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Les avocats d'officiers français qui avaient été accusés par le Rwanda d'avoir
participé au génocide lors de l'opération "Turquoise" de 1994 ont demandé lundi
à la justice de relancer l'instruction de leur plainte en diffamation, qui se
heurte selon eux au silence de Kigali.
Les dix officiers, parmi lesquels figurent le général Jean-Claude Lafourcade,
qui a commandé l'opération militaro-humanitaire Turquoise, avaient porté
plainte en 2008 après avoir été mis en cause dans un rapport sur le rôle
supposé de la France dans le génocide qui avait été présenté par le ministre
rwandais de la Justice, Tharcisse Karugarama.
Saisie d'une information judiciaire pour "diffamation publique", la juge Sylvia
Zimmermann a décidé de renvoyer en correctionnelle le site nouvelobs.com et la
publication "La nuit rwandaise" qui avaient publié le communiqué du ministre
qui rendait compte de ce rapport.
Dans le cas de plainte en diffamation, le renvoi devant un tribunal est
quasiment automatique.
Les avocats des officiers ont cependant décidé de contester l'ordonnance de la
juge en dénonçant le fait qu'elle n'a pas renvoyé en correctionnelle l'auteur
du communiqué lui-même, M. Karugarama.
A en croire les avocats, la magistrate n'a reçu aucune réponse de Kigali à la
demande d'entraide qu'elle a adressée sur cette affaire au Rwanda. Les avocats
ont donc contesté lundi son ordonnance devant la cour d'appel de Paris.
« Les officiers espèrent être entendus et soutenus par l'autorité judiciaire
française », a déclaré à l'AFP Me Pierre-Olivier Lambert, qui défend quatre
gradés, dont le général Lafourcade. "Ils ont le sentiment d'avoir été relégués
au second plan et de faire les frais de considérations politiques", a-t-il
expliqué.
Le rapport rwandais était sorti au milieu d'une crise entre Paris et Kigali,
marquée par une rupture des relations diplomatiques entre 2006 et 2009.
"Nous souhaitons que l'information judiciaire se poursuive, que les demandes
d'entraide soient renouvelées, que les autorités rwandaises donnent suite aux
demandes de la France", a déclaré à l'AFP Me Emmanuel Bidanda, qui défend deux
officiers.
« Nous avons du mal à comprendre pourquoi après avoir publié ce communiqué
destiné à un public français, le Rwanda ne donne aucune suite à une procédure
qui lui aurait donné la possibilité de préciser les accusations extrêmement
graves formulées dans le communiqué », a-t-il ajouté.
Délibéré le 14 mai.