Citation
RWANDA - LES CRITERES D'ARRESTATION ET D'EMPRISONNEMENT DEPUIS L'ATTAQUE
DES INKOTANYI
De notre correspondant à Goma, le 23 Décembre 1990
GABIRO, Agence de Presse du Front Patriotique Rwandais - Inkotanyi
Les autorités rwandaises ont procédé aux arrestations de toutes les personnes
soupçonnées d'intelligence avec le Front Patriotique Rwandais. Il s'avère
aujourd'hui que ces arrestations ont été souvent ordonnées sur base de critères
foncièrement arbitraires.
De sources concordantes, les informations données par une centaine de réfugiés
tutsi et hutu confondus arrivés ces derniers jours à Goma, à l'est du Zaïre,
et à Nakivale dans le sud de l'Ouganda renseignent sur quelques critères qui
ont été déterminants dans les arrestations et emrisonnements suivis de
nombreux sévices perpétrés par les agents de la gendarmerie, de la sûreté
et des militants du Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement
(MRND) :
1. Etre tutsi ou hutu présumé membre de l'opposition intérieure ou reconnu
d'avoir des prises de position contraires au régime ;
2. Etre de la région du Sud ou du Centre et soupçonné d'avoir une influence
politique dans ces régions ;
3. Etre intellectuel, industriel, commerçant, fonctionnaire ou religieux
ayant des points de vue reconnus sur le problème des réfugiés ou celui
de la ségrégation ethnique et régionale ;
4. Avoir fait dos études à l'étranger et parler anglais ;
5. Avoir fait un ou plusieurs voyages à l'étranger dans les mois précédant
l'attaque et spécialement en Ouganda ;
6. Etre en possession de la monnaie ougandaise ;
7. Avoir un proche ou un ami vivant comme réfugié à l'étranger et spécialement
en Ouganda et avec lequel on entretient une correspondance suivie ;
8. Détenir une arme quelle qu'en soit la nature à son domicile ;
9. Ne pas être administrativement en règles, démuni de carte d'identité, de
pièces de séjour en zone urbaine de cartes de militant ou d'adhésion au
Parti unique MRND ;
10. Etre inconnu ou non apprécié den autorités locales ou des représentants
du parti (chef de cellule, de secteur) ;
11. Avoir écrit dans un organe de presse national ou étranger des propos
contraires à l'idéologie du régime ou être en possession de documents
ou écrits jugés subversifs ;
12. Etre victime de règlements de compte pour des raisons de cupidité, de
jalousie, de haine raciale ou régionale ;
13. Avoir hébergé un parent ou ami résidant dans les pays voisins du Rwanda
ou dans d'autres pays étrangers au moment de l'attaque des Inkotanyi ;
14. Avoir envoyé des informations ou reçu den messages ayant trait d'une
façon ou d'une autre à une critique du régime ;
15. Etre intimidé et ne pas répondre correctement et juste à temps aux
questions des militants de base du MRND, des agents de la gendarmerie,
de l'armée ou de la sûreté nationale ;
16. Avoir opposé une quelconque résistance aux agents chargés d'effectuer
les rafles ;
17. Avoir envoyé de l'argent à un parent ou ami résidant dans les pays voisins
du Rwanda ou ayant une quelconque transaction avec l'Ouganda pour le cas
des hommes d'affaires ;
18. Faire partie d'un cercle d'amis dont un ou plusieurs membres ont été
arrêtés ;
19. Etre en possession d'une adresse téléphonique ou postale dont on ne peut
pas révéler ou décliner l'identité du correspondant ;
20. Avoir été vu par un agent de la sûreté en compagnie d'étrangers (Africains
ou Européen) non identifiés ou dénoncés pour ses relations avec des gens
jugés indésirables) ;
21. Faire partie d'un club d'entraînement aux sports de combat ou de self-
défense (judo, karaté, taï-kondo, boxe, etc.) ;
22. Erreur ou bavure des agents de l'Etat transformée en délit après coup.
K. MAB
GABIRO, Agence de Presse du Front Patriotique Rwandais - Inkotanyi