Fiche du document numéro 31854

Num
31854
Date
Dimanche 14 février 1993
Amj
Taille
6089223
Titre
Voyage de MM. Delaye et De la Sablière au Rwanda (2/2)
Nom cité
Mot-clé
Cote
TD Kigali 141; Duclert 20210031/14
Fonds d'archives
Type
Document diplomatique, TD
Langue
FR
Citation
coNF DENTIE TOI LORS 24/04/98 09H06 %

25-Vi CONFIDENTI ET, ponte

CONFIDENTIEE DIPLO

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TD KIGALI 141

LE 14 FEVRIER 1993
soptèr KGLI LE 14/02/93 A 15H49
CHIFFRE CONFIDENTIEL DIPLOMAT
NB : DISTRIBUTION LIMITER a
AD DIPLOMATIE 141

‘COQ MINDEFENSE PARIS 34

"

25 ARMEES PARIS 34 | CQ MINCOOP PARIS 63
TXT

OBJET : VOYAGE DE MM. DELAYE ET DE LA SABLIERE
AU RWANDA. (2/2).

3/ ENTREVUE PRIVEE AVEC LE PRESIDENT

L'INTERET QU'IL Y AVAIT A POUSSER PLUS LOIN DANS LE SENS D'UN
RAPPROCHEMENT ENTRE LE PRESIDENT ET LE PREMIER MINISTRE. A CONDUIT MM.
DELAYE ET DE LA SABLIERE A DIFFERER LEUR DEPART A KAMPALA POUR AVOIR UN
NOUVEL ENTRETIEN AVEC LE CHEF DE L'ETAT. CET ENTRETIEN, VENANT A LA FIN
D'UNE JOURNEE PENDANT LAQUELLE LA SITUATION MILITAIRE S'ETAIT ENCORE
DEGRADEE, A PERMIS DE SOULIGNER UNE FOIS DE PLUS L'URGENCE DE L'UNITE
NATIONALE. NOUS EN SOMMES VENUS A DIRE CLAIREMENT AU CHEF DE L'ETAT QUE
SEULE UNE PARTIE DE SON ARMEE SE BATTAIT BIEN, MAIS QUE L'AUTRE PARTIE
NE SE SENTAIT GUERE CONCERNEE ET QUE CETTE SITUATION REFLETAIT LE
CLIVAGE CONSTATE A L'INTERIEUR DU PAYS, SURTOUT ENTRE LES HUTU DU NORD
ET CEUX DU SUD. NE FALLAIT-IL PAS REUNIR. LES UNS ET LES AUTRES ? LE
PRESIDENT S'EST ABRITE DERRIERE LES RISQUES. QU'IL COURAIT DE PERDRE SES
PARTISANS S'IL FAISAIT DES CONCESSIONS A SES ENNEMIS INTERIEURS,
CONSIDERES PAR LES SIENS COMME DES ''TRAITRES''. DANS CE CAS, A-T-IL
PRECISE, ''JE NE SUIS PAS SUR DE GAGNER LES 50 0/0 QUI SONT CONTRE MOI
MAIS JE SUIS EN REVANCHE CERTAIN DE PERDRE LES 50 O/O QUI ME
SOUTIENNENT‘' MONSIEUR DELAYE N'A PU QUE LUI CONFIRMER QUE LA

MINISTÈRE DES AFFAIRES ETRANGERES

PAGE DEUX



FRANCE N'ETAIT PAS EN MESURE D'AIDER TELLE OU TELLE FACTION POLITIQUE
MAIS SEULEMENT UN GOUVERNEMENT S'APPUYANT SUR UN VERITABLE COMPROMIS
NATIONAL. ON EN EST AINSI VENU A L'IDEE DE PROVOQUER IMMEDIATEMENT UNE
RENCONTRE AVEC LE PREMIER MINISTRE. APRES QUELQUES ECHANGES
TELEPHONIQUES, CETTE RENCONTRE: A ETE FIXEE, A 21H30 DANS LES BUREAUX DE
LA PRESIDENCE.

4/ ENTREVUE COMMUNE AVEC LE PRESIDENT ET LE PREMIER MINISTRE

LE THEME DE L'UNITE NATIONALE A DOMINE A NOUVEAU CETTE ENTREVUE. LES
EMISSAIRES FRANCAIS ONT SUGGERE QUE LES POINTS ABORDES PAR LE PREMIER
MINISTRE AU DEBUT DE L'APRES-MIDI SERVENT DE BASE A UN COMMUNIQUE
COMMUN. DEUX HEURES DE DISCUSSIONS ONT ETE NECESSAIRES A SA MISE AU
POINT. LES PARAGRAPHES LES PLUS DIFFICILES EN ONT ETE CELUI QUI A TRAITE
DES PROTOCOLES DEJA SIGNES A ARUSHA ET CELUI QUI A CONCERNE L'ENGAGEMENT
PRIS PAR LES DEUX PARTIES DE METTRE FIN A TOUT BLOCAGE DE
L'ADMINISTRATION. TOUT LE MONDE SAIT EN EFFET AU RWANDA QUE CES DEUX
POINTS FONT L'OBJET DE FREQUENTES ACCUSATIONS CONTRE LE PRESIDENT.
FINALEMENT, ON A ABOUTI A UN TEXTE DONT LE DEPARTEMENT A RECU UN
EXEMPLATRE PAR TELECOPIE ET QUI A UNE VALEUR HISTORIQUE : C'EST LA
PREMIERE FOIS QUE LE PRESIDENT ET LE PREMIER MINISTRE SIGNENT UN
COMMUNIQUE COMMUN. IL NE FAUT TOUTEFOIS PAS SE CACHER QUE CE DOCUMENT
N'A FTE APPROUVE QUE SOUS LA PRESSION DES EMISSAIRES FRANCAIS. NOUS
AVONS GARDE LE SENTIMENT QUE LES DEUX PARTENAIRES RESTAIENT, L'UN COMME
L'AUTRE, PLUS SENSIBLES A LA DEFENSE DE LEURS POSITIONS POLITIQUES
RESPECTIVES QU'AU DANGER MILITAIRE IMMEDIAT REPRESENTE PAR LE F.P.R..



X
x *

LE COMMUNIQUE CONJOINT A ETE DIFFUSE PAR RADIO RWANDA HIER À 20H00.
L'AMRBASSADEUR DES ETATS-UNIS M'A TELEPHONE POUR ME FAIRE CONNAITRE QUE
SON GOUVERNEMENT APPROUVAIT TOTALEMENT NOTRE DEMARCHE ET QU'IL SERAIT
HEUREUX QUE MONSIEUR BRUNO DELAYE PRENNE CONTACT AVEC WASHINGTON POUR
QUE L'ACTION DES AMERICAINS SOIT COORDONNEE AVEC LA NOTRE. MONSIEUR
COHEN A TELEPHONE HIER SOIR AU PRESIDENT HABYARIMANA ET AU PRESIDENT
MUSEVENI POUR LES ENCOURAGER A FACILITER LE RETOUR A LA NEGOCIATION.

NPAGE TROIS

J'AI FAIT PART CE MATIN AU PRESIDENT HABYARIMANA DES RESULTATS DE LA
VISITE DE MM. DELAYE ET DE LA SABLIERE A KAMPALA ET DE LA PROPOSITION,
POUR DEMAIN A 12H00, D'UN CESSEZ-LE-FEU QUI SERAIT SUIVI D'UN RETOUR AUX
POSITIONS ANTERIEURES CONTROLE PAR LE G.O.M.N. LE PRESIDENT HABYARIMANA
M'A DIT QU'IL DONNERAIT LES INSTRUCTIONS NECESSAIRES A SON MINISTRE DE
LA DEFENSE MAIS QU'IL NE SE FAISAIT AUCUNE ILLUSION SUR LA SINCERITE DE
MUSEVENI ET DU F.P.R.. IL ACCUSE CELUI-CI D'AVOIR EXECUTE
SYSTEMATIQUEMENT LES FONCTIONNAIRES DE LA PREFECTURE DE RUHENGERI. JE
LUI AI RECOMMANDE DE CONSTITUER SUR CES MASSACRES UN DOSSIER AUSSI
COMPLET QUE CELUI QUI A ETE REALISE PAR LES ASSOCIATIONS LOCALES DE
DEFENSE DES DROITS DE L'HOMME SUR LES TROUBLES DE GISENYI. JE LUI AI DIT
QUE, SANS PREJUGER DES RESULTATS DE LA PROPOSITION DE CESSEZ-LE-FEU
ACCEPTEE PAR MUSEVENI, IL NE FALLAIT PAS QUE L'ARMEE RWANDAISE SOIT
ENCORE ACCUSEE D'ETRE RESPONSABLE DE SA RUPTURE. JE LUI AI RAPPELE AUSSI
QUE, PLUS QUE JAMAIS, LA SITUATION MILITAIRE, -SUR LAQUELLE ON LUI À
APPORTE DEVANT MOI DES INFORMATIONS DE PLUS EN PLUS ALARMANTES-,
EXIGEAIT UN FRONT COMMUN DE TOUS LES RWANDAIS.

JE DOIS SIGNALER ENFIN QUE CE MATIN, CONFORTE SANS DOUTE PAR LE
COMMUNIQUE CONJOINT SIGNE HIER, QUI A ETE PERCU A KIGALI COMME UN SUCCES
POLITIQUE DE L'OPPOSITION, LE PREMIER MINISTRE À FAIT UNE DECLARATION
TRES FERME, DANS LAQUELLE IL INDIQUE NOTAMMENT AU F.P.R. QUE JAMAIS LE
PEUPLE N'ACCEPTERA QUE SON SORT SOIT REGLE PAR LES ARMES./.

MARTRES


MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

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