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J'ai tout vu, j'avais 15 ans. C'était nos voisins, on allait à l'école ensemble. Ils ont voulu tuer toute ma famille, je suis le seul à avoir survécu." Une prise de parole poignante, nécessaire. Révérien avait 15 ans, en 1994 lors du génocide des Tutsis au Rwanda. Il y perdra toute sa famille, 43 personnes.
Son corps est marqué, les cicatrices sur son visage sont comme un témoin du pire de l’être humain. "
Les cicatrices sur mon visage, ce sont des coups de machette. Mon bras gauche a été coupé à la machette aussi. Mon œil gauche a été arraché."
Entre avril et juillet 1994, le génocide a coûté la vie à 1 million de Rwandais. Malgré l’horreur de son passé, il reste debout.
"Ce n'est jamais facile mais je pense aux miens, ils me donnent de la force, ils vivent en moi. Je viens d'avoir un petit garçon donc ma famille va perdurer. C'est ma façon de me venger, c'est une renaissance pour les rescapés et pour moi aussi." Révérien Rurangwa, rescapé du génocide rwandais
Une stèle en hommage aux victimes
Pour rendre hommage aux victimes de ce génocide, aux rescapés, une stèle a été inaugurée dans les jardins de l’hôtel de ville de Rouen. Une première étape saluée par la communauté rwandaise. Cette dernière attend désormais que les génocidaires encore en liberté soient jugés pour leurs crimes et que le rôle de chacun soit mis en lumière.
La Ville de Rouen a inauguré le monument qu'elle a installé dans son jardin, non loin de la rue des Faulx, en souvenir des victimes Tutsis au Rwanda, 30 ans après le génocide. La stèle a été inaugurée en présence d'élus, mais surtout de représentants de la communauté rwandaise et de rescapés.
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Maintenant que le travail de mémoire est en marche, il faut que le travail de justice suive", lance Marcel Kabanda, président de l'association IBUKA. "
C'est la mémoire d'un crime, il faut que le travail de justice soit poursuivi."
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On commence aujourd'hui enfin à faire ce travail de vérité sur le rôle de collaboration qu'a eu la France avec le régime du Hutu power avant, pendant et même après le génocide", explique Laura Slimani, Adjointe au maire de Rouen en charge de la lutte contre les discriminations. "
Il y a encore des archives, il y a encore des génocidaires qui vivent encore aujourd'hui en liberté, y compris en Normandie".
"Avoir un lieu de mémoire nous permettre d'avoir tous les ans une cérémonie lors de laquelle on peut se souvenir et poursuivre ce travail." Laura Slimani, adjointe au maire de Rouen en charge de la lutte contre les discriminations
Une exposition des photos de Michel Bürher "Rwanda mémoire d'un génocide" sera également visible sur les grilles du jardin jusqu'au 26 avril.
La communauté rwandaise compte quelque 200 familles en Seine-Maritime et notamment à Rouen.