Pendant tout son interrogatoire, Séraphin Twahirwa est resté évasif. Il ne sait pas qui gérait les barrages de miliciens dans son quartier, ni comment les massacres sont advenus. Une chose est sûre, il conteste tous les faits qui lui sont reprochés. «
Je n’ai pas été un chef interahamwe », «
je n’ai jamais fait de mal à personne », lance-t-il, assurant qu'il a fui la capitale quelques jours après le début du génocide, le tout en mettant en avant son handicap : une jambe amputée sous le genou suite à un accident de la route au début des années 1980.
Des réponses qui passent mal auprès des parties civiles représentées par Morgan Bonneure. «
On verra si sa position évolue au cours des débats quand il sera notamment confronté aux différents témoins. Pour le moment, c'est quelque chose qui est difficile à entendre pour les parties civiles. Elles attendent qu’on reconnaisse ce qu’il s’est passé pendant le génocide », explique-t-il.
Il a dit sa vérité, rétorque l’avocat de Séraphin Twahirwa, Vincent Lurquin, qui questionne la crédibilité de certains témoins interrogés au cours de l’instruction. «
À partir du moment où vous savez que les enquêteurs, les juges, le procureur interrogent des témoins qui sont choisis par les autorités de Kigali et que les avocats ne peuvent pas être présents lors de ces interrogatoires, c’est sûr qu’on n'est pas à armes égales ».
Les témoins ont été interrogés au Rwanda, mais aussi en Belgique et ailleurs. En tout, ils seront près d’une centaine à témoigner devant le jury populaire dans les prochaines semaines.