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Plus de 15.700 femmes âgées de 13 à 65 ans ont été violées entre avril 1994 et avril 1995, selon une enquête menée par le ministère de la Famille et des Femmes au Rwanda, enquête dont l'International Herald Tribune a fait état en une de son édition du 16 mai. Sur 10.000 grossesses estimées, plus de 5.200 femmes ont avorté, 1.100 ont eu un enfant. Leur sort, celui de leurs enfants mi-hutus, mi-tutsis, ainsi que celui des femmes qui ont préféré garder le silence, est plus qu'incertain. Selon le gouvernement de Kigali, la guerre aurait fait 300.000 orphelins ou enfants non accompagnés, placés dans des orphelinats et classés pour plus de discrétion comme «orphelins du génocide».
Une mission menée au début de l'année avec le soutien logistique de Médecins sans frontières et le financement de la Fondation de France avait déjà attiré l'attention sur l'ampleur des viols lors des massacres de Tutsis et de Hutus modérés au printemps 1994. Ces viols ont accompagné les arrestations et les tueries, notait déjà le Dr Catherine Bonnet, puis l'exode des populations civiles. D'autres femmes, considérées comme «butin de guerre», ont dû suivre les militaires jusque dans les camps du Zaïre, de Tanzanie ou du Burundi. «Ces viols continuent à se perpétrer», affirmait Catherine Bonnet en février. Elle soulignait aussi qu'aucun test systématique de dépistage n'était mis en place, alors que certains viols ont été exécutés par des miliciens ou des militaires ayant un sida déclaré : «Le silence des femmes renforce le déni de cette maladie.»