Commentaire
Jean-Claude Lefort was the only member of the mission d'information on Rwanda to share a critical point of view. His remark in note 19 to Bernard Cazeneuve: “I see that someone thought it was better to make them disappear [the two black boxes]. What narrows the field of suspects to those who had access to the crash zone in the hours following the attack" is still relevant today.
Citation
C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de notre ami Jean-Claude Lefort, survenu jeudi dernier, 20 juin 2024.
C’est en 1998 que Georges Kapler et moi-même avons connu Jean Claude à Ivry, chez une amie commune, Renée Pamart. Il était à l’époque député du Val de Marne, une fonction qu’il exerça de 1988 à 2007.
C’est à ce titre qu’il avait proposé la création d’une « Commission d’enquête sur la part des responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi au Rwanda ». Cette commission d’enquête ne put malheureusement voir le jour, laissant la place à une Mission d’information parlementaire sur le Rwanda. Les pouvoirs de cette mission étaient nettement plus limités que celle d’une commission d’enquête – pas d’obligation de se présenter pour les témoins cités, pas de poursuite pénale… -.
Il devint néanmoins le vice-président de cette Mission d’information parlementaire sur le Rwanda présidée par Paul Quilès. Suite à un travail acharné, Jean-Claude se trouva en désaccord avec les conclusions de la Mission, refusa d’en être co-auteur, et fut le seul député à refuser de les approuver.
Cette plongée dans l’abominable, avec sa collecte considérable d’informations et de témoignages recueillis auprès des survivants du génocide, de personnalités militaires ou politiques françaises, ainsi qu’un voyage de travail au Rwanda mirent à rude épreuve cet humaniste convaincu.
En 2003, ce fut pour nous une évidence de lui proposer d’être le Président d’honneur de l’association Appui Rwanda, qui, jusqu’à il y a quelques mois constituait un pôle d’aides aux victimes du génocide des Tutsi et à leurs enfants et qui maintenait active la mémoire du génocide en organisant régulièrement des événements culturels.
Son combat et son action politique témoignent d’un engagement internationaliste, auprès des peuples pour plus de justice. Membre de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale pendant trois législatures, Jean-Claude Lefort participa à de nombreuses négociations internationales qui le conduisent à sillonner le monde.
Né le 15 décembre 1944 à Paris, Jean-Claude Lefort passe d’abord son enfance et sa jeunesse à Bagnolet, dans un milieu modeste. Son père, ouvrier manouche, s‘était engagé aux côtés des Républicains espagnols dans les Brigades internationales et sa mère est gardienne dans une école.
Très jeune, il s’engage déjà dans les combats pacifistes et internationalistes de ces années 1960-1970. Il ne cessera ces combats au sein durant de longues années au sein du Parti communiste.
En 1996, il devient co-président fondateur de l’Association des amis des combattants en Espagne républicaine (Acer), avec ses amis de jeunesse José Fort et François Asensi, Grâce à ses prérogatives au sein de la commission des Affaires étrangères, il récupère une partie des archives des Brigades internationales déposées à Moscou.
Puis en mai 2009, il devient président de l’association France Palestine Solidarité –AFPS - en mai 2009. Il est le coordinateur du comité national de soutien à l’avocat Franco-Palestinien Salah Hamouri, emprisonné dans les geôles israéliennes depuis 2005. Sa fille, Elsa, épousera en 2014 Salah Hamouri et Jean-Claude ne cessera de revendiquer les droits de son gendre et la reconnaissance d’un état palestinien souverain.
Les membres d’Appui Rwanda garderont le souvenir d’un homme au courage et à l’intégrité exemplaires.
Nous adressons nos pensées les plus chaleureuses à sa fille Elsa Lefort-Hammouri, son gendre Salah Hammouri et à ses petits-enfants.
Anne Lainé