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À
tre de la Santé
AP. 84 KIGALI-RWANDA.
Tél. 250(75276) Fax: 250(77453)
#7 #imir BIZIMUNGU Kigali, le 20 Mars 1993
LÉ
ram nm 2m
AMBASSADE « de : FRANCE
_ Fédération Internationale des Droits
de l'Homme (FIDH)
13 14 Passage Dubail,
- F-75010 PARIS- FRANCE
Tél: 33-1-455 37 396
Fax: 33-1-433 63 543
Courrier Arrivée h
- Africa Watch
485 Fifth Avenue, New York
N.W. 10017 U.S.A.
Tél: 1-212-972-3400
Fax: 1-212-972-0905
- Union Interafricaine des Droits
de l'Homme et des Peuples (UIDH)
01 B.P.2055 Ouagadougou
O1 BURKINA FASO
Tél: 226-313-150
Fax: 226-313-228
- Centre International des Droits de
la Personne et du Développement
Démocratique (CIDPDD/ICHRDD)
63 Rue de Brésoles, Montréal
QUEBEC-CANADA
Tél: (1) 514-283-6073
Fax: (1) 514-283-3792
Messieurs,
La lecture des résultats du Rapport
Final de la Commission Internationale d'Enquête suür les n
violations des Droits de l'Homme au Rwanda depuis le ler octobre
1990, me pousse inéluctablement à faire un démenti formel au
sujet d'une affirmation mensongère contenue dans ledit rapport
et visant à m'impliquer dans une activité qui n'a jamais eu
lieu.
Je tiens tout d'abord à remercier la
Commission pour un travail combien ardu et volumineux accompli
dans un temps record et dont le rapport a été disponibilisé
dans les délais les plus brefs.
- 2 -
| 11 y a cependant lieu de reconnaître
que mener des investigations suffisamment fouillées sur des
événements couvrant une période assez grande, dans un délai
de 2 semaines seulement, constituait une gageure pour la
Commission.
| Par ailleurs, la délicatesse de la
matière à traiter requérait une grande objectivité, une procédure
méthodologique sans reproche ainsi qu'une analyse rigoureuse
et équilibrée, pour éviter des affirmations équivoques et même
dénuées de fondement que l'on peut malheureusement lire par
endroits dans le Rapport de la Commission.
À ce sujet, les exemples abondent et
seraient relevés dans le cadre d'une réaction globale sur le
Rapport. Des avis et considérations devraient à mon avis être
rapidement formulés. Au niveau de la présente lettre, je
limiterai mon démenti sur les propos personnalisés et me touchant
spécifiquement livrés à la Commission par Monsieur Janvier
AFRICA; ces propos figurent au second paragraphe de la page
38 du Rapport.
Monsieur AFRICA déclare qu'il se
souvient d'une réunion (de personnes qui, selon lui,
appartiendraient à un Escadron de la Mort), qui s'est tenue
à 2 heures du matin en Janvier 1991 avant la prise de Ruhengeri.
Le même AFRICA signale les participants. à cette réunion parmi
lesquels il cite mon nom, Casimir BIZIMUNGU. I1 poursuit sa
narration en disant qu'après la libération de la ville, ils
(les participants) ont décidé de tuer les Bagogwe....
Avant de réagir sur le contenu de ce
témoignage, il convient de dire un mot sur le curriculum
professionnel décliné par le journaliste" à la Commission pour
certainement tromper sa vigilance. Monsieur AFRICA n'a jamais
été un agent du Service Central de Renseignements; il n'a même
pas travaillé pour le Présidence de la République. Il est tout
simplement un journaliste auto-didacte, qui essaie de tisser
les amitiés frivoles avec certains agents de l'Etat et de se
faire passer pour une personnalité importante en s'attitrant
leurs fontions. Actuellement, il est en prison pour escroquerie.
Il est regrettable alors que la
Commission ait vite conclu à la véracité de témoignages déposés
par une personne de moeurs peu recommandables.
Quant à ses déclarations : Monsieur
AFRICA cite l'heure du début de la réunion (2 heures du matin),
mais il ne précise ni la date ni le lieu. Ces omissions ne
seraient-elles pas volontaires pour éviter des affirmations
risquant d'être démenties par les concernés ?
Ce journaliste peut-il préciser la contribution de chaque
participant à cette réunion et particulièrement les interventions
ou les positions que j'aurais prises à cette occasion ?
f — 3 -
Serait-il capable de relever les conclusions auxquelles est
aboutie cette réunion ? Autant d'interrogations que l'on est
en droit de se poser à la lecture de ce témoignage.
Le Rapport indique en outre qu'après
la libération de la Ville de Ruhengeri, les mêmes participants
ont décidé de tuer les Bagogwe. L'ont-ils décidé dans une autre
réunion et à laquelle participait toujours le "journaliste"
AFRICA ou la Commission tient l'information d'une autre
source ? Le Rapport gagnerait dans la précision !
Je saisis cette occasion pour vous
informer que je ne connais pas Monsieur AFRICA et, depuis que
je suis Ministre, je n'ai participé à aucune réunion à portée
délicate où je ne connaissais pas l'identité des participants.
Ma nature et mes croyances profondes ne peuvent pas me permettre
d'être acteur, directement ou indirectement, dans des actes
de violence, de haine, de barbarie et de tueries. Je lance un
défi à Monsieur AFRICA d'apporter des preuves qui seraient de
nature à m'impliquer dans pareils actes.
I1 est grand temps qu'une justice au
service de tous les rwandais ait droit de cité pour mettre fin
à des aventurismes semblables à ceux qui caractérisent Monsieur
AFRICA. Je crois sincèrement que Monsieur AFRICA devrait
reconnaître devant nos instances judiciaires qu'il a
enmberlificoté des experts internationaux avec un mensonge
épouvantable pour répondre aux exigences de la politique du
ventre ou de la politique pertisane qui l'a inéluctablement
conduit à des excès de cette nature.
| I1 sied également d' émettre mes
considérations personnelles sur l'évocation de 1' Escadron de
la Mort dans votre rapport. Il se fait que depuis plus d'un
an, certains partis politiques reconnus au Rwanda se sont
efforcés, contre vents et marées, à propager l'idée d'existence
d'un Escadron de la Mort. Les listes des prétendus membres de
cet Escadron changent constamment, au gré de leurs compositeurs.
A mon humble avis, ce qui est vrai
est que, ici et là, dans le pays, l'on a trouvé des personnes
associées à des actes de violence voire même des massacres,
Les personnes ainsi identifiées ont toujours été appréhendées
et sanctionnées administrativement et/ou judiciairement. Au
délà du rapport que vous venez de publier sur le non-respect
des droits de l' Homme au Rwanda, les éléments tant écrits que
verbaux auxquels j'ai pu avoir accès me permettent de douter
de l'existence d'un Escadron de la Mort au Rwanda.
I1 peut se faire que je me trompe, auquel cas tout apport
d'éléments objectifs et fouillés y relatifs me permettrait de
savoir où se situe la vérité.
En lisant le rapport, on constate
qu'aucun effort n'a été fourni pour réncontrer et discuter avec
les personnes incriminées en vue d'avoir leur point de vue.
- 4 —
N'oublions pas que devant un multipartisme naissant et, face
à des intérêts divergents liés à l'ethnisme, au régionalisme,
à l'instinct de vengeance et à la haine, il faut confronter
les données d'origines multivariées avant de crier "EUREKA".
Avant de terminer, je tiens à vous
demander d'examiner l'authenticité du témoignage qui vous a
êté donné par Monsieur Janvier AFRICA au sujet d'une réunion
qui se serait tenue à 2 heures du matin en Janvier 91 en ma.
présence. Une telle réunion - je le répète - n'a jamais eu lieu.
Quant à Monsieur AFRICA, j'exige qu'il
retire l'incrimination tirée par les cheveux, faite à mon endroit
sans quoi il aura à assumer les responsabilités découlant de
sa délation devant nos instances judiciaires.
Voilà les observations que je tenais
à faire sans douter un seul instant que vous en tiendrez compte
lors de l'élaboration de la version définitive du rapport.
Veuillez agréer, Messieurs, l'expression
de ma considération distinguée.
Copie pour Information à:
- Son Excellence Monsieur
le Président de la République
Rwandaïise
KIGALI. .
- Monsieur le Président du Conseil
National de Développement
KIGALI.
- Monsieur le Premier Ministre
KIGALI.
- Madame/Monsieur le Ministre (TOUS)
/ KIGALI,
Mesdames, Messieurs les Chefs de
Missions Diplômatiques et Consulaires
acrédités à Kigali (TOUS)
KIGALI. inordaiut ou Fraué au luwaunda
—- Mesdames, Messieurs les Chefs de Missions
Diplômatiques et Consulaires Rwandaïises (TOUS)
KIGALI.
- Journaux Publics et Privés publiés à KIGALI.
- Messieurs les Représentants des Associations
Rwandaises de Défense des Droits de l'Homme (TOUS)
KIGALI.
- Messieurs les Représentants des Confessions
Réligieuses Reconnues au Rwanda (TOUS)
- Monsieur Janvier AFRICA
C/O Journal UMURAVA
KIGALI,.