Fiche du document numéro 34465

Num
34465
Date
Jeudi 11 juillet 2024
Amj
Taille
343291
Titre
Élection présidentielle au Rwanda : les jeunes voteront pour l’unité et la paix
Sous titre
Le vote des jeunes est un sujet central au sein de toute campagne présidentielle, quelque soit le pays concerné. Il est toujours l’objet d’analyses comme de grandes convoitises. Au Rwanda, la génération n'ayant pas vécu le génocide contre les Tutsi perpétré il y a trente ans, est désormais majoritaire.
Nom cité
Type
Blog
Langue
FR
Citation
Au Rwanda comme ailleurs, tout parti politique a à cœur de convaincre cet électorat, de chercher à lui parler un langage que ce dernier apprécie et comprend. Les réseaux sociaux sont utilisés ; Tik Tok, Instagram et Twitter (X) entre autres. Ils remplacent les flyers de campagne que nos parents ont toujours connus. Les graphismes et les éléments de langages se drapent de couleurs, les jeunes militantes et militants sont mis en avant afin de convaincre leurs pairs.

Cependant, je dois vous partager cette puissante certitude, après avoir vécu plusieurs mois sur place et participé à quelques évènements de cette campagne. Les jeunes rwandais -- la génération post-ethnicisme et post-génocide -- n’ont pas besoin de tous ces artifices pour se déplacer le 15 juillet et effectuer le bon vote.

Étant née et ayant vécu majoritairement au sein du vieux continent, en Europe, mes expériences du vote ont toujours été celles du renoncement et du choix pour le “moins pire” :

Le renoncement à tout projet réellement égalitaire et solidaire car ces sociétés ne ressentent pour la plupart pas l’empathie élémentaire pour mettre fin à la maltraitance de leurs aînés abandonnés au sein de lugubres maisons de retraites, pour mettre fin aux difficulté des malades qui doivent faire des kilomètres avant de trouver un premier lieu de soin qui ne les recevront qu’au bout de dizaines d’heures - même en situation d’urgence -- ou encore pour mettre fin à la précarité des étudiants qui font la queue à la soupe populaire, dernière étape avant la mendicité, entre deux cours à l’université. Rappelons que le contexte visé ici est celui de pays riches.

Le renoncement à tout dessin de transformation et de révolution sociale car le bien commun n’est jamais l’objectif des régimes politiques se situant à l'origine des projets capitalistes et ultra-libéraux qui reposent sur l’exploitation de pans entiers de la population, au profit de quelques-uns, sur la base d’un contrat social en réalité racial et raciste. Ce même système est à la base des sourdes colères qui se manifestent par d’immenses grèves, donnant aux citoyens européens le sentiment d’une démonstration de pouvoir populaire tandis que les politiciens n’y répondent que par le mépris.

Le renoncement à tout programme d’unité, car le racisme est le ciment de la promesse capitaliste ; le citoyen européen ou anglo-saxon moyen devant toujours être assuré de rester en position de domination envers une bonne partie des populations des Suds, et ce pour accepter de ne point faire partie des 1% les plus riches. Le racisme est également l’échappatoire face à cette même promesse brisée, lorsque ces mêmes citoyens « de souche » se rendent compte, ponctuellement, que l’équation ne fonctionne pas et que leurs leaders se moquent d’eux autant que des damnés de la terre, nationaux et extra-nationaux.

Pourtant, ce sont ces mêmes pays européens, occidentaux qui se prétendent les arbitres des droits humains dans le monde (non blanc), tout en participant de sa continuelle déstabilisation : par la guerre, les spoliations puis les torsions de narratifs pour d'éternels recommencements.

Certes, le Rwanda a touché le fond, il y a trente ans de cela. Lorsque cette même idéologie coloniale était parvenue à diviser le peuple sur des critères raciaux et à briser l’ensemble des repères et liens sociaux : des voisins, aux amis en passant par la famille. Lors du génocide perpétré contre les Tutsi et pendant les décennies de violentes discriminations anti-Tutsi l’ayant précédé, ce poison détruisait les cœurs. Tous les cœurs. Et certains corps et esprits, ceux des personnes désignées Tutsi.

Aujourd’hui, trois petites décennies après le crime des crimes, les enfants jouent, apprennent, prient, se chamaillent ensemble sans même penser à ces sombres pratiques du passé. Loin de quelconques politiques d’affichages présentées par les médias occidentaux qui ne voient souvent dans le Rwanda actuel qu’une immense start-up africaine qui ne fonctionnerait qu’au profit et à l’autoritarisme, la société tout entière est tournée vers le bien-être de ses enfants, de ses jeunes et plus globalement des plus fragiles.

Le principe qui veut que l'on puisse juger du fonctionnement d'une société à travers le degré d'inclusion de ses marges est frappant de réalité ici, dans un pays ou malgré la pauvreté, personne n'est abandonné sur le bas-côté.

Mais puisque nous parlons des jeunes, il faut comprendre que ces derniers connaissent leur contexte historique et régional et se délectent du privilège de la paix, de la sécurité et de l'ouverture d'une voie -- par leurs ainés, pour eux -- vers tous les possibles. L’ensemble des jeunes, sans distinction de classe ni de race le vit ainsi : nous sommes le rêve le plus fou de nos ancêtres.

Si l’objectif pragmatique pour nous est d'atteindre une progression économique satisfaisante, il est également de retrouver notre humanité malmenée, puis de la magnifier. De pouvoir regarder les nôtres -- se regarder les uns les autres -- avec bienveillance et avec le sentiment de marcher ensemble, dans le même sens pour le même objectif.

Le projet politique des libérateurs du génocide contre les Tutsi est celui de la lutte pour la dignité, pour tous. Il n’existe pas d’argument de campagne plus profond et plus enthousiasmant que cette vérité, à la fois clamée et palpable. C’est pour cela que les jeunes se déplaceront nombreux pour soutenir le projet politique du FPR et la constance sans faille de son leader, le Président Paul Kagame.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024