Sous titre
Le "marchand de mort" russe Viktor Bout a bénéficié d'un échange de prisonniers contre la basketteuse américaine Brittney Griner, détenue jusqu'ici en Russie. Vincent Crouzet, ex-collaborateur de la DGSI, a travaillé avec lui en Afrique du Sud. Il dresse le portrait de l'homme qui a inspiré le film "Lord of War".
Citation
"C'est un entrepreneur. Il vend des armes comme s'il vendait des oranges ou du pétrole." Vincent Crouzet, ancien collaborateur de la DGSE (service de renseignement de la France à l'étranger), a brossé sur LCI, ce jeudi, le portrait de Viktor Bout, cet intrigant "marchand de mort" russe qui a bénéficié de l'échange de prisonniers entre Washington et Moscou pour faire libérer la basketteuse américaine Brittney Griner.
Vincent Crouzet travaillait pour la France en Afrique du Sud lorsqu'il a été amené à collaborer avec le marchand d'armes, l'un des plus connus dans le monde. "J'ai travaillé avec lui pendant deux ans et demi à Johannesburg, où il rayonnait sur l'Afrique australe, centrale et sur le Moyen-Orient pour vendre son matériel", explique-t-il sur notre antenne. "La DGSE avait besoin de connaître le volume de l'armement livré aux différents belligérants sur le continent africain et je travaillais auprès de lui pour en savoir un peu plus sur ses activités."
"Il n'avait aucune posture morale"
L'ancien des renseignements dépeint un homme sans scrupules, à l'image du personnage qu'il a inspiré dans le film "Lord of War" (2005). "Il n'avait aucune posture morale et ne se posait aucune question sur la destination de ce qu'il vendait", explique Vincent Crouzet.
Il décrit "un homme assez discret qui vivait dans les hôtels, sortait rarement, le soir, dans les boîtes de nuit, pour rencontrer ses clients". Viktor Bout "était assez loyal en affaires et avait une clientèle étendue allant des groupes rebelles aux armées britanniques et françaises -- il a participé au déploiement de l'opération Turquoise au Rwanda", raconte-t-il.
"On a su plus tard qu'il était un agent important du GRU" (les renseignements russes, NDLR). "Mais il a rendu des services à tout le monde, ce qui a signé sa longévité dans le métier", observe Vincent Crouzet.
Extradé en 2010 aux États-Unis, Viktor Bout purgeait une peine de 25 ans de prison pour trafic d'armes avec les Farc colombiens et pour complot envers les ressortissants américains, jusqu'à cet échange révélé jeudi entre Washington et Moscou.