomates la carte d’un Rwanda 50 % plus grand que ses frontières actuelles qui s’étendait à l’intérieur de la RDC. Des cartes similaires ont été montrées lors des itorero, des programmes d’éducation civique organisés dans tout le pays au cours desquels les participants ont été informés de l’âge d’or précolonial supposé du Rwanda. Kagame a repris ce thème dans un discours en 2023, en déclarant : « En ce qui concerne le M23 [...], vous devez savoir que les frontières tracées pendant la période coloniale ont découpé nos pays en morceaux. Une grande partie du Rwanda a été laissée de côté, l’est du Congo et le sud-ouest de l’Ouganda. [...] C’est l’origine du problème. »
Même si les frontières du passé justifiaient une agression militaire (ce n’est pas le cas), la revendication du Rwanda sur l’est de la RDC est ténue. Comme l’ont souligné des historiens, les armées rwandaises n’ont occupé que brièvement des petites parties de cette région au XIXe siècle, sans jamais les contrôler totalement. Et si certains chefs locaux leur ont rendu hommage, ils étaient aussi souvent farouchement indépendants. Malheureusement, ces récits historiques renforcent également au Congo l’idée d’une volonté du gouvernement du Rwanda d’établir un « Tutsiland », fantasme colporté par Charles Onana et par d’autres.
Un discours séduisant
Malgré ses nombreuses inexactitudes, Onana a touché un point sensible. Fatigués des guerres sans fin et des interventions internationales, de nombreux Congolais – à en juger par les centaines de milliers de personnes qui ont vu ses vidéos sur YouTube – semblent être d’accord avec cette réécriture inversée des causes de la guerre. Si le Congo est dans cette situation désastreuse après vingt-huit années de conflits, c’est que quelqu’un a voulu qu’il en soit ainsi, se disent-ils. Cette logique du « cui bono » (« à qui profite le crime ? ») est séduisante. Les souffrances du Congo ont été si colossales qu’il est rassurant de penser qu’elles sont le résultat d’un complot mondial.
Il est vrai qu’en ce qui concerne le Rwanda et ses interventions répétées, la communauté internationale a été complice. Le Rwanda dépend encore largement de l’aide. Selon la Banque mondiale, le pays a reçu 1,25 milliard de dollars d’aide publique au développement en 2021, soit 74 % des dépenses du gouvernement central. Son logo « Visit Rwanda » figure sur les maillots des clubs de football d’Arsenal (Angleterre), du Bayern Munich (Allemagne) et du Paris Saint-Germain (France). En pleine offensive du M23 en 2022, des dirigeants du monde entier ont assisté au sommet bisannuel du Commonwealth accueilli par Kagame. Et, en 2023, plusieurs célébrités – dont le comédien Kevin Hart, l’acteur Idris Elba et le ministre britannique des Affaires étrangères Andrew Mitchell – ont été les invités d’honneur de la cérémonie gouvernementale de baptême des gorilles. Alors que les États-Unis, alliés traditionnels du Rwanda de Kagame, se montrent de plus en plus critiques à l’égard de son intervention en RDC, beaucoup d’autres pays continuent de souscrire à la thèse rwandaise selon laquelle il ne fait que se protéger et protéger la communauté tutsie, ou au moins détournent leur regard.
Mais il est difficile de trouver des preuves des conspirations plus vastes qu’Onana essaie de vendre. Si l’on met de côté les allégations d’empires tutsis, il y a la question plus crédible du profit des entreprises. Il ne fait aucun doute que beaucoup ont tiré parti des guerres congolaises, des marchands d’armes aux politiciens cyniques. Mais qu’en est-il des multinationales ?
Extractivisme et corruption
Lorsque le code minier a été rédigé, en 2002, avec le soutien de la Banque mondiale, sa logique était que la privatisation des ressources minérales – qui étaient toutes sous le contrôle de l’État sous Mobutu – conduirait à une plus grande prospérité. Pour ce faire, le code prévoyait de généreuses incitations fiscales pour que les étrangers investissent dans un environnement risqué. Au cours de la décennie suivante, les entreprises ont fini par s’emparer des concessions minières les plus lucratives, parfois dans des circonstances douteuses, des centaines de millions de dollars disparaissant au profit d’intermédiaires et de politiciens véreux.
Le Trésor public congolais en a aussi profité : son budget national en 2024 est au moins vingt fois plus élevé qu’il ne l’était en 2002. Et pourtant, le pays reste un lieu d’extraction de matières premières où la valeur ajoutée est faible, voire inexistante, et où de grandes quantités de capitaux s’envolent vers des paradis fiscaux offshore. Mais ces injustices sont liées à l’organisation plus large de l’économie mondiale et ne sont pas inhérentes à la RDC.
Des hommes préparent des sacs de cobalt issu d’une mine artisanale pour les vendre, à Kolwezi, en novembre 2019.
© Louise Rozès Moscovenko
L’exploitation minière est à forte intensité de capital et nécessite une stabilité politique et des infrastructures de qualité. On voit donc mal comment cette guerre du M23 a pu favoriser le capital international. Par ailleurs, ce capital n’est pas intrinsèquement lié à la politique états-unienne : la plus grande société minière de la RDC est aujourd’hui Glencore PLC, dont le siège est en Suisse, et qui est cotée aux Bourses de Londres et de Johannesburg ; la plupart des autres grandes sociétés minières sont chinoises ; enfin, l’entrepreneur minier le plus important de la période postconflit est sans doute Dan Gertler, un milliardaire israélien qui a été sanctionné par le gouvernement états-unien pour corruption en RDC.
En outre, la quasi-totalité de ces grandes exploitations minières est située loin des zones de conflit. Là, des chaînes d’approvisionnement relient les mineurs à des négociants et à des centrales d’achat internationales basées dans le monde entier, qui expédient le minerai à l’étranger pour qu’il y soit raffiné. L’or, de loin le produit le plus précieux à l’heure actuelle, est acheminé vers les Émirats arabes unis via l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda. L’étain est traité en Asie de l’Est et en Asie du Sud-Est. De nombreux acteurs internationaux profitent donc du chaos qui règne en RDC. Cependant, une grande partie de ces profits est liée aux injustices systémiques de l’économie mondiale et non à une conspiration visant à aggraver le conflit sur place. L’apathie et le caractère exploiteur du système international, et non l’intention criminelle, sont probablement les principaux coupables.
Des visions qui alimentent les violences
Cet attentisme nous ramène aux comparaisons entre la RDC et d’autres grands cataclysmes de notre époque : Gaza, l’Ukraine, la Syrie. La crise de la RDC occupe une place médiatique et diplomatique marginale par rapport à ces conflits. Cette indifférence a permis aux relations personnelles – comme celles entre certains membres des institutions états-uniennes, françaises et britanniques et l’élite dirigeante du Rwanda – et à la culpabilité liée à l’inaction pendant le génocide de 1994 d’influencer les décisions politiques.
Les récits de certaines élites politiques de Kinshasa qui vendent une histoire unique, à savoir que le Rwanda est irrédentiste et impérial et cherche à tirer des bénéfices en faisant la guerre à son voisin, ont plusieurs conséquences néfastes : non seulement cette ligne de raisonnement peut attiser les stéréotypes ethniques et la persécution, mais elle permet aussi au gouvernement congolais de se dédouaner de ses propres manquements et de ses transgressions.
À Kigali, un scénario contradictoire, mais à bien des égards complémentaire, s’est aussi installé. Le Rwanda y est dépeint comme la victime incomprise et infortunée de militants occidentaux des droits humains en croisade et de responsables congolais aux intentions génocidaires. Le Rwanda nie officiellement être impliqué en RDC, mais affirme que s’il l’était, ce serait dans le cadre d’un combat noble pour se défendre et protéger les Tutsis congolais.
Ces deux visions qui se renforcent mutuellement alimentent la violence et empêchent de trouver des solutions à la crise persistante. Il y a aussi, bien sûr, des intérêts en jeu : les élites de la RDC et du Rwanda profitent énormément du conflit, tout comme les multinationales. Il est vrai aussi que les gouvernements d’Europe et des États-Unis ont joué un rôle important dans l’exacerbation de la crise. Pourtant, pour résoudre ces conflits, il faut s’intéresser à la manière dont ces discours sont racontés et légitimés, et aux raisons pour lesquelles ils séduisent les acteurs politiques ainsi qu’un public plus large dans la région et au-delà. Tant que Kinshasa pourra rejeter la responsabilité sur le « méchant Rwanda » et que Kigali pourra pointer du doigt les milices xénophobes en RDC, il sera difficile de trouver une solution durable au conflit.
JASON STEARNS
Jason Stearns est professeur associé à l’université Simon Fraser, fondateur du Congo Research Group à l’université de New York et auteur de The War That Doesn’t Say Its Name : The Unending Conflict in the Congo (Princeton University Press, 2022).
ARCHIE MACINTOSH
Archie Macintosh est un chercheur indépendant qui travaille sur la région des Grands Lacs en Afrique.
[Notes :]
1. Paul Nkubamugisha Mahoro, Prévalence de l’ESPT dans la population rwandaise. Diversités de figures cliniques et comorbidités, Thèse de doctorat. Université de Genève, 2015.
2. Musanabaganwa C, Jansen S, Fatumo S, Rutembesa E, Mutabaruka J, Gishoma D, Uwineza A,Kayiteshonga Y, Alachkar A, Wildman D, Uddin M, Mutesa L., « Burden of post-traumatic stress disorderin postgenocide Rwandan population following exposure to 1994 genocide against the Tutsi : A meta-analysis », J Affect Disord, octobre 2020.
3. Coralie Pierret, « Félix Tshisekedi, président de la RDC : “Le Rwanda n’est pas seul responsable desmalheurs du Congo” », Le Monde Afrique, 30 mars 2024.
4. Felix Mukwiza Ndahinda, Aggée Shyaka Mugabe, « Streaming Hate : Exploring the Harm of Anti-Banyamulenge and Anti-Tutsi Hate Speech on Congolese Social Media »,
Journal of Genocide Research, mai 2022.
5. Cité par Gérard Prunier dans The Rwanda Crisis : History of a Genocide (1959–1994), Hurst & Co, 1995.
6. Cité par Jean-Pierre Chrétien dans L’Afrique des Grands Lacs. Deux mille ans d’histoire, Aubier, 2000.
7. Kigali a exporté 654 millions de dollars d’or en 2022 selon les derniers
chiffres du FMI, et 176 millions de dollars d’étain et de tungstène, dont une grande partie provient probablement de l’est de la RDC.