Le 21 avril, la cellule Ibuka du Montargois commémorait le génocide Tutsi devant la stèle érigée dans la commune en souvenir des victimes.
Trente ans après, le Rwanda et Ibuka regardent devant. Le 21 avril, la cellule Ibuka du Montargois basée à Châlette s’était rendu devant la stèle érigée dans la commune pour rendre hommage aux victimes. Le génocide des Tutsi au Rwanda a commencé en 1994 et le Front patriotique rwandais y avait mis un terme début juillet. La date de la commémoration n’a pas été choisie au hasard, car si le génocide a commencé le 7 avril, c'est le 21 avril que la machine à tuer s'est mise en marche à Butare, ville natale d'Espérance Patureau, présidente d'Ibuka locale. «
La douleur est présente à chaque instant, et les commémorations permettent de se retrouver, se ressourcer. Nous avons, le 21 avril, cité des noms de personnes, car un génocide ce n'est pas abstrait, il y a des personnes derrière. Notre travail n'a pas été de se venger, mais d'informer et témoigner » souligne la présidente. Aînée de dix enfants, elle a perdu dans les tueries sept de ses frères et sœurs, ainsi que ses parents. Avec son mari, Bernard Patureau, ils vivaient alors à l'étranger, comme une autre de ses sœurs. Un seul de ses frères a survécu sur place. C'est fin juin 1994 que son petit frère et sa petite sœur, âgés de 16 et 18 ans, ont succombé aux coups de machettes et aux tirs des hutus en fuite vers la frontière. Trente années sont passées et les souvenirs sont toujours aussi vifs pour cette Châlettoise qui, avec son mari aujourd'hui décédé, a adopté deux neveux orphelins.
Un travail de mémoire
Le couple châlettois a consacré sa vie à apporter sa pierre à l'immense défi de reconstruire le Rwanda, à travers Ibuka. Une tâche consistant à se souvenir afin de lutter contre l'oubli et le négationnisme, faire condamner les bourreaux, aider des rescapés sur place et honorer la mémoire des victimes. Un travail par l'éducation, en faisant témoigner des rescapés auprès des jeunes, comme récemment au lycée Jean-Zay à Orléans et régulièrement dans des établissements scolaires ou associations du Loiret. «
Nous menons un travail de fond et sensibilisons pour que l'exemple du génocide vécu par les nôtres serve à d'autres et permette d'éviter des horreurs irrévocables », estime Espérance Patureau.