Sous titre
Au lendemain du génocide des Tutsi au Rwanda, le récit des rescapés, après un tel traumatisme, est indicible et doit emprunter des chemins détournés. Le témoignage vidéo de l’écrivain Jean Hatzfeld.
Citation
Jean Hatzfeld, écrivain. © MONTAGE JA
Depuis la fin du génocide perpétré contre les Tutsi d’avril à juillet 1994, Jean Hatzfeld retourne inlassablement dans la même région du Bugesera, au centre-sud du Rwanda, pour y recueillir les fragments de témoignage des protagonistes du drame. Composant, livre après livre, une symphonie littéraire mémorielle, l’ancien journaliste devenu écrivain a recueilli successivement les témoignages tourmentés des tueurs et ceux de rescapés à jamais dévastés.
« Le silence, cœur de mon travail »
« Le silence [du rescapé tutsi], à un moment donné, j’ai compris que ça allait être le cœur du travail. Pourquoi les gens qui ont vécu cela, se taisent », résume Jean Hazfeld. Craignant de ne pas être crus ou de ne pas être compris, trahis par une mémoire à jamais traumatisée, les rescapés du génocide se livrent avec peine, quand les auteurs des massacres, eux, semblent inaccessibles au repentir dès lors qu’ils noient le récit de leurs actes dans un « Nous » déculpabilisant.
Entré dans l’histoire du génocide contre les Tutsi comme on entre en religion, l’écrivain évoque pour Jeune Afrique le travail de mémoire qu’il a contribué, par ses livres, à propager loin des collines rwandaises.