Fiche du document numéro 31591

Num
31591
Date
Mercredi 25 mai 1994
Amj
Hms
13:00:00
Taille
21040
Sur titre
Journal de 13 heures
Titre
Philippe Gaillard : « Il y a sans doute des centaines de milliers de personnes qui sont mortes, des deux ethnies, de toutes les tendances politiques »
Sous titre
Un obus est tombé ce matin sur l'hôpital du Comité international de la Croix-Rouge, tuant deux employés.
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
Mot-clé
Mot-clé
Résumé
- I now suggest that you look at the last document that reached us from Rwanda: it concerns an orphanage or at least a place where, in Kigali itself, the capital of Rwanda, children who have been saved from deadly fighting. These children are taken in by the last international aid organization on the spot, the Red Cross. I suggest you listen to the person in charge of this house where these children are collected.

- "At the walk comrade. At the walk". What can a child who miraculously survived the killings sing? What can he sing, if not a warrior refrain taken up in a haunting ritornello. Where did he hear it? In his family, with the soldiers? Like him, there are dozens, often orphans, crowding into this Kigali hospital. Precarious refuge within firing range. Here you never know if you'll be alive in the next hour.

- The International Committee of the Red Cross is trying in extremely difficult conditions to treat the wounded. Philippe Gaillard, head of the ICRC delegation: "We manage to follow. What does 250 wounded mean in Kigali? While there are probably hundreds of thousands of people who died, from the two ethnic groups, of all political leanings. And let it continue. We have testimonies that come to us every day, either from one side or the other, that the massacres are continuing. So here it's a bit for a haven of peace for the moment despite Stalin's orders passing over the roofs of the hospital and the delegation! Both parties know where we are. Both parties have promised us that neither the delegation nor the ICRC hospital would not be affected. They still said that he sometimes had errors in shooting and that we were not immune to this kind of error!".

- Shooting errors, they multiply. A shell fell this morning on the hospital of the International Committee of the Red Cross, killing two employees, injuring other people. "At the walk comrade. At the walk". In Kigali death is still on the way.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Daniel Bilalian :] Je vous propose maintenant de regarder un des derniers…, le dernier document qui nous soit parvenu, euh, du Rwanda : il s'agit, euh…, d'un orphelinat ou tout au moins d'un endroit où sont recueillis -- à Kigali même, la capitale donc du Rwanda -- euh, des enfants qui ont été sauvés des combats, euh, meurtriers.

Euh, ces enfants sont recueillis par la dernière organisation qui se trouve, euh, sur place -- dernière organisation d'aide internationale --, la Croix-Rouge. Et je vous propose d'écouter le responsable de cette maison, donc, où sont recueillis ces enfants. Florence Mavic.

[Florence Mavic :] "Au pas camarade. Au pas" [une incrustation "Kigali, 11 mai 1994" s'affiche à l'écran ; gros plan sur un enfant blessé au bras gauche en train de chanter "Au pas camarade ! Au pas camarade ! Au pas, au pas, au pas"]. Que peut chanter un enfant miraculeusement rescapé des tueries ? Que peut-il chanter, sinon un refrain guerrier repris en une lancinante ritournelle. Où l'a-t-il entendu ? Dans sa famille, auprès des soldats [gros plans sur des enfants blessés aux membres et au visage] ?

Comme lui ils sont des dizaines, souvent orphelins, à s'entasser dans cet hôpital de Kigali. Refuge précaire à portée de tirs. Ici on ne sait jamais si on sera vivant dans l'heure qui suit.

Le Comité international de la Croix-Rouge tente dans des conditions extrêmement difficiles de soigner les blessés [on voit Philippe Gaillard au milieu des enfants blessés de l'hôpital ; soulevant la moustiquaire du lit où se trouve un bébé, il demande à une dame noire : "Comment est-ce qu'il s'appelle ?"].

[Philippe Gaillard, "Chef délégation CICR" : "On arrive à suivre. J'veux dire, qu'est-ce que c'est 250 blessés, euh…, à Kigali ? Alors qu'il y a sans doute des centaines de milliers de personnes qui sont mortes, hein, euh…, des deux ethnies, de toutes les tendances politiques. Et que c'est pas fini, que ça continue. On a des témoignages qui nous arrivent tous les jours, soit d'un côté soit de l'autre, comme quoi, euh, les massacres continuent. Alors j'veux dire, ici c'est un petit peu pour l'instant un…, un havre de paix malgré les…, les ordres de Staline qui passent par-dessus les toits de l'hôpital et de la délégation [gros plans sur des blessés de l'hôpital] ! On touche du bois, on se croise les doigts. Euh…, les deux parties savent où on est. Les deux parties nous ont promis que, euh, ni la délégation ni l'hôpital du CICR ne seraient touchés. Ils ont quand même dit que y'avait parfois des erreurs de tirs et qu'on n'était pas à l'abri de ce genre d'erreurs !".]

Des erreurs de tirs, elles se multiplient. Un obus est tombé ce matin sur l'hôpital du Comité international de la Croix-Rouge, tuant deux employés, blessant d'autres personnes [on voit une femme sur une table d'opération ; elle est semble-t-il blessée aux jambes]. "Au pas camarade. Au pas". À Kigali la mort est toujours en chemin [on revoit l'image de l'enfant en train de chanter la comptine].

[Daniel Bilalian :] Voilà. Et ce matin il y a encore eu, euh, deux morts, donc, dans un bombardement…, dans des bombardements […].

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024