Fiche du document numéro 33626

Num
33626
Date
Jeudi 25 janvier 2024
Amj
Auteur
Taille
30534
Titre
Rescapée du génocide contre les Tutsis, Beata Umubyeyi Mairesse a enquêté sur ses sauveurs
Sous titre
La romancière a survécu au génocide contre les Tutsis au Rwanda grâce à un convoi humanitaire. Elle a retrouvé ceux qui l’ont organisé, après des années d’une difficile enquête.
Nom cité
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
C’est un récit intime, son récit de rescapée du génocide contre les Tutsis au Rwanda, que livre Beata Umubyeyi Mairesse dans son nouvel ouvrage, Le Convoi (Flammarion). Elle y raconte les jours passés, cachée dans une cave ou une chambre d’hôtel déserte avec sa mère et l’insoutenable peur d’être découverte.

En se faisant passer pour une Française, Beata Umubyeyi Mairesse parvient, avec l’aide de l’organisation humanitaire Terre des hommes, à fuir le Rwanda. Ce convoi, auquel les deux femmes n’auraient pas dû prendre part en raison de leur âge trop élevé, a été photographié et filmé. Mère et fille seraient même, à l’époque, passées à la télévision, leur ont raconté des connaissances.

Près de 15 ans plus tard, en 2007, Beata Umubyeyi Mairesse, qui a décidé d’enquêter sur ses sauveurs, retrouve des images du convoi filmées par la BBC. « C’était un document important pour moi, même si je n’avais à l’époque pas le projet de raconter cette enquête », confie-t-elle d’une voix douce et d’un ton posé. Elle parvient à rencontrer l’un des journalistes les ayant filmées, Fergal Keane, souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique après ce qu’il a vu sur place, ainsi que des personnes ayant organisé le convoi.

Après un long cheminement, l’écrivaine raconte son histoire



L’autrice, qui a aussi écrit plusieurs romans, a également retrouvé des photos d’autres enfants participant au convoi, après de longues recherches : « Malheureusement, il y en a beaucoup dont je ne connais pas le nom. Il est donc difficile de leur adresser les images mais j’espère que ce livre pourra y contribuer. La semaine dernière, un ami survivant m’a écrit pour me dire qu’une de ses connaissances faisait aussi partie de ce convoi. »

Pour écrire ce récit, le cheminement de l’écrivaine a été long. Elle n’écrivait auparavant que des fictions, dans lesquelles elle évoquait ce génocide au travers de ses personnages. Désormais, Beata Umubyeyi Mairesse raconte son histoire, notamment auprès de lycéens, « une démarche difficile ». L’écrit, lui, « permet de mettre des mots sur des sensations, d’utiliser des métaphores, comme quand j’explique être liquéfiée par la peur », indique-t-elle.

Évoquer les autres génocides



Cet ouvrage est aussi l’occasion de se réapproprier le récit de ce génocide, souvent décrit d’un point de vue occidental. « Il y a eu des journalistes très courageux, souligne la romancière. Mais d’autres n’ont pas pris la peine de comprendre l’origine de ces massacres. Ils n’ont pas expliqué qu’il s’agissait d’actes politiques, nourris par une propagande. » C’est aussi une affaire de mots : « Il est préférable de dire “génocide contre les Tutsis au Rwanda” plutôt que “génocide rwandais”. Cela permet de ne pas oublier qui en ont été les victimes ».

Au-delà de son histoire, Beata Umubyeyi Mairesse tient à évoquer d’autres génocides, dont elle rencontre régulièrement des survivants. « C’est important d’évoquer la Shoah, le génocide arménien ou cambodgien. Il y a une communauté d’expérience. Lorsque j’avais quinze ans, lire les récits des survivants d’autres génocides m’a aidé à mettre des mots sur ce qu’il m’est arrivé. Il est primordial de ne pas entrer dans une concurrence des mémoires », estime la rescapée.

Le convoi de Beata Umubyeyi Mairesse, aux éditions Flammarion, 21 €.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024