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Ce matin, à Kigali, 7 familles et non 20, comme l'annonçait hier un responsable du conseil général du Loiret, attendent les 46 enfants qui ont quitté la veille leur familles d'accueil françaises. Les 39 autres devaient être rapidement dirigés vers un centre d'hébergement à Butaré. Pour eux, la quête d'une famille, proche ou éloignée, ou à défaut, d'une famille d'accueil, va commencer. Deux ans après leur départ du Rwanda.
«Nous avons leurs dossiers, et nous allons les revoir pour compléter nos informations. Puis nous irons dans les collines.» Pour Elizabeth Twinch, chargée du programme de réunification familiale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Kigali, le fait que les parents ne se soient pas manifestés depuis deux ans ne signifie ni qu'ils sont morts, ni qu'ils ne veulent plus revoir les enfants. Ne valait-il pas mieux attendre, retrouver les parents avant de faire revenir les enfants? «Notre expérience prouve que les parents ont surtout peur d'apprendre une mauvaise nouvelle. Mais si nous leur montrons qu'ils sont vivants...»
La liste des noms des enfants a été diffusée par radio dans les camps de Goma et Bukavu, au cas où les parents seraient réfugiés au Zaïre. Pour l'instant, sans résultat. L'avenir familial des enfants semble pour le moins incertain. «Au moins, ils sont dans leur environnement naturel, plaide Elizabeth Twinch. Ils n'auront pas, plus tard, des problèmes d'expatriés.» A l'Unicef, on avance qu'il aurait mieux valu ne pas les déraciner. Dan Toole, son représentant à Kigali, qui devait accueillir les enfants à l'aéroport ce matin, estime qu'il faudra au moins six mois pour réunir toutes les familles. Ce qui ne l'empêche pas d'être optimiste.
Une cinquantaine d'enfants rwandais rapatriés d'Italie fin 1995 ont tous retrouvé un foyer, raconte-t-il. «En un peu plus d'un an, les organisations internationales ont retrouvé les parents de plus de 25.000 enfants, et 30.000 autres ont trouvé des familles d'accueil.» Le CICR, de son côté, assure que les 46 enfants ne seront pas forcés de vivre avec des parents naturels ou adoptés qu'ils rejettent, qu'ils seront suivis. «Mais il est clair que le Rwanda n'est pas la France. Ces enfants auront des problèmes. Leurs familles aussi, d'ailleurs.»