Il aura pris part à de nombreuses opérations extérieures menées par l’armée de Terre au cours de ces trente-cinq dernières années. Ayant quitté, au terme d’une carrière exceptionnelle, l’uniforme en novembre 2018 pour devenir personnel civil de la défense au sein du 6e escadron [chargé des missions d’entretien et de protection du camp de Canjuers, ndlr] du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique [RCA], le caporal-chef de 1ere classe Soakimi Pise vient brusquement de nous quitter, à l’âge de 51 ans. Il était l’un militaires du rang les plus décorés de France.
Au départ, Soakimi Pise ne se destinait pas spécialement à une carrière militaire. Appelé sous les drapeaux en 1989 au titre du Service national, il s’engage au sein du 21e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa] deux ans plus tard, avec le grade de caporal. À partir de là, sa vie sera rythmée par les opérations extérieures [OPEX].
Ainsi, le caporal Pise prend part à l’opération Noroît, au Rwanda, où les qualités qu’il démontre le désignent pour devenir tireur d’élite. Suivent ensuite plusieurs autres OPEX, notamment en ex-Yougoslavie : Bosnie-Herzégovine [FORPRONU, IFOR], opérations Salamande en Macédoine et Trident au Kosovo.
En 1996, engagé avec sa compagnie sur la tristement célèbre « Sniper Alley », à Sarajevo, pour sécuriser les dispositif français, il fait alors preuve d’un sang-froid et d’un courage hors du commun, ce qui lui vaudra les félicitations du général Douin, alors chef d’état-major des armées [CEMA]. Affecté au Régiment de Marche du Tchad [RMT], alors implanté à Noyon, le caporal Pise se distingue à plusieurs reprises en Côte d’Ivoire [opération Licorne], au point d’être cité à l’ordre du régiment.
En août 2008, engagé dans l’opération Pamir, en Afghanistan, le caporal Pise se distingue à nouveau lors de l’embuscade d’Uzbeen, au cours de laquelle dix de ses camarades perdront la vie. Sous le feu des talibans, il appuie la section du 8e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], alors sévèrement prise à partie, jusqu’à l’épuisement de ses munitions. Il ne quittera son poste qu’après en avoir reçu l’ordre. Son action durant cette journée funeste lui vaudra d’être une nouvelle fois cité à l’ordre du régiment. Et il sera décoré de la Médaille militaire en avril 2010. «
Fait rare pour un militaire du rang », fait remarquer le 1er RCA, son dernier régiment.
Au sein de celui-ci, Soakimi Pise rejoint la « cellule tir », à laquelle il fait profiter sa déjà longue expérience opérationnelle. En 2015, «
fait quasiment unique », note le 1er RCA, il est fait chevalier de l’ordre national du mérite, «
devenant ainsi l’un des militaires du rang les plus décorés de l’armée française ».
«
Entièrement dévoué à l’institution », le caporal-chef de première classe Pise «
incarnait à la fois l’exemplarité, la loyauté et l’humilité, marque des soldats exceptionnels », souligne le 1er RCA, dans l’hommage qui lui a rendu.