Fiche du document numéro 33842

Num
33842
Date
Lundi 7 avril 2014
Amj
Taille
1052473
Titre
Nouvelle pique de Paul Kagame contre Paris
Sous titre
En clôture des commémorations, lundi, le président rwandais a déclaré qu’«aucun pays n’est assez puissant pour changer les faits».
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le président rwandais Paul Kagame, lors des cérémonies officielles du 20e anniversaire du genocide rwandais, le 7 avril 2014, à Kigali. (Photo Simon Maina. AFP)

par Maria Malagardis, (à Kigali)

«Les faits sont têtus» : cette simple petite phrase exprimée en français, lors d'un discours en anglais et en kyniarwanda, a aussitôt provoqué une vague d'applaudissements et d'éclats de rire, hier au stade Amahoro à Kigali. Le président Paul Kagame clôturait les cérémonies commémorant les vingt ans du génocide rwandais, en 1994. Et, à cette occasion, il a fait allusion au dernier incident diplomatique entre Kigali et Paris. Samedi, la France avait annoncé que la ministre de la Justice Christiane Taubira ne participerait plus à cet événement, suite à une déclaration de Paul Kagame dans l'hebdomadaire Jeune Afrique, où il évoquait «la participation» active de la France au génocide».

Deuil



Hier matin, nouveau rebondissement : on apprend que Michel Flesch, l'ambassadeur de France à Kigali, finalement désigné pour représenter le pays en ce jour de deuil, n'est pas autorisé à déposer de fleurs au mémorial de Gisozi (situé à Kigali) et de se rendre au stade. A l'issue de la commémoration, Kagame a donc réagi, sans jamais citer un pays en particulier. «Le temps qui passe ne devrait pas jeter le voile sur les faits, atténuer les responsabilités, ni transformer les victimes en méchants», a martelé l'homme dont la rébellion a arrêté seule le génocide. «Aucun pays n'est assez puissant pour changer les faits», a-t-il ajouté, juste avant cette petite phrase en français.

Jusque-là, l'ambiance était plutôt grave et solennelle. Plusieurs invités ont prononcé des discours, dont le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Un rescapé avait livré un long témoignage et une chorégraphie avait retracé l'histoire tragique du Rwanda. Mais comme à chaque commémoration, ce qui frappait avant tout, c'était ces cris déchirants qui jaillissaient soudain des travées. Aussitôt des secouristes vêtus de jaune accouraient et évacuaient la personne concernée, soudain submergée par le souvenir du cauchemar. Dans son discours, Kagame a aussi rappelé le chemin parcouru en vingt ans : un pays sinistré qui n'avait alors «plus qu'un passé et pas d'avenir» et qui a, depuis, montré «ses capacités de renouveau».

«Jugement»



A la sortie du stade, le ministre belge de la Coopération, Jean-Pascal Labille, a dû faire siffler des oreilles françaises, estimant «qu'il était normal d'évoquer certains sujets au moment de la commémoration», et que «le jugement du président Kagame est aussi celui d'une majorité de Rwandais».

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