Résumé
- The end of Operation Turquoise: as planned, the French will have left Rwanda on Sunday evening [August 21]. Part of the contingent will remain based in Zaire, Goma and Bukavu, where the exodus of Hutu refugees is of course feared. To stem the tide of Rwandans, Zaire has even decided to close its border with Rwanda today.
- We begin to queue, to trample to cross the bridge and take refuge in Zaire. By mid-afternoon, 5,000 people per hour were crossing the border according to the French soldiers, responsible for counting entries into Zaire. The number of refugees would therefore have doubled since yesterday [August, 18].
- Crossing the border, the procession of Rwandans is uninterrupted for four kilometers to Bukavu. Their long flight ends in the city center where 30,000 people already occupy the college sports ground. A wild camp where until now, we have distributed neither food nor material to settle. The only reception structure: an MSF dispensary.
- A choice made at the outset to prevent refugees from settling in the city. But today, the camps set up by NGOs are sold out.
- Due to a lack of space in the camps, the town itself is gradually taking on the appearance of a vast refugee camp. 50,000 people have already taken up residence in the streets of Bukavu. UNHCR is desperately looking for new sites. In the meantime, the worried Zairian authorities have announced the next border closure.
- A closure which will certainly radically solve the problem of the ever-increasing flow of refugees, but which for some could create a wave of panic. Refugee: "If we close the border, most people will think that maybe we will kill them and they will throw themselves into the water".
- UNICEF announced at the end of the afternoon that the border would close Sunday [August 21] at noon. New rumor or real desire of the Zairian authorities? It is at this precise moment that the French soldiers will leave the border region in Rwanda.
- This evening the information is well confirmed: the border, in the direction Rwanda-Zaire, is well closed at the level of Bukavu.
Citation
[Claire Chazal :] La fin de l'opération Turquoise : comme prévu, les Français auront quitté le Rwanda dimanche soir [21 août] [inaudible] de l'Élysée et de l'Hôtel Matignon l'a confirmé aujourd'hui. Une partie du contingent restera basée au Zaïre, à Goma et à Bukavu, où l'on redoute bien sûr l'exode des réfugiés hutu. Pour endiguer le flot des Rwandais, le Zaïre a même décidé de fermer aujourd'hui sa frontière avec le Rwanda. Sur place, le reportage de Nellie Pons et de Mathieu Dupont.
[Nellie Pons :] On commence à faire la queue, à piétiner pour traverser le pont et se réfugier au Zaïre [le reportage s'ouvre sur une voix d'enfant en train de pleurer et sur des images de réfugiés massés le long d'une route ; une incrustation "Bukavu, Zaïre" s'affiche à l'écran]. En milieu d'après-midi, 5 000 personnes par heure passaient la frontière [on voit des militaires français encadrer les réfugiés]. [Inaudible] les militaires français, chargés de compter les entrées au Zaïre [gros plan sur un panneau "Douane / Gasutamo"]. Le nombre de réfugiés aurait donc doublé depuis hier [18 août].
Passée la frontière, le cortège des Rwandais est ininterrompu durant quatre kilomètres jusqu'à Bukavu. Leur longue fuite s'achève en plein centre-ville où 30 000 personnes occupent déjà le terrain de sport du collège [vue en surplomb du camp de réfugiés improvisé]. Un campement sauvage [inaudible] présent, on a distribué ni nourriture ni matériel pour s'installer. Seule structure d'accueil : un dispensaire de MSF.
Un choix fait au départ pour éviter que les réfugiés s'implantent dans la ville. Mais aujourd'hui, les camps montés par les ONG affichent complets.
[Docteur Nyamurara, "M.S.F." : "On ne sait pas savoir [sic] le nombre des gens qui arrivent. Mais… quand ils se présentent, on trouve que des gens sont vraiment malades".
Laurent Poiroux, "Infirmier" : "Pour l'instant, ce…, ça reste assez précaire. On est toujours…, on est toujours en retard de…, euh…, on court toujours après le…, les besoins".]
[Nellie Pons, face caméra, dans une rue de Bukavu : "Faute de place dans les camps, la ville elle-même prend progressivement les allures d'un vaste camp de réfugiés. 50 000 personnes ont déjà élu domicile dans les rues de Bukavu [diffusion d'images de réfugiés errant dans la ville]. Le HCR cherche désespérément de nouveaux sites. En attendant, les autorités zaïroises, inquiètes, ont annoncé la prochaine fermeture de la frontière".]
Une fermeture qui certes résoudra radicalement le problème du flot sans cesse croissant de réfugiés, mais qui pour certains pourrait créer une vague de panique.
[Un réfugié : "Fermer la frontière, c'est pas une solution puisqu'on a tellement peur. Si on ferme la frontière, la plupart des gens pensera que peut-être on…, on va les massacrer et ils vont se jeter dans l'eau".
Chris Janowski, "Officier de Presse du H.C.R." [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "On ne sait pas quand la frontière va fermer. Et en plus les gens croient que le FPR va rentrer dans la zone française. Toutes ces histoires, toutes ces rumeurs accroissent la tension".]
L'UNICEF annonçait en fin d'après-midi que la frontière fermerait dimanche [21 août] à midi. Nouvelle rumeur ou réelle volonté des autorités zaïroises ? C'est à ce moment précis que les militaires français quitteront la région frontalière au Rwanda [on voit des réfugiés arriver dans la ville de Bukavu].
[Claire Chazal :] En tout cas ce soir l'information est bien confirmée : la frontière, dans le sens, donc, Rwanda-Zaïre, est bien fermée au niveau de Bukavu.
