Fiche du document numéro 33407

Num
33407
Date
Samedi 2 juillet 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Taille
16433114
Sur titre
Journal de 20 heures [4:29]
Titre
Dans la région de Butare les parachutistes français se trouvent désormais entre les combattants des deux bords face au flux des réfugiés
Sous titre
Face à l'aggravation de la situation, le gouvernement français proposerait aux Nations unies de créer une zone de sécurité humanitaire.
Nom cité
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ZHS
Résumé
- In Rwanda the situation is developing in a bad way today: the French forces now find themselves in a more than delicate situation to the extent that the RPF forces have resumed their advance and the French soldiers now find themselves in contact with what this involves risk.

- An example in the Butare region where French paratroopers who had carried out an incursion now find themselves between fighters from both sides facing the flow of refugees. Report from our special correspondents Isabelle Staes, Pascal Pons.

- On the road to Butare, clusters of people: men, women, children, old people, there are hundreds of them, most of them Hutu, driven out by the war, hunted down by the advance of the rebels. They flee. A long wandering which they hope to see end in Butare.

- But they don't yet know that the RPF is not far away. On the road, however, the roadblocks are getting closer. The villagers are armed. They check identity and luggage. A militiaman: "We also have to check the luggage to see if there are any weapons".

- Suddenly, the hill shakes: the escape, again. On the side of the road, a small group is chatting. The anxiety of the RPF. A refugee: "What are the French waiting for to give us help?".

- Like a wish granted, a few minutes later, the French paratroopers arrived in Butare. They get information from the Rwandan military.

- The Rwandan army seems helpless in the face of the advancing front. French paratroopers take position above the city. Anti-tank missiles, infrared sights, aimed at the nearby hill.

- In the early morning the French paratroopers left Butare. Mortar fire rings out, the town is deserted.

- Government forces take position. On the road, the militias go to the front. The refugees wait at the gates of the city, where those they fled soon find themselves.

- For the French forces the situation has therefore become particularly complicated. They cannot remain established in all areas where they have to safeguard human lives. Colonel Jacques Rosier: "Thanks to the NGOs, decisions will be taken to avoid distributing troops all over the field depending on the establishment of the camps. The whole point for us is to prevent the refugees from suffering from the fighting They are already sufficiently destitute, there is no point in them having to go through this ordeal again".

- This evening, faced with the worsening situation in Rwanda, the French government would propose to the United Nations to create a humanitarian security zone between the two parties present. Otherwise the French troops would retreat towards Zaire so as not to be involved in these battles.

- Finally in the capital, Kigali, the fighting is raging: the city is said to be completely surrounded by RPF forces.
Source
Commentaire
The 20 o'clock news of France 2 of July 1, 1994 is visible in its entirety here: https://www.youtube.com/watch?v=2tsrxBAhHAk
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Daniel Bilalian :] Au Rwanda la situation évolue aujourd'hui de mauvaise manière. Les forces françaises se trouvent désormais dans une situation plus que délicate dans la mesure où les forces du FPR ont repris leur avance et que les soldats français se trouvent désormais au contact avec ce que cela comporte de risque.

Un exemple dans la région de Butare où des parachutistes français qui avaient opéré une incursion se trouvent désormais entre les combattants des deux bords face au flux des réfugiés. Reportage de nos envoyés spéciaux Isabelle Staes, Pascal Pons.

[Isabelle Staes :] Sur la route de Butare, des grappes humaines : hommes, femmes, enfants, vieillards, ils sont des centaines -- la plupart hutu -- chassés par la guerre, traqués par l'avancée des rebelles. Ils fuient. Une longue errance dont ils espèrent voir la fin à Butare [diffusion d'images de réfugiés en train de fuir sur une route en direction de Butare].

[Une réfugiée [elle s'exprime en kinyarwanda mais ses propos sont traduits] : "Cela fait deux mois que nous sommes sur la route", explique cette femme. "Nous avons dû abandonner des enfants. Nous allons on ne sait pas où, nous avons faim, nous avons froid".]

Cet homme nous demande de l'aide, il n'a pas mangé depuis quatre jours. Lui dit ne plus avoir peur car il sait qu'il peut mourir [gros plan sur les deux réfugiés].

Mais ils ne savent pas encore que le FPR n'est pas loin [un tronc d'arbre en travers de la route fait office de barrière]. Sur la route pourtant, les barrages se rapprochent. Les villageois sont armés. Ils contrôlent identité et bagages [on voit un milicien armé d'un arc qui demande à un réfugié d'ouvrir son sac].

[Un milicien : "On doit contrôler aussi dans les bagages pour voir s'il y a des armes".]

Soudain, la colline s'agite : la fuite, là encore [on voit des réfugiés descendre d'une colline]. Sur le bord de la route, un petit groupe discute. L'angoisse du FPR.

[Une réfugiée : - "Ils sont ici en [inaudible], c'est pas loin [elle désigne la colline d'en face]". Isabelle Staes : - "Il y a combien de kilomètres ?". La réfugiée [elle demande la réponse aux autres membres du groupe en kinyarwanda] : - "D…, deux kilomètres [on entend une voix d'homme confirmer : "Deux"] !". Puis elle s'écarte du groupe et déclare face caméra : - "Qu'est-ce que les Français attend [sic] pour n…, nous donner secours ?".]

Tel un vœu exaucé, quelques minutes plus tard, les parachutistes français arrivent à Butare [le premier plan montre un hélicoptère dans le ciel puis le second une jeep qui arrive sous la clameur des réfugiés]. Ils s'informent auprès des militaires rwandais.

[Un parachutiste français s'adresse à des militaires rwandais qui sont à bord de leur véhicule : - "Les combats sont où, là, en ce moment ? Les combats sont où ?". Le militaire rwandais qui est au volant lui répond : - "Les combats ?". Le parachutiste français : - "Ouais". Le militaire rwandais : - "Autour de [inaudible] à six kilomètres". Le parachutiste français : - "Six kilomètres d'ici ? À Save ?". Le militaire rwandais : - "À Save, oui".]

[Une jeep P4 avec deux parachutistes s'arrête devant un militaire rwandais ; l'un lui demande : - "T'as plus de munitions, là ?". Le militaire rwandais : - "J'ai…, j'ai un peu. C'est trop peu".]

L'armée rwandaise semble désemparée face au front qui avance [un camion chargé de militaires des FAR passe juste à côté de la jeep des parachutistes]. Les parachutistes français prennent position au-dessus de la ville. Missiles anti-char, visées infrarouges, pointés sur la colline voisine [gros plans sur ces matériels militaires].

[Un parachutiste français pointe un fusil à lunette sur un trépied ; Pascal Pons lui demande : - "C'est quoi les détonations qu'on entend au loin ?". Le parachutiste : - "La ligne de front". Pascal Pons : - "Elle est à combien d'ici ?". Le parachutiste : - "Oh environ… [il se lève puis montre du doigt la direction où son arme pointe], de l'autre côté de cette colline, là".]

Le point sur les forces gouvernementales.

[Un militaire français fait un compte rendu via le téléphone de son véhicule : "Ils semblent en mauvaise posture… et seraient sur le point de se replier vers nous" [visiblement il joue son rôle pour les journalistes].

Au petit matin les parachutistes français ont quitté Butare [on voit la route principale de Butare avec un tronc d'arbre qui la barre]. Des tirs de mortier résonnent, la ville est déserte.

Les forces gouvernementales prennent position [on voit des militaires des FAR devant un bâtiment]. Sur la route, les milices montent au front [on voit une troupe de jeunes miliciens torse nu en train de courir, certains avec des bâtons à la main].

Eux attendent aux portes de la ville, là où sont bientôt ceux qu'ils ont fuit [on voit des réfugiés massés au bord d'une route ; un militaire des FAR contrôle la carte d'identité de l'un d'eux ; le reportage se termine sur un panneau routier indiquant "Gikongoro 26, Cyangugu 149"].

[Daniel Bilalian :] Vous l'avez compris en voyant ce reportage, pour les forces françaises la situation s'est donc singulièrement compliquée. Elles ne peuvent rester implantées dans toutes les zones où elles ont à sauvegarder des vies humaines. C'est la question d'ailleurs que je posais en direct à 13 heures au colonel Rosier, sur place à Bukavu.

["Colonel Jacques Rozier [Rosier], Etat Major des Forces Fr. à Bukavu" : "C'est un peu l'problème que l'on…, que l'on rencontre. Malgré tout je crois que des…, des dispositions grâce aux ONG seront prises pour, euh, pour éviter justement, euh…, de…, euh, de répartir les troupes un peu partout sur l'terrain au gré de l'implantation des camps. Alors je…, bon, j'ai confiance, je pense que ça s'arrangera. Le tout, euh, pour nous, c'est évi…, d'éviter que les réfugiés, euh, pâtissent des combats. Ils sont déjà dans un dénuement suffisant, euh, c'est pas la peine qu'ils aient encore, euh…, cette épreuve".]

[Daniel Bilalian :] Oui et ce soir face à l'aggravation de la situation au Rwanda, le gouvernement français proposerait -- c'est un conditionnel -- aux Nations unies de créer, au Rwanda donc, une zone de sécurité humanitaire entre les deux parties en présence. Faute de quoi, eh bien, les troupes françaises se replieraient vers le Zaïre pour ne pas être mêlées à ces combats.

Enfin dans la capitale, euh, Kigali, les combats font rage : la ville serait complètement encerclée par les forces du RPR…, du FPR pardon.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024