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Une plainte contre X avec constitution de partie civile pour des faits de crime de guerre, homicide volontaire et usage de faux en écriture publique a été déposée pour élucider le meurtre d'Alain et Gilda Didot et René Maïer, potentiels témoins de l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda. Alain Didot était un adjudant-chef de gendarmerie, spécialiste de transmissions, assistant militaire technique auprès de l'armée rwandaise. L'adjudant-chef de gendarmerie René Maïer était officier de police judiciaire affecté au Centre de recherche et de documentation criminelle (CRCD). Des documents militaires français datent leur mort le 6, le 7 ou le 8 avril 1994 jetant le doute sur les circonstances et les auteurs de leur assassinat attribué aussitôt au FPR. Aucune autopsie, aucune enquête n'a été faite. Il paraît plus probable que leur mort est en lien avec l'attentat contre l'avion du Président rwandais qui a été le déclencheur du génocide des Tutsi.
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Communiqué de presse
Une plainte déposée pour élucider le meurtre d'Alain et Gilda DIDOT et René MAÏER, potentiels
témoins de l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda
Paris, le 8 avril 2024
08/04/2024 18:38
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Une plainte déposée pour élucider le meurtre d'Alain et
Gilda DIDOT et René MAÏER, potentiels témoins de l'attentat
du 6 avril 1994 au Rwanda
Paris, le 8 avril 2024
Ce lundi 8 avril 2024, Maîtres Hector BERNARDINI et Jean SIMON ont déposé une plainte
pénale contre X avec constitution de partie civile auprès du Doyen des juges
d'instruction près le Tribunal Judiciaire de Paris, pour des faits de crime de guerre,
homicide volontaire et usage de faux en écriture publique.
Cette plainte, portée par des ayants-droits des victimes et par l'association Survie, vise à
établir les responsabilités concernant la mort de deux gendarmes français et de l'épouse
de l'un d'eux, à Kigali dans les premières heures du génocide des Tutsis.
Les circonstances de la mort des deux gendarmes Alain DIDOT et René MAÏER, ainsi que de
Gilda LANA épouse DIDOT, demeurent mystérieuses, 30 ans après les faits. Cette plainte
revient sur les éléments suspects suivants :
• La synchronicité de ces décès avec l'attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie au
président Juvénal HABYARIMANA, les gendarmes effectuant des missions de veille
radio à ce moment-là ; la DGSE (note 95118/N du 9 décembre 1994) suggère que les
trois Français ont pu être éliminés parce qu'ils avaient été témoins de l'attentat.
• La découverte des corps des époux DIDOT, le 12 avril (soit seulement trois jours après
l'annonce officielle de leur décès) par des casques bleus belges sur indications de la
DGSE et de militaires français, alors que des premières recherches infructueuses
avaient été menées dans le jardin de la villa. Les corps étaient enterrés alignés à moins
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de 50 centimètres de profondeur, avec celui de leur jeune gardien rwandais, Monsieur
Jean-Damascène MURASIRA, également assassiné.
• La découverte du corps de René MAÏER le 13 avril, par les mêmes casques bleus
belges, à quelques mètres du lieu où ont été retrouvés les deux cadavres la veille.
• La découverte du corps de René MAÏER le 13 avril, à quelques mètres du lieu où ont
été retrouvés les cadavres corps des époux DIDOT la veille,
• Le nombre important de certificats de décès aux conclusions variables, qualifiés de faux
grossiers selon le médecin militaire dont le tampon figure sur ces certificats. Ces
certificats sont au moins au nombre de huit : il y en a quatre pour René Maïer, trois pour
Alain DIDOT, un pour Gilda LANA épouse DIDOT. Certains mentionnent des décès
accidentels et d'autres par balle ; certains datent le décès au mercredi 6 avril 1994 vers
21h, d’autres au 8 avril...
Les familles n'ont jamais vu les corps et aucune autopsie n'a été effectuée. Sur les registres
d’état-civil, les actes de décès basés sur ces faux certificats indiquent initialement la date du 6
avril 1994, puis seront rectifiés au 8 avril 1994 sur décision du Procureur de la République.
Selon la mère de Gilda LANA, un individu se présentant comme un gendarme est venu lui faire
signer une renonciation à déposer une plainte.
Dès le 8 avril, l'ambassadeur de France au Rwanda impute la responsabilité des homicides aux
éléments du FPR dans un télégramme. Cette hypothèse est plausible mais interroge : pourquoi
des éléments du FPR auraient assassiné des Français qui venaient de protéger des Tutsi
réfugiés à leur domicile ?
Une hypothèse opposée, formulée le 22 juillet 1994 dans une fiche de renseignement de la
gendarmerie et basée sur le témoignage d’un voisin allemand, attribue le meurtre à des
militaires rwandais en représailles de la protection accordée à des Tutsi.
Bien qu’il s’agisse de trois Français dont deux militaires en service, ces homicides n'ont fait
l’objet d’aucune enquête spécifique. Et ce, malgré la demande d'un député relayée par le
Procureur de la République de Paris, et bien qu'ils aient été évoqués dans les investigations
concernant l'attentat du 6 avril.
Selon Maîtres BERNARDINI et SIMON, avocats de Survie : « Le combat contre l'impunité se
poursuit. Nous espérons que, malgré les évidentes gênes qui ont entouré cette affaire, la
justice contribuera à dissiper des zones d'ombre qui persistent dans ce quadruple homicide et
sur la possible implication française dans l'attentat du 6 avril 1994. »
Cette plainte, déposée avant la prescription des faits, intervient dans un contexte de
remous politiques autour des trentièmes commémorations du début du génocide, après
un renoncement par l'Elysée à prononcer une phrase annoncée à des journalistes
quelques jours auparavant, établissant l'absence de volonté de la France d'arrêter le
génocide.
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Contact presse : Camille Lesaffre, chargée de campagne contre l'ingérence militaire française
en Afrique, (+33)6 52 21 15 61, communication@survie.org
Pour en savoir plus :
• Pierre Lepidi, Murabeho - L'affaire des gendarmes français tués au Rwanda, JC Lattès,
2023.
• Raphaël Doridant et François Graner, L'Etat français et le génocide des Tutsis au
Rwanda, Agone/Survie, 2020.
• Maria Malagardis, « Rwanda : trois fantômes et un mystère », Libération, 10 janvier
2013.
• Laure de Vulpian, « Le mystère Didot et Maïer », France Culture, 7 décembre 2012.
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