Titre
Lettre de l’Association des Banyarwanda en Auvergne au président de la Commission des Affaires culturelles, familiales et sociales [Demande d’aide de la France contre les massacres de prisonniers politiques non défendus au Rwanda et présentation de l’association]
Citation
Clermont-Ferrand, le 26 janvier I99I
Monsieur le Président de la Commission
des Affaires Culturelles
Familiales et Sociales.
Monsieur le Député,
Depuis le début du conflit il y a quatre mois, des
milliers d'hommes, de femmes et d'enfants -- six mille selon
les sources officielles, beaucoup plus selon des observateurs
indépendants -- ont été arrêtés : le gouvernement les accuse
de complicité avec l'opposition armée. Or la plupart d'entre
eux ignorait jusqu'à l'existence même du front patriotique
rwandais.
Nous avons appris avec stupéfaction que le gouvernement
rwandais avait proposé un marché sinistre aux opposants armés
du Front patriotique rwandais : que ceux-ci déposent les armes
et tous les détenus "politiques" seraient libérés immédiatement.
La proposition a manifestement été repoussée. Et nous venons
d'apprendre, de la part des autorités de Kigali, que I566 de
ces personnes arbitrairement arrêtées vont être, à partir du
28 décembre 1990, déférées devant une juridiction exceptionnelle :
la Cour de sureté de l'Etat. Et comme le Ministre de la justice
rwandais l'a annoncé, seuls des avocats rwandais pourront
assurer la défense des accusés. Mais sont-ils à même de le
faire en toute indépendance vis-à-vis du pouvoir politique et
de ses pressions ? L'on sait qu'il n'existe pas de barreau
rwandais. Dès lors comment les I566, répartis sur le territoire
national, pourront-ils être défendus valablement et individuel-
lement ? En tout état de cause, il n'existe au Rwanda qu'une
centaine d'avocats, dont la moitié est composée d'avocats
d'affaires et l'autre moitié d'anciens fonctionnaires de la
police judiciaire sans oublier que certains des avocats figurent
parmi les personnes arrêtées.
Notre lettre, Monsieur le Député, est un cri d'alarme.
Nous vous supplions, au nom de la France et en votre nom
personnel, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour
éviter le massacre de milliers de nos compatriotes innocents,
Nous continuons à penser que, par la présence prolongée des
légionnaires français à Kigali, le nom de la France risque
d'être associé aux atrocités commises par le régime de plus
en plus répressif du président Juvénal Habyarimana.
Connaissant votre attachement au respect des Libertés et
des Droits de l'Homme, nous comptons sur vous pour défendre
ces valeurs fondamentales et vous prions d'agréer,
Monsieur le Député, l'expression de notre haute considération.
ASSOCIATION DES BANYARWANDA
EN AUVERGNE.
L'ASSOCIATION DES BANYARWANDA EN AUVERGNE
L'Association des BANYARWANDA EN AUVERGNE regroupe des
RWANDAIS, des personnes d'origine rwandaise et des amis du
RWANDA en Auvergne.
Face à la crise profonde que traverse Le RWANDA et aux
graves atteintes portées aux droits élémentaires de l'Homme,
l'Association des BANYARWANDA EN AUVERGNE s'est fixée les
objectifs suivants :
-Dénoncer les exactions et massacres commis par les
forces gouvernementales rwandaises en mobilisant la Communauté
Internationale pour que cessent ces pratiques.
- Apporter un soutien aux personnes emprisonnées arbi-
trairement et aux populations rwandaises déplacées.
-S'informer et informer sur la situation au Rwanda.
Apporter sa contribution au processus de réconciliation
nationale et de démocratisation du pays.
Pour atteindre ces objectifs, l'association des BANYARWANDA
EN AUVERGNE a besoin du concours de toutes les personnes, de
toutes les Associations ou organismes, de tous les gouvernements
épris de paix et de liberté.
Clermont-Ferrand le 26 janvier I99I
ASSOCIATION DES BANYARWANDA
EN AUVERGNE.