Citation
Revue historique des armées
247 | 2007
Le renseignement
Bref historique des services de renseignement et
de sécurité français contemporains
Claude Faure
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/rha/1843
ISBN : 978-2-8218-0506-4
ISSN : 1965-0779
Éditeur
Service historique de la Défense
Édition imprimée
Date de publication : 15 juin 2007
Pagination : 70-81
ISSN : 0035-3299
Référence électronique
Claude Faure, « Bref historique des services de renseignement et de sécurité français
contemporains », Revue historique des armées [En ligne], 247 | 2007, mis en ligne le 01 août 2008,
consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/rha/1843
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© Revue historique des armées
Bref historique des services de renseignement et de sécurité français contemp...
Bref historique des services de
renseignement et de
sécurité français contemporains
Claude Faure
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Héritiers d’organismes nés au cours de la Seconde Guerre mondiale, les services de
renseignement et de sécurité français sont marqués dès l’origine par les conflits, ceux
entre les nations et ceux entre les hommes. Fin juin 1940, alors qu’une partie de la France
est occupée par l’armée allemande, une structure clandestine de renseignement est mise
sur pied au sein de l’armée française d’armistice, avec l’aval du ministre de la Défense
nationale, le général Weygand. Placés sous la responsabilité du colonel Louis Rivet, chef
du SR/SCR (service de renseignement/section de centralisation des renseignements) du 2e
bureau, ces services s’organisent sous la couverture de l’Office national du retour à la
terre, du ministère de l’Agriculture. Le mois suivant, le SR/Guerre, futur SR/Kléber du
lieutenant-colonel André Perruche, et le service de contre-espionnage offensif du
capitaine Paul Paillole, sous la couverture de l’entreprise des travaux ruraux (TR),
commencent leur action souterraine contre l’occupant allemand et italien. Un SR/air et
un SR/marine clandestins se mettent également en place. Ainsi, dans une France divisée,
non seulement par l’occupant, mais également entre ceux qui soutiennent le régime de
Vichy et ceux qui s’y opposent, une organisation clandestine de renseignement s’installe
rapidement.
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À Londres, après avoir appelé les Français à la résistance, le général de Gaulle crée un 2 e
bureau au sein de son état-major de la France libre. Dirigé par le capitaine André
Dewavrin (Passy), ce service a pour mission de se renseigner sur la situation en métropole
et d’apporter un appui à la résistance qui s’y organise. Deux ans plus tard, le
28 juillet 1942 à Londres, naît le BCRA (Bureau central de renseignement et d’action),
successeur du 2e bureau de la France libre. Jean Moulin, qui a été parachuté en métropole,
début janvier, va bénéficier de son aide dans la mission d’unification de la Résistance que
lui a confiée de Gaulle. Ce dernier, devenu président du Comité national français (CNF),
sorte de gouvernement en exil à Londres, a chargé le BCRA de coordonner son action
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politico-militaire auprès des personnalités politiques de la résistance, hostiles à ce qu’un
chef militaire soit aussi un dirigeant politique. Le 15 novembre, une semaine après le
débarquement américano-britannique en Algérie et au Maroc, le colonel Rivet, qui a
rejoint l’armée d’Afrique du général Henri Giraud, est nommé à la tête de la Direction des
services de renseignement et de la sécurité militaire (DSR/SM). Deux mois plus tard, le
commandant Paillole arrive à Alger et prend en mains la sécurité militaire. Les réseaux de
renseignement, mis en place en métropole, sont pris en charge par le lieutenant-colonel
Henri Navarre.
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Le 22 mai 1943, le général Giraud, devenu commandant en chef de l’administration civile
et militaire de l’Afrique du Nord (AFN) et de l’Afrique occidentale française (AOF), crée la
Direction des services spéciaux (DSS), confiée au général Georges Ronin. Une unité
militaire chargée des opérations spéciales est constituée sous le nom de « bataillon de
choc », dirigé par le commandant Fernand Gambiez. Arrivé à Alger au début du mois de
juin, le général de Gaulle est nommé, avec le général Giraud, à la tête du Comité français
de la libération nationale (CFLN), sorte de gouvernement provisoire des territoires
français libérés. Des oppositions entre les deux hommes apparaissent au grand jour, sur
les questions militaires et politiques et sur les services spéciaux : pour le général Giraud,
ils « appartiennent à l’autorité militaire », alors qu’ils sont « d’essence gouvernementale » pour
le général de Gaulle. Le 25 septembre, ce dernier devient seul président du CFLN. Il crée,
le 27 novembre, la Direction générale des services spéciaux (DGSS), successeur de
l’éphémère SRA (Service de renseignement et d’action), victime des rivalités entre
gaullistes et giraudistes. Dirigée par Jacques Soustelle, la DGSS est chargée de coiffer
l’action du BCRA et de la DSR/SM auprès de la résistance en métropole et de l’armée
d’Afrique, en liaison avec les services alliés. Elle doit également apporter son aide à la
résistance en Indochine, une colonie française occupée par le Japon, allié de l’Allemagne.
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Le 21 janvier 1944, dépendante jusque-là des services du commissariat à l’Intérieur, la
DGSS est rattachée au cabinet du président du CFLN, c’est-à-dire au général de Gaulle. Le
26 août, ce dernier s’installe à Paris, libéré la veille par la Résistance et les forces
françaises. À la tête du gouvernement provisoire de la République, il prépare les
institutions de l’après-guerre. Ancien officier du BCRA et adjoint de Soustelle à la DGSS,
André Pélabon est nommé directeur de la Sûreté nationale. Deux mois plus tard, le
26 octobre, la DGSS devient Direction générale des études et recherches (DGER). Dirigée
par Soustelle, celle-ci reste sous le contrôle direct du chef du gouvernement.
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Selon l’article 3 du décret de sa création, la DGER a tout pouvoir en matière de contreespionnage intérieur et extérieur, ce que contestent plusieurs hauts fonctionnaires et
personnalités politiques. Le 16 novembre, la Direction de la surveillance du territoire
(DST), dissoute deux ans auparavant, est officiellement reconstituée. Dépendante du
ministère de l’Intérieur, elle est chargée de « la recherche et la centralisation, en vue de leur
exploitation sur le territoire soumis à l’autorité du ministère de l’Intérieur, des renseignements de
contre-espionnage ». La DST est placée sous la direction de Roger-Paul Warin, dit Wybot, un
temps responsable de la section de contre-espionnage du BCRA. Au même moment,
Germain Vidal, directeur des Renseignements généraux (RG), réorganise son service.
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Le 16 avril 1945, Soustelle est remplacé par le colonel Dewavrin, qui se lance dans une
importante restructuration interne de la DGER. Le 8 mai, la capitulation de l’armée
allemande met fin à la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement à l’installation des
troupes alliées à Berlin, des postes de renseignement, américains, britanniques,
soviétiques et français, se mettent en place dans la capitale allemande. Avec Vienne,
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Berlin devient la plaque tournante de l’espionnage en Europe. En France, le Parti
communiste accuse la DGER d’être une police politique dirigée contre lui. Le
22 septembre, la présidence du Conseil décide de transférer au ministère de l’Intérieur le
service de censure postale et de contrôle des communications, dépendants jusque-là de la
DGER. Deux mois plus tard, le général de Gaulle est confirmé dans ses fonctions de chef du
gouvernement provisoire, auquel participent cinq communistes. Lors du Conseil des
ministres du 28 décembre, il est décidé de dissoudre la DGER pour la remplacer par le
Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE). Maintenu sous le
contrôle des services du président du Conseil et sous la direction du colonel Dewavrin, le
SDECE est chargé de « rechercher à l’étranger tous les renseignements et toute la documentation
susceptibles d’informer le gouvernement ; détecter et signaler aux administrations intéressées les
agents des puissances étrangères dont l’action serait susceptible de nuire à la défense nationale ou
à la sûreté de l’État ». Constitué en majorité de militaires, de socialistes et de gaullistes, le
SDECE apparaît comme l’héritier du BCRA. Son maintien, alors que la paix est rétablie,
obéit à une double inquiétude : la menace communiste et le réarmement de l’Allemagne.
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Le 20 janvier 1946, le général de Gaulle démissionne, remplacé à la tête du gouvernement
par le socialiste Félix Gouin. Dix jours plus tard, le général de Lattre de Tassigny, chef de
l’armée de Terre, crée pour elle un nouveau service de sécurité, le Service de sécurité
militaire (SSM), dirigé par le commandant Bonnefous. La sécurité navale, commandée par
le capitaine de frégate Labarère, et la sécurité de l’air, confiée au colonel Sérot, ont été
reconstituées, la première, en septembre 1944, la seconde, en février 1945. Parallèlement,
une réorganisation du 2e bureau, chargé du renseignement militaire, est entreprise au
sein des états-majors des trois armées.
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Le 26 février, le député socialiste Henri-Alexis Ribière devient directeur général du
SDECE. Il remplace le colonel Dewavrin, accusé d’avoir constitué illégalement un trésor de
guerre destiné à financer la résistance à une éventuelle prise du pouvoir par le Parti
communiste. Le 7 mai, afin de clarifier les attributions du SDECE en matière de contreespionnage, l’instruction 525, signée du directeur adjoint de ce service, le colonel Pierre
Fourcaud, précise que le SDECE « dirige à l’échelon gouvernemental la recherche, la
centralisation et l’exploitation de tous les renseignements de contre-espionnage ; exerce le contreespionnage à l’étranger, y compris en territoires occupés [zones françaises en Allemagne], et
assure le maniement exclusif des agents doubles et la direction de l’intoxication ; informe la
Présidence du gouvernement, l’état-major général de la défense nationale et les ministères
intéressés sur les ingérences et l’espionnage étranger ». Cette note, qui concerne aussi les
services de sécurité de l’armée, stipule que ceux-ci « assurent, dans leurs domaines
respectifs : l’ensemble du contre-espionnage dans les armées de Terre, de Mer et de l’Air ; la
protection du moral des Armées, du secret militaire, des points sensibles militaires et l’instruction
des Armées à ces points de vue ; la répression de l’espionnage militaire en liaison directe avec les
services de Police spécialisée (en France et en Afrique du Nord) ; la centralisation de toutes les
questions d’expertise concernant les secrets militaires et de toutes les questions de fournitures de
renseignements militaires destinées à l’entretien d’agents doubles ou à l’intoxication ».
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Dans le cadre de la restructuration de l’armée française et dans le contexte de la guerre
froide qui s’installe en Europe, le député Jean-Marie Bouvier-O’Cottereau propose que le
gouvernement crée une organisation spéciale regroupant les anciens agents et
parachutistes qui agissaient pour le compte du BCRA. C’est ainsi que le 1er septembre, le
bataillon de choc aéroporté voit le jour. Dirigée par le capitaine Edgar Mautaint, cette
unité est chargée de former des militaires aux techniques des opérations spéciales, en
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liaison avec le SDECE. Pendant ce temps en Indochine, malgré le cessez-le-feu conclu avec
les dirigeants du Viêt-minh, partisans de l’indépendance, un incident avec la flotte
française, fin novembre à Haïphong, marque le début du conflit. Le 16 janvier 1947, dans
un climat social difficile, le socialiste Vincent Auriol devient le premier président de la IV e
République. Paul Ramadier est nommé chef d’un gouvernement au sein duquel les
communistes ne restent que quatre mois. En juin, le bataillon de choc est rebaptisé 11 e
bataillon de choc. Face à l’agitation sociale qui augmente, les autorités politiques,
craignant que le Parti communiste organise des émeutes, renforce les moyens des forces
de l’ordre.
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Le 31 janvier 1948, le Service de sécurité des forces armées (SSFA) se substitue aux
services de sécurité militaire, navale et aérienne, sous l’autorité directe du ministre des
Armées. Le SSFA, confié au colonel Sérot, est chargé de « prévenir l’espionnage et les
propagandes sensibles au moral et à la discipline dans les forces armées ; de protéger le secret
militaire ; de participer à la protection des points sensibles militaires ; de prévenir le sabotage dans
les forces armées, services et établissements dépendant du ministre des forces armées ». Quatre
mois plus tard, un Bureau technique de liaison et de coordination (BTLC) est créé au sein
du ministère des Colonies, afin de centraliser les informations provenant des colonies
françaises.
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À l’automne 1949, éclate l’» affaire des généraux », après la découverte, dans les affaires
du président des étudiants vietnamiens en France, de plusieurs exemplaires du rapport
secret du général Revers sur la situation en Indochine. L’enquête menée par la DST, qui
révèle que deux généraux et un homme politique auraient vendu ces documents,
déclenche un règlement de comptes entre responsables de la DST et du SDECE, ainsi
qu’une attaque des gaullistes et des communistes contre le gouvernement en place. Le
6 octobre, Henri Queuille démissionne de la présidence du Conseil pour être remplacé par
Georges Bidault. À l’Assemblée, le député Eugène Delahoutre pointe la faiblesse des
services en dénonçant « des rivalités se transformant parfois en lutte ouverte ». Il suggère
qu’un « remède soit apporté à cette situation, dans le sens du regroupement et de la coordination
», sans résultat.
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L’année suivante, au printemps 1950, le directeur de la Sûreté nationale, Pierre Bertaux,
est remplacé par Robert Hirsch, et le directeur général du SDECE, Henri Ribière, par
Pierre Boursicot, ancien directeur de la Sûreté. Le chef de la DST, Roger Wybot, est
maintenu à son poste. En Indochine, la guerre s’enlise et des
tensions naissent entre Français et Américains à propos de l’indépendance de ce pays. La
Direction générale de documentation (DGD), créée au début de l’année sous la conduite du
colonel Gracieux, s’efforce de coordonner l’action des services de renseignement civils et
militaires qui foisonnent. En vue de neutraliser l’action révolutionnaire du Viêt-minh, le
haut commandement décide d’adopter une nouvelle tactique, basée sur l’action
psychologique et l’emploi d’unités spéciales, entraînées à la « guerre non
conventionnelle ». Le 7 avril 1951, le général de Lattre de Tassigny, haut-commissaire et
commandant en chef de l’armée française en Indochine, signe la décision 174 : « En accord
avec la direction générale du SDECE de la présidence du Conseil, et par analogie avec l’organisation
métropolitaine, un “service action” est créé à compter du 10 avril 1951 et intégré aux services déjà
existants du SDECE en Indochine. Le “service action” est à l’entière disposition du commandant en
chef. » Le commandant Henri Fille-Lambie, chef du service action du SDECE en métropole,
rejoint l’Indochine pour mettre en place cette nouvelle structure. Une unité, chargée
d’exécuter les opérations montées par le service action local, est constituée sous le nom
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de Groupement des commandos mixtes aéroportés. Le GCMA est placé sous le
commandement du lieutenant-colonel Edmond Grall, remplacé un peu plus tard par son
adjoint, le commandant Roger Trinquier. Parallèlement, sont mises en place de petites
unités de contre-espionnage offensif, en liaison avec les postes du Service de sécurité des
forces armées (SSFA), implantés sur place. Le 14 décembre 1953, le SSFA prend le nom de
Service de sécurité de la défense nationale et des forces armées (SSDNFA). Le
23 décembre, René Coty est élu président de la République, alors qu’en Indochine les
attaques des forces du Viêt-minh contre les troupes françaises se multiplient. Cinq mois
plus tard, le 7 mai 1954, la chute du camp français de Diên Biên Phu sonne la fin de la
guerre d’Indochine. Le 19 juin, Pierre Mendès France devient président du Conseil.
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En Algérie, le bureau politique du comité révolutionnaire algérien crée, en octobre 1954,
le Front de libération nationale (FLN) et appelle à la rébellion contre la France. Celle-ci est
déclenchée le 1er novembre par une série d’attentats contre les Européens résidant en
Algérie. Les unités militaires sur place sont renforcées. Un groupement de marche du 11 e
bataillon de choc s’installe en Algérie et la question algérienne devient prioritaire pour
l’ensemble des services de renseignement et de sécurité français. Le 4 juin 1955, après que
le SDECE a reçu la mission de mettre hors d’état de nuire l’organisation politico-militaire
du FLN, la 11e demi-brigade parachutiste de choc (11e DBPC) est créée sous les ordres du
lieutenant-colonel Pierre Decorse. Cette unité, dont fait partie le 11e bataillon de choc, est
chargée d’exécuter les opérations spéciales montées par la direction du SDECE et de
participer aux missions de recherche en renseignement opérationnel, planifiées par
l’état-major.
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Le 31 janvier 1956, le socialiste Guy Mollet est nommé président du Conseil, six mois après
l’instauration de l’état d’urgence en Algérie. En juin, s’inspirant de ce qui a été mis en
œuvre en Indochine sur la base du système RAP (renseignement, action, protection),
l’état-major décide la mise en place d’un système équivalent en Algérie. Ainsi est créé le
Centre de coordination interarmées (CCI). Placé sous le commandement du colonel Léon
Simoneau, le CCI est chargé de combiner l’action des différentes unités agissant dans la
recherche du « renseignement de terrain ». De son côté, le Centre de renseignement
opérationnel du gouvernement général (CROG) centralise, à l’échelon du gouverneur
général de l’Algérie, toutes les informations recueillies par les différents services de
renseignement et de sécurité tels que la DST, les RG, la gendarmerie, le SSDNFA, le 2 e
bureau et le SDECE, ainsi que les SAS (Sections administratives spécialisées). Au cours de
l’année, la Tunisie et le Maroc accèdent à l’indépendance, ce qui renforce la
détermination des Algériens à obtenir la leur.
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Le 7 janvier 1957, alors que le général Salan est le chef des armées en Algérie, les pouvoirs
de police pour le département d’Alger sont confiés au général Jacques Massu, patron de la
10e division parachutiste (10e DP). Parmi ses adjoints se trouvent le colonel Yves Godard,
ancien patron du 11e choc, pour l’action psychologique, et le colonel Trinquier, ancien
chef du GCMA, pour la sécurité publique. Le commandant Aussaresses, prédécesseur du
colonel Godard à la tête du 11e choc, participe à la lutte contre le terrorisme. Au cours du
mois de juin, le général Paul Grossin est nommé directeur général du SDECE. De nouvelles
opérations sont montées contre les marchands d’armes qui fournissent la rébellion
algérienne et contre les bateaux qui transportent ce matériel. De son côté, la DST
démantèle plusieurs réseaux du FLN.
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L’échec de la guerre d’Indochine et de l’expédition de Suez, les difficultés de la
« pacification » en Algérie et l’instabilité du pouvoir en place, provoquent une fracture
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entre l’armée et les autorités politiques. Le 13 mai 1958, après avoir pris le contrôle du
gouvernement général d’Alger, les partisans du maintien de l’Algérie française
constituent un comité de salut public. Sous la conduite du général Massu, les membres de
ce comité réclament le retour du général de Gaulle au pouvoir. Le 1er juin, ce dernier
reçoit l’investiture de l’Assemblée nationale pour diriger un nouveau gouvernement. Six
mois plus tard, le 21 décembre, il devient le premier président de la nouvelle Ve
République.
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Le 8 janvier 1959, Michel Debré est nommé Premier ministre. La veille, le général de
Gaulle a signé l’ordonnance 59-147 sur l’organisation générale de la défense. L’article
13 précise que « sous l’autorité du Premier ministre, l’orientation et la coordination des services
de documentation et de renseignement sont assurés par un comité interministériel du
renseignement (CIR) ». Celui-ci agit en étroite collaboration avec le Comité permanent du
renseignement (CPR), chargé de définir les grands axes de recherche dans ce domaine.
L’amiral Georges Cabanier est nommé à la tête du SGDN (Secrétariat général de la défense
nationale), chargé d’assister le gouvernement en matière de politique de défense. Il a
également la responsabilité du CIR et du CPR.
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Le 28 mars 1960, tandis que la guerre en Algérie s’accentue, est créé le Groupement
interministériel de contrôle (GIC). Placé sous l’autorité directe du chef de gouvernement,
le GIC assure « l’ensemble des écoutes et enregistrements téléphoniques et télégraphiques sur fils
ainsi que des renvois sur réseau PTT des écoutes microphoniques, ordonnées par les autorités
gouvernementales. (…) Il dispose, pour assurer sa mission, de personnels mis pour emploi à la
disposition du Premier ministre par le SDECE, le ministère de l’Intérieur, le ministère des Armées, le
ministère des PTT ainsi que des installations d’écoutes et d’enregistrements existant dans les
différents ministères et services pratiquant actuellement des interceptions téléphoniques. »
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Un an plus tard, le 5 avril 1961, un nouveau décret réorganise la Direction de la sécurité
militaire (DSM) : « Service spécialisé dont disposent les différents échelons du commandement
pour leur permettre d’assurer la protection des personnels, des documents, des matériels et des
établissements contre les ingérences et menées subversives de tous ordres. » Le général Charles
Feuvrier est nommé à la tête de ce service. Une de ses tâches est d’empêcher le noyautage
de l’armée à la fois par le FLN algérien, par les services spéciaux des pays de l’Est et par
l’OAS (Organisation de l’armée secrète), un groupuscule clandestin rassemblant les
partisans de l’Algérie française, qu’ont rejoint plusieurs officiers français. À cette date, les
RG sont dirigés par Jules Plettner, le SDECE, par le général Paul Grossin, et la DST, par
Gabriel Eriau, remplacé peu après par Daniel Doustin. Le 18 mars 1962, un accord de
cessez-le-feu entre le FLN et le gouvernement français est signé à Évian. Le 2 juillet, la
République algérienne est proclamée. Avec la fin de la guerre d’Algérie, les services de
renseignement et de sécurité français portent désormais leur effort sur les services
secrets des pays de l’Est et l’espionnage industriel et militaire. Entre-temps, Georges
Pompidou est devenu Premier ministre.
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L’année suivante, au cours de l’été 1963, le 13e régiment de dragons parachutistes (13 e
RDP) devient l’unité terrestre de recherche du renseignement stratégique et
opérationnel, au profit direct de l’état-major des armées. Le 31 décembre, la 11 e DBPC,
commandée par le colonel Albert Merglen, est dissoute. Parmi les cadres du Centre
national d’entraînement commando (CNEC), installé à sa place, se trouvent trois officiers
qui, trente ans plus tard, deviendront de hauts responsables des services de
renseignement : le capitaine Jean Pons, futur directeur du renseignement de la DGSE, le
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lieutenant Jean Heinrich, futur directeur de la DRM, et le lieutenant Jacques Dewatre,
futur directeur général de la DGSE.
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Huit mois plus tard, le 26 août 1964, un nouveau décret fixe les attributions respectives de
la DST et du SDECE. Ce dernier agit à l’étranger, pour détecter et contrôler « les activités
d’espionnage et d’ingérence dirigées contre la France ou les intérêts français ». La DST lutte en
France et dans les territoires français contre « les activités d’espionnage et d’ingérence des
Puissances étrangères ». Les missions des deux services sont supervisées par un« Comité de
coordination qui anime et oriente deux sous-comités : un sous-comité de Contre-espionnage
extérieur et un sous-comité de Contre-espionnage intérieur ».
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Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, leader de l’opposition marocaine, est enlevé à Paris.
L’affaire éclabousse la France et ses services. Le SDECE n’est pas responsable de
l’enlèvement, mais il est néanmoins sanctionné le 23 janvier 1966, en passant sous le
contrôle des services du ministre des Armées. Son directeur général, le général Paul
Jacquier, est remplacé par le général Eugène Guibaud. Au cours de l’été, la section de
contre-espionnage du service des Renseignements généraux de la Préfecture de police de
Paris (RGPP) est transférée à la DST.
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Sous la présidence de Georges Pompidou, certaines têtes vont encore changer, et les
structures se préciser. Le 10 novembre 1970, Alexandre de Marenches prend la direction
du SDECE, tandis que le général André Thozet devient directeur de la sécurité militaire et
que Jean Rochet reste à la tête de la DST. Au sein de l’état-major des armées (EMA), on
crée le Centre de formation interarmées du renseignement (CFIR) et le Centre
d’exploitation du renseignement (CER). Cette évolution se poursuit sous la présidence de
Valéry Giscard d’Estaing, avec la création, en 1976, du Centre d’exploitation du
renseignement militaire (CERM). Chargé de centraliser et d’exploiter le renseignement au
profit de l’EMA, auquel il est directement rattaché, le CERM est confié au colonel Jacques
Laurent.
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Le 10 mai 1981, le socialiste François Mitterrand est élu président de la République. Il
nomme Pierre Mauroy à la tête d’un gouvernement auquel participent quatre
communistes. Pour la première fois depuis 23 ans, la gauche, socialiste et communiste, est
au pouvoir. Un climat de méfiance s’installe entre les nouvelles autorités politiques et les
services. Le 17 juin, Pierre Marion est nommé directeur général du SDECE en
remplacement d’Alexandre de Marenches, tandis que Paul Roux se voit confier les RG.
Alors que certains l’avaient envisagé, la gauche ne supprime pas les services spéciaux. Le
20 novembre, la Direction de la sécurité militaire (DSM) est dissoute. Elle est remplacée
par la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), chargée de «
coordonner les mesures nécessaires à la protection des renseignements, objets, documents ou
procédés intéressant la défense, au sein des forces armées ou des organismes qui lui sont rattachés
ainsi que dans les entreprises titulaires de marchés classés de défense nationale passés par le
ministère de la Défense ». Le général Michel Jorant en prend la direction, avant de céder la
place au général Armand Wautrin. Cinq mois plus tard, le 2 avril 1982, c’est au tour du
SDECE d’être remplacé par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) dont la
mission reste identique : « Rechercher et exploiter les renseignements intéressant la sécurité de
la France, ainsi que détecter et entraver, hors du territoire national, les activités d’espionnage
dirigées contre les intérêts français afin d’en prévenir les conséquences. » Le 10 novembre, la
DGSE accueille un nouveau chef, l’amiral Pierre Lacoste. Le même jour, Yves Bonnet est
nommé directeur de la DST, à la place de Marcel Chalet.
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Trois ans plus tard, le 10 juillet 1985, éclate l’affaire Greenpeace : du nom de l’association
écologiste dont le bateau, Rainbow Warrior, a été coulé par une équipe de nageurs de
combat de la DGSE, provoquant la mort d’un membre de l’équipage. Tout comme l’affaire
Ben Barka, celle-ci rejaillit sur l’image de la France et de ses services. Elle entraîne la
démission du ministre de la Défense et celle du chef de la DGSE, remplacé par le général
René Imbot. Le 11e bataillon de choc est reconstitué pour être mis à la disposition du
service action de la DGSE, sous le nom de 11e régiment parachutiste de choc (11e RPC). En
mars 1986, après la victoire de la droite aux élections législatives, Jacques Chirac devient
Premier ministre. Une première cohabitation entre un président de la République de
gauche et un chef de gouvernement de droite commence, qui va perturber le
fonctionnement des services de l’État. Le renseignement militaire poursuit sa mutation.
Le 1er septembre, l’état-major de l’armée annonce la création de l’École interarmées du
renseignement et de l’étude des langues (EIREL). Installée à Strasbourg, elle regroupe le
CFIR (Centre de formation interarmées du renseignement), le CIRIP (Centre d’instruction
du renseignement et d’interprétation photographique), le CLEEM (Centre des langues et
d’études étrangères militaires), le Centre d’enseignement de l’allemand, rattaché à la
gendarmerie des Forces françaises en Allemagne, et le Groupement 309 des Écoles de
l’armée de l’Air.
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Le 8 mai 1988, François Mitterrand est réélu président de la République et la gauche
gagne les élections législatives. Le socialiste Michel Rocard est nommé Premier ministre,
mettant fin à la cohabitation gauche-droite. À la direction des RG, Philippe Massoni cède
sa place à Jacques Fournet, tandis que Guy Fougier est nommé à la tête du SGDN. Le
22 mars de l’année suivante, le préfet Claude Silberzahn prend la direction de la DGSE à la
place du général Mermet. Il entreprend une importante restructuration interne du
service et lance un plan de recrutement dont le but est d’augmenter les effectifs du
personnel civil de la DGSE. Le 20 avril, le Premier ministre signe un nouveau décret
concernant la réorganisation du Comité interministériel du renseignement (CIR). Le
23 août 1990, il se rend au siège de la DGSE et présente les grandes lignes d’un plan
quinquennal de réforme du service. Trois mois plus tard, le 18 novembre, lors du sommet
de la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe), la guerre froide entre
l’Est et l’Ouest est officiellement close. Désormais, les grands axes de recherche des
services de renseignement et de sécurité concerneront le terrorisme international,
l’intelligence économique, la prolifération d’armes de destruction massive et le crime
organisé.
27
Sur le plan intérieur, la priorité est donnée aux crises traversées par la société française.
Comme le précise la circulaire de 1991, la Direction centrale des renseignements
généraux (DCRG) doit s’attacher à « la prévision et à la mesure des évolutions de l’opinion
publique au travers de ses multiples canaux d’expression ; à l’examen attentif de l’expression des
revendications sociales dont le caractère multiforme exige une vigilance constante ; à une
intervention accrue dans les secteurs économique et financier, en particulier pour aider au
repérage des circuits de recyclage des capitaux illicites ; à une étude approfondie des tensions et
évolutions au sein de la société civile ».
28
La participation des forces françaises à la guerre du Golfe, en 1991, débouche sur une
nouvelle réforme. Une étude, réalisée par le ministère de la Défense, révèle les faiblesses
du renseignement militaire. Le 16 juin 1992, est créée la Direction du renseignement
militaire (DRM). Selon le décret fondateur, son directeur « assiste et conseille le ministre
chargé des armées en matière de renseignement d’intérêt militaire ». La DRM dispose « du
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concours de l’ensemble des organismes contribuant au renseignement d’intérêt militaire,
notamment de ceux qui relèvent de la gendarmerie nationale et de la délégation générale pour
l’armement. Elle élabore et met en œuvre les orientations en matière de renseignement d’intérêt
militaire. Elle exerce en ce domaine une fonction d’animation et de coordination ». La DRM
chapeaute le 2e bureau de chacune des trois armées, le CERM (Centre d’exploitation du
renseignement militaire), le CIREM (Centre d’interprétation du renseignement
électromagnétique), le CFIII (Centre de formation et d’interprétation interarmées de
l’imagerie) et l’EIREL (École interarmées du renseignement et de l’étude des langues). Le
général Jean Heinrich, précédent directeur des opérations à la DGSE, est nommé à la tête
de la DRM.
29
Huit jours plus tard, le ministère de la Défense annonce la création du Commandement
des opérations spéciales (COS). Placé sous la
responsabilité du général Maurice Lepage, le COS est chargé de planifier et coordonner
l’exécution d’opérations spéciales décidées par l’état-major des armées. Il peut faire appel
au 1er RPIMA (1er régiment parachutiste d’infanterie de marine), au CPA 10 (Commando
parachutiste de l’air no 10), au GSIGN (Groupement de sécurité et d’intervention de la
Gendarmerie nationale), à la DOS/AA (Division des opérations spéciales de l’armée de
l’Air), aux commandos de la marine, et, en cas d’intervention antiterroriste, au GIGN
(Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale).
30
L’année suivante, le 29 mars 1993, à l’issue des élections législatives gagnées par la droite,
Édouard Balladur est nommé Premier ministre, entamant une seconde cohabitation
gauche-droite. Au cours du printemps, un groupe informel, constitué de hautes
personnalités, se prononce en faveur de la création de deux organismes qui réuniraient,
l’un, les services de sécurité intérieure tels que les RG, les RGPP et la DST, l’autre, les
services de renseignement extérieur tels que la DRM et la DGSE. Mais le projet n’aboutit
pas. Début juin, le préfet Jacques Dewatre est nommé à la tête de la DGSE. Deux mois plus
tard, le 1er septembre, suite logique de l’étude réalisée au lendemain de la guerre du Golfe
et de la création de la DRM, la Brigade de recherche et de guerre électronique (BRGE) est
officiellement constituée. Cette nouvelle unité regroupe le 13e régiment de dragons
parachutistes (13e RDP), le 7e régiment d’artillerie (7e RA), et les 44e et 54e régiments de
transmissions (44e et 54e RT).
31
À la fin du mois de juin 1994, les RG sont accusés d’avoir écouté les débats du conseil
national du Parti socialiste qui se déroulaient à huis clos. Le directeur des
Renseignements généraux de la Préfecture de police de Paris (RGPP), Claude Bardon, est
remplacé par Jean-Pierre Pochon. Sept mois plus tard, le 16 janvier 1995, un nouveau
décret précise les missions des RG. Désormais, concourant « à la mission générale de sécurité
intérieure », ils ne doivent plus enquêter sur les formations politiques. Le 7 mai, Jacques
Chirac est élu président de la République. Alain Juppé devient Premier ministre. En juillet,
le premier satellite européen de renseignement militaire, Hélios I, est lancé avec succès.
Deux ans plus tard, le 2 juin 1997, après la victoire de la gauche aux élections législatives,
le socialiste Lionel Jospin est nommé Premier ministre, entamant une première
cohabitation entre un président de droite et un chef de gouvernement de gauche. Le mois
suivant, le général Claude Ascensi est nommé à la tête de la DPSD. Peu après, Jean-Jacques
Pascal, ancien directeur des RG, prend la direction de la DST à la place de Philippe Parant,
tandis que le préfet Dewatre reste à la tête de la DGSE. L’année suivante, le
21 janvier 1998, le vice-amiral Yves de Kersauson devient directeur de la DRM. Six mois
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plus tard, Jean-Claude Mallet est nommé à la tête du SGDN, à la place d’Isabelle Renouard,
première femme a avoir occupé ce poste.
32
À l’automne 1999, une proposition de loi pour la création d’une délégation parlementaire
pour les affaires de renseignement, destinée à associer le Parlement à la politique de
renseignement du gouvernement, est déposée à l’Assemblée nationale, sans suite. Le
3 décembre, un nouveau satellite d’observation militaire est lancé. Début février 2000,
Jean-Claude Cousseran devient directeur général de la DGSE. Quelques mois plus tard, la
direction du renseignement de ce service est réorganisée en profondeur. Durant l’été, le
contrôleur général Dominique Conort prend la direction de la DPSD.
33
À partir de l’automne 2001, après l’attentat du 11 septembre à New York, les missions des
différents services de renseignement et de sécurité se recentrent sur le terrorisme
islamique. Le 15 mai 2002, à peine réélu, Jacques Chirac signe un décret portant création
du Conseil de sécurité intérieure (CSI), chargé de définir « les orientations de la politique
menée dans le domaine de la sécurité intérieure ». Cette nouvelle autorité est confiée à
Philippe Massoni, ancien directeur des RG. Durant l’été, les capacités d’intervention des
forces spéciales sont accrues par le rattachement du 13e RDP au COS. Le 24 juillet, trois
semaines après la nomination de Pierre de Bousquet de Florian à la tête de la DST, Pierre
Brochand devient directeur général de la DGSE. Le lendemain, afin de définir les relations
entre le 2e bureau de chacune des armées et les attachés de défense, un arrêté du
ministère de la Défense stipule que le directeur de la DRM « dirige et coordonne, dans le
cadre des directives du chef d’état-major des armées, l’action des attachés de défense et des
attachés spécialisés en matière de renseignement militaire ».
34
Fin décembre 2003, suivant les recommandations d’un rapport parlementaire, le Premier
ministre Jean-Pierre Raffarin nomme Alain Juillet haut responsable chargé de
l’intelligence économique. En janvier 2004, Pascal Mailhos devient directeur des RG. Au
cours de l’été, Francis Delon prend la tête du SGDN, tandis que l’EIREL passe sous le
commandement du colonel Gonnet et que le CEERAT (Centre d’enseignement et d’études
du renseignement de l’armée de Terre), créé deux ans plus tôt, se renforce en moyens.
L’année suivante, le général Denis Serpollet succède au général Michel Barro à la
direction de la DPSD, et le général Michel Masson remplace le général André Ranson, à
celle de la DRM. En mars 2006, Joël Bouchité prend la direction des RG. Un projet de
regroupement géographique de la DST, des RG et de la DNAT (Direction nationale
antiterroriste) est mis en œuvre. Le 1er juillet suivant, l’EIREL devient Centre de formation
interarmées au renseignement (CIFAR), sous les ordres du colonel Tilly.
35
Aujourd’hui, l’ensemble des services de renseignement et de sécurité français, constitué
de la DST et de la DCRG, pour l’Intérieur, de la DPSD, de la DRM et de la DGSE, pour la
Défense, représente un effectif d’environ 13 800 personnes, pour un budget de près de
735 millions d’euros.
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RÉSUMÉS
Guerre froide, terrorisme international, intelligence économique : les services de renseignement
et de sécurité français ont dû, ces soixante dernières années, s’adapter à la situation
internationale et s’organiser en conséquence. Ils ont néanmoins conservé leurs rôles respectifs,
hérités de la période fondatrice qu’a été la Seconde Guerre mondiale. Depuis, les actions qu’ils
ont entreprises ont toujours obéi à la mission nationale fixée par le gouvernement.
A short history of the contemporary French secret and security services. Cold War, international
terrorism, economic intelligence: the French secret and security services have had to adapt
themselves over the past sixty years to an evolving international situation and to organise
themselves in accordance with these changes. The services have nevertheless preserved their
respective roles as they inherited them from the foundational period of the Second World War.
Since that time the actions they have carried out have always adhered to the national mission
determined by the French government.
INDEX
Mots-clés : renseignement
AUTEUR
CLAUDE FAURE
Ancien membre des services de renseignement français, Claude Faure est l’auteur de Shalom,
Salam, dictionnaire pour une meilleure approche du conflit israélo-palestinien et de Aux Services de la
République, du BCRA à la DGSE, publiés aux éditions Fayard.
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