Date
Mercredi 18 mai 1994
Sur titre
Journal de 23 heures [1/2] [2:38]
Titre
Le 6 avril dernier, les deux Présidents du Rwanda et du Burundi disparaissaient dans l'attaque à la roquette de leur avion. Le signal pour les extrémistes hutu au pouvoir pour le grand nettoyage ethnique et racial des Tutsi
Sous titre
Le Front patriotique rwandais, tutsi, n'est pas exempt non plus de relent raciste envers les Hutu.
Résumé
- "500,000 dead" affirmed the German Foreign Minister today. "Between 200 and 300,000" have so far affirmed the humanitarian organizations. How many deaths in Rwanda? The fact is, we don't know. All we know is that for six and a half weeks now, we have not counted the corpses piling up in this small African country that has become before our eyes, under our cameras and so far in the indifference of the international community, a genocide.
- Minimum estimate of the number of people massacred for more than a month in Rwanda: 200,000. Minimum estimate. Every day, the Akagera River which flows into Lake Victoria carries away 1,500 corpses. On this scale, it is no longer appropriate to speak of tribal warfare but of mass extermination. The vast majority of these victims are Tutsi, a minority in Rwanda. Those who want to make them disappear are Hutu, the majority.
- What is currently happening in Rwanda is the appalling result of 30 years of ethnic clashes leading today to a real racial war.
- The Hutu in power have always refused to share, reducing in blood any attempt at revolt by the Tutsi. The Hutu extremists have now moved up a gear: on April 6, the two Presidents of Rwanda and Burundi, two countries where Hutu and Tutsi live with closely intertwined destinies, disappeared in the rocket attack on their plane in Kigali. This is the signal.
- The signal for the Hutu extremists in power for the great ethnic and racial cleansing of the Tutsi. But also moderate Hutu, those who were in favor of a rapprochement with the Tutsi. Something democratic that Hutu extremists can't even contemplate. Their own project is the very negation of the other, the Tutsi.
- In this context, the Rwandan Patriotic Front, Tutsi, is not exempt either from racist overtones towards the Hutu. The RPF plans nothing less than to seize the whole country to put an end to the massacre.
- Six months ago, believing in the possibility of a political solution, the UN sent blue helmets. Last April, 10 Belgian soldiers were assassinated, almost all the other Blue Helmets left. Today, the reinforcement of 5,500 African blue helmets for humanitarian aid is announced. A decision surely insufficient in view of a situation which is worsening day by day in Rwanda.
Citation
[Christine Ockrent :] "500 000 morts" affirmait aujourd'hui le ministre allemand des Affaires étrangères. "Entre 200 et 300 000" affirmaient jusqu'ici les organisations humanitaires. Combien de morts au Rwanda ? Le fait est qu'on n'en sait rien. Tout ce que l'on sait c'est que depuis six semaines et demie maintenant, on ne compte pas les cadavres qui s'amoncèlent dans ce petit pays d'Afrique devenu sous nos yeux, sous nos caméras et jusqu'ici dans l'indifférence de la communauté internationale, un génocide. Jean-François Gringoire.
[Jean-François Gringoire :] [Un bandeau "Mercredi soir / Rwanda, génocide" s'affiche en plein écran] Estimation minimum du nombre de personnes massacrées depuis plus d'un mois au Rwanda : 200 000 [diffusion de scènes de massacre par des miliciens et gros plan sur des cadavres civils ; une incrustation "Rwanda, avril 1994" s'affiche à l'écran]. Estimation minimum.
Quotidiennement, la rivière Akagera qui se jette dans le lac Victoria emporte 1 500 cadavres [gros plans sur des cadavres flottant sur la rivière Kagera]. À cette échelle, il ne convient plus de parler de guerre tribale mais bien d'extermination de masse. Dans leur très grande majorité, ces victimes sont tutsi, minoritaires au Rwanda. Ceux qui veulent les faire disparaître sont hutu, majoritaires.
Ce qui se passe actuellement au Rwanda est le résultat effarant de 30 ans d'affrontements ethniques débouchant aujourd'hui sur une véritable guerre raciale [diffusion de la célèbre scène de massacre filmée par Nick Hughes depuis l'école française de Kigali].
Les Hutu au pouvoir ont toujours refusé le partage, réduisant dans le sang toute tentative de révolte des Tutsi [diffusion d'images d'archives d'une séance parlementaire au CND].
Les extrémistes hutu ont maintenant engagé la vitesse supérieure : le 6 avril dernier, les deux Présidents du Rwanda et du Burundi -- deux pays où vivent Hutu et Tutsi au destin étroitement mêlé -- disparaissaient dans l'attaque à la roquette de leur avion à Kigali. C'est le signal.
Le signal pour les extrémistes hutu au pouvoir pour le grand nettoyage ethnique et racial des Tutsi. Mais aussi des Hutu modérés, ceux qui étaient favorables à un rapprochement avec les Tutsi. Quelque chose de démocratique que les extrémistes hutu ne peuvent même pas envisager. Leur projet à eux, c'est la négation même de l'autre, le Tutsi [diffusion d'images d'archives montrant des Interahamwe ainsi que des scènes de chaos ou de lynchage dans la ville de Kigali].
Dans ce contexte, le Front patriotique rwandais, tutsi, n'est pas exempt non plus de relent raciste envers les Hutu. Le FPR projette ni plus ni moins de s'emparer de tout le pays pour faire cesser le massacre [l'image se fige sur des soldats des FAR en train de mettre en joue un civil].
Il y a six mois, croyant à la possibilité d'une solution politique, l'ONU envoyait des Casques bleus. En avril dernier, 10 soldats belges sont assassinés, la quasi-totalité des autres Casques bleus partis [on voit des soldats des FAR déambuler au milieu de Casques bleus].
Aujourd'hui, on annonce le renfort de 5 500 Casques bleus africains pour l'aide humanitaire. Une décision sûrement insuffisante au regard d'une situation qui s'aggrave de jour en jour au Rwanda [diffusion d'images de réfugiés].
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